À la recherche du développement Un fonctionnaire au service d’une passion , livre ebook

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Date de parution

01 janvier 2010

Nombre de lectures

0

EAN13

9782811104412

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

1 Mo

Gérard Winter
À la recherche du développement
Un fonctionnaire au service d’une passion
À LA RECHERCHE DU DÉVELOPPEMENT
Ksur internet: http://www.karthala.com ARTHALA (paiement sécurisé)
Couverture : « Le penseur », tableau de Zowa, Kinshasa, inCouleurs et toiles, © Nicolas Bissek et Karthala, 2006.
Éditions Karthala, 2010 ISBN : 978-2-8111-0441-2
Gérard Winter
À LA RECHERCHE DU DÉVELOPPEMENT
Un fonctionnaire au service d’une passion
Éditions Karthala 22-24, boulevard Arago 75013 Paris
À Catherine, sans qui ce récit ne serait pas.
Introduction
La recherche pour le développement fut mon objectif et ma passion pendant près de cinquante ans. Cet engagement en faveur des payssous-développés, comme on disait à l’époque, perdit peu à peu les illusions et l’ambiguté quelque peu paternaliste de départ mais ne connut ni trêve, ni repos, ni découragement. Je voulais être chercheur de développement au double sens du terme : comprendre ce qui se passait dans les pays très pauvres et dans leurs relations avec les pays riches, participer aux efforts menés ici et là-bas pour réduire cette fracture incompréhensible, injuste et dangereuse. Ces deux aspects, pour moi, ne pouvaient être que complémentaires : pas de politiques de développement efïcaces sans science du développement, pas de recherche scientiïque inno-vante et utile en la matière sans la confronter à l’épreuve de l’ac-tion. Ma spécialisation en économie devait se prêter particulière-ment bien à ce double mouvement.
Mais, conduit par cette double exigence et par une curiosité insa-tiable, je découvris très vite qu’il fallait sans cesse déborder son champ de compétence et d’action et ouvrir despassages. Ce mot-clé sera celui qui donnera sens et cohérence aux différentes étapes de mon itinéraire professionnel. Passages – c’est-à-dire fécondations réciproques – entre les multiples spécialisations techniques et scientiïques, entre les diffé-rentes échelles d’analyse et d’action, entre les diverses institutions dédiées au développement et à la coopération, entre celles-ci et les populations pour qui elles étaient censées travailler. Ces passages j’y ai travaillé à chaque étape de ma carrière, que ce soit au Cameroun dans l’Adamaoua comme responsable d’une enquête sur les niveaux de vie des populations puis à la planiïcation 1 nationale, àl’Équipe centralede l’ORSTOMqui visait à y rénover la recherche en sciences sociales, au Service de Coopération de l’INSEE,
1. Ofïce de la recherche scientiïque et technique outre-mer, devenu Institut de recherche pour le développement en 1998.
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À LA RECHERCHE DU DÉVELOPPEMENT
au poste de Directeur général de l’ , dans divers réseaux et ORSTOM conseils enïn où se forgeait uneintelligence collectiveen faveur d’un développement global qui se voulait plus solidaire, plus durable et moins superïciel. J’étais guidé par la conviction apprise de Teilhard de Chardin qu’une plus grande cohérence est le signe infaillible de plus de vérité et par l’espoir – parfois déçu – qu’elle pouvait être source d’une plus grande efïcacité et d’une plus grande équité des politiques de développement. Pour ce faire, fort de mon expérience de dix ans de terrain et de coopération au Cameroun, je n’ai eu de cesse de rassembler dans des projets communs des représentants de cette diversité de compé-tences, d’expériences, d’institutions et de visées politiques. L’Équipe centrale à l’ , le réseau à l’ , le groupement ORSTOM AMIRA INSEE DIAL de recherche sur les politiques de développement, le Projet d’éta-blissement de l’ORSTOM, l’Inter-Réseaux développement rural, l’ex-pertise scientiïque Ménages et Crises, suivie de la création du RéseauIMPACTconsacré aux inégalités dans le monde, autant de sigles abscons qui attestent de ces efforts et qui recouvrent des aven-tures auxquelles ce récit cherchera à donner sens et vie.
Ce cheminement professionnel, souvent tâtonnant, fut certes le produit d’une ïdélité à son inspiration de départ et d’une volonté tenace mais aussi de hasards et d’opportunités que j’ai pu exploiter, d’échecs qui m’ont instruit sans me décourager et de rencontres providentielles à des moments cruciaux de ma carrière. e Il faut dire que le seconde moitié du siècle fut pour tout ce XX qui touchait au développement et à la coopération une période de découvertes, d’expérimentations, d’incertitudes et de profonds bou-leversements politiques et économiques, intellectuels et technologi-ques. Ce qui ouvrait à chacun un grand espace de liberté et d’initia-tive. Dans les années 60 et 70, j’ai eu la possibilité de multiplier sans guère de contraintes les champs d’investigation et d’action qui ont forgé cette expérience de terrain et de coopération et cette ouver-ture pluridisciplinaire qui me furent si utiles par la suite. Elles me donnèrent en effet l’autoriténécessaire pour promou-voir ces opérations « d’intelligence collective » que je viens d’énu-mérer et qui caractérisent mon itinéraire. À quoi ont contribué aussi des traits de caractère favorables. D’abord le goût du va-et-vient permanent entre l’analyse et la synthèse (l’École polytechnique m’en a enseigné la méthode) et un certain désintéressement vis-à-vis des honneurs, du pouvoir et de l’argent. Ensuite une aversion pour les conits qui se traduisait par une recherche systématique du
INTRODUCTION
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consensus, ce qui n’allait pas toujours d’ailleurs sans ambiguté et sans un certain manque d’audace. Enïn et corrélativement, un besoin de travailler avec des personnes en qui j’avais toute conïance ce qui, carences notables, m’a éloigné du champ des débats interna-tionaux et a limité mes capacités de communicationviales grands médias. Pour reprendre une expression que j’ai lue récemment, dans le dernier livre de J.-C. Rufïn je crois, j’en tenais pour la philoso-phie du « tireur à l’arc » pour qui la posture compte plus que la foca-lisation sur la cible.
Cette posture intégratrice tout comme la diversité des postes que j’ai occupés et les enseignements et réexions que j’en ai retirés peuvent peut-être, et c’est là mon espoir, donner à ce récit profes-sionnel un intérêt autre qu’anecdotique. Ce récit peut donner,in vivo, des aperçus sur ce que fut la scène du développement et de la coopération franco-africaine au cours du dernier demi-siècle. Ce travellingpeut illustrer, compléter, nuancer, voire mieux faire saisir ce qui est désormais enseigné à ceux qui se lancent dans cette aven-ture du développement durable, global et plus équitable que seront les prochaines décennies. Cette aventure, cette nouvelle cause, s’en-racine fortement dans celle du sous-développement qui l’a précédée et dont il faut donc s’attacher à en tirer les enseignements. Car je reste convaincu que la manière d’être, de voir et d’agir que je me suis efforcé de promouvoir est plus nécessaire que jamais. J’ai tenté, il y a quelques années, d’en témoigner dans un ouvrage paru aux Presses Universitaires de France,l’Impatience des Pauvres. Mais, par pente intellectuelle naturelle et sous la pression des éditeurs, cette tentative s’est transformée en unessaiïnalement assez spécialisé. J’ai voulu revenir ici à un récit personnel qui entre-mêle la vie professionnelle et la vie familiale, et la singularité des lieux, des moments, des personnes. J’ai voulu faire mémoire d’une époque de mutations sans cette abstraction théorique toujours sujette à caution et difïcile d’accès pour les lecteurs non spécialisés. J’ai d’ailleurs été conforté dans ce projet par des sociologues qui m’ont dit qu’un récit qui tient compte des contextes, de l’action des indi-vidus, des circonstances et opportunités est aussi utile pour rendre compte de ce qui s’est passé que les travaux des théoriciens et des écoles d’historiens. L’histoire n’est pas écrite d’avance, chacun y met son grain de sel. Chemin faisant, j’ai décelé une certaine cohé-rence à cet itinéraire personnel qui a emprunté desÀ la Recherche du développement: devenir soi en recherchant le sens de sa propre vie comme l’a préconisé Marcel Légaut.
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