236
pages
Français
Ebooks
2012
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Publié par
Date de parution
20 décembre 2012
Nombre de lectures
41
EAN13
9782748399363
Langue
Français
Poids de l'ouvrage
1 Mo
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20 décembre 2012
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41
EAN13
9782748399363
Langue
Français
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Double manuel
de médiation
Daniel Courbe – Louis Genet
Double manuel
de médiation
Regards croisés pour une justice en mouvement
Publibook
Retrouvez notre catalogue sur le site des Éditions Publibook :
http://www.publibook.com
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IDDN.FR.010.0117802.000.R.P.2012.030.31500
Cet ouvrage a fait l’objet d’une première publication aux Éditions Publibook en 2012
Introduction
Nous savons qu’il est impensable de transmettre un
savoir-faire technique par la voie d’un livre. Il en va de la
médiation comme de la conduite automobile, sa pratique
ne s’apprend pas dans un livre. Néanmoins, il est possible
de transmettre un certain nombre d’informations qui nous
ont paru importantes dans l’exercice de la fonction de
médiateur et qui sont au cœur de notre pratique. Toute
pratique se fonde en effet sur une théorie et, comme aimait
le répéter Kurt Lewin, il n’y a rien de plus pratique qu’une
bonne théorie !
Notre approche formelle (deux textes différents qui se
confrontent page de gauche et page de droite) peut
surprendre puisqu’elle est double. Approche double, d’un
côté d’un avocat qui, ayant nourri sa pratique durant de
nombreuses années dans le rapport à la loi, en a aussi saisi
les limites. Il est alors allé chercher du côté de la
psychanalyse et de la philosophie orientale des référents qui
permettent à chacun d’entendre et pas seulement
d’écouter. De l’autre, un praticien des ressources
humaines élevé à la souplesse des méthodes
psychosociologiques et de la relativité anthropologique qui, lui, a
cherché à fournir un cadre structurant à ce moment parfois
très difficile qu’est la médiation. Le premier a donc fait
éclater un cadre de référence classique de la médiation, le
second en a ramené un autre.
Suite du texte sur la page impaire 9Mais aussi…
Le médiateur travaille avec des parties en relation : c’est
notamment en cela qu’il se différencie d’un thérapeute. Le
médiateur ne travaille pas avec une seule personne
confrontée à elle-même : cette approche – qui tend à
explorer et à comprendre la structure d’une personnalité
dans un dispositif intervenant/client – est du domaine de
la thérapie.
Le médiateur ne travaille pas avec une seule personne
mais au moins avec deux parties qui sont en relation : les
conditions pour que ce travail s’initie sont donc plus
exigeantes que celles imposées au thérapeute parce que, si la
démarche thérapeutique individuelle n’est pas facile à
entreprendre, la combinaison de deux volontés implique à
tout le moins l’accord des parties en présence de
s’inscrire dans ce processus.
Il faut en fait trois conditions : il faut que les parties
soient d’accord de constater
- qu’il y a une difficulté,
- que cette difficulté dépasse leurs capacités
naturelles de résolution et
- que cette difficulté soit reconnue par les parties
comme entrant dans le domaine de compétence du
médiateur.
Mais la distinction entre le travail thérapeutique sur
une personne et le travail sur la relation entre des
personnes est en réalité ténue : comment travailler sur la relation
sans mobiliser les personnalités en présence. Qu’est-ce
d’ailleurs qu’une relation sinon la rencontre et le dialogue
de deux ou plusieurs personnes.
Suite du texte sur la page paire 10Ce livre est donc la rencontre improbable de deux
praticiens de la médiation qui ont aussi chacun une pratique
de la formation et qu’a priori tout éloigne. Tout sauf une
claire vision qu’aucune méthode – de quelque qualité
qu’elle soit – ne peut répondre de manière univoque pour
ne pas dire totalitaire au foisonnement des situations
humaines et des souffrances qu’ils ont rencontrées dans leur
fonction de médiateur.
Tout comme une partition musicale se lit sur plusieurs
portées, ce livre a, au choix du lecteur, une vocation
instrumentale pour ceux qui veulent améliorer leur outillage
technique et leurs schémas procéduraux. Il ouvre aussi la
possibilité d’une réflexion sur son choix méthodologique
en relation avec sa philosophie de la vie.
En effet, les auteurs sont convaincus que la médiation,
en plongeant ses racines dans la nuit des temps, n’est pas
le phénomène passager que certains imaginent ou
redoutent. La fonction de socialité qui lui est sous-jacente, cette
nécessité impérieuse du « vivre ensemble » et de fixer
chacun ses droits et ses limites se reconstruit sans cesse et
a fait en sorte au cours du temps d’y trouver des acteurs
capables d’en être les tiers catalyseurs.
Suite du texte sur la page impaire 11
Le médiateur doit donc réussir ce tour de force d’être
le « thérapeute » de la relation de deux ou plusieurs
personnes à la fois.
Suite du texte sur la page paire 12
La mètis est bien une forme d’intelligence et de pensée,
un mode du connaître ; elle implique un ensemble
complexe, mais très cohérent, d’attitudes mentales, de
comportements intellectuels qui combinent le flair, la
sagacité, la prévision, la souplesse d’esprit, la feinte, la
débrouillardise, l’attention vigilante, le sens de
l’opportunité, des habiletés diverses, une expérience
longuement acquise ; elle s’applique à des réalités fugaces,
mouvantes, déconcertantes et ambiguës, qui ne se prêtent
ni à la mesure précise, ni au calcul exact, ni au
raisonnement rigoureux. (…) l’individu doué de mètis, qu’il soit
dieu ou homme, lorsqu’il est confronté à une réalité
multiple, changeante, que son pouvoir illimité de polymorphie
rend presque insaisissable, ne peut la dominer, c’est-à-dire
l’enclore dans la limite d’une forme unique et fixe, sur
laquelle il a prise, qu’en se montrant lui-même plus
multiple, plus mobile, plus polyvalent encore que son
adversaire.
DETIENNE (M.) et VERNANT (J.-P.), Les ruses de
l’intelligence : La mètis des Grecs. Paris, Flammarion,
1974.
Suite du texte sur la page impaire 13
Chapitre I.
La médiation
Ce chapitre a pour objectif :
- de définir la médiation
- d’en dresser l’environnement et ses conditions
d’émergence
- d’en définir les techniques essentielles
- d’en souligner les limites
Définition.
La médiation
Processus de coopération en vue de la résolution d’un
différend dans lequel un tiers impartial est sollicité par les
protagonistes pour les aider à trouver un règlement
amiable satisfaisant
I. L’évolution du contexte et le cadre conceptuel.
« La loi, c’est moi ! »
Les tâches et les rôles professionnels changent
fondamentalement dans deux cas de figure, soit dans les
situations où les institutions sont fortes et imposent des
modèles d’action (ex : Les Corporations,…), soit lorsque
les institutions sont en dé