Ingénieur en Afrique 1938-1961 Le chant des Filaos , livre ebook

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Date de parution

01 janvier 2005

Nombre de lectures

0

EAN13

9782845866429

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

2 Mo

Ingénieur en Afrique 1938-1961
Le chant des Filaos
^Pierre Merlin Odile Merlin
INGÉNIEUR EN AFRIQUE et LE CHANT DES FILAOS
DU MÊME AUTEUR
Espoir pour l’Afrique noire, préfaces de Jacques Delors et de e Jacques Diouf, 2 édition, Présence Africaine, 1996, 544 p. L’Afrique peut gagner, préface d’Alassane Ndaw, Karthala, 2001, 200 p.
KARTHALA sur Internet : http://www.karthala.com Paiement sécurisé
Couverture :
Enfin l’eau à Savé (Dahomey). Photo Pierre Merlin.
¤Éditions KARTHALA, 2005 ISBN : 2-84586-642-9
Pierre Merlin
Ingénieur en Afrique 1938-1961
Suivi duChant des Filaos par Odile Merlin
Préface d’Assane Seck
Éditions KARTHALA 22-24, boulevard Arago 75013 Paris
L’Afrique occidentale française
PRÉFACE
Souvenirs d’Afrique
Comme la langue d’Esope, le terme de colonisateur contient le meilleur et le pire, par la désignation de deux catégories d’acteurs aux comportements diamétralement opposés : tandis que l’une, sans viatique matériel, intellectuel ou moral se caractérise essentiellement par la quête obstinée de monnayer au plus haut niveau possible son appartenance physique au camp des vainqueurs, l’autre se signale par le dévouement de ses membres qui, se donnant totalement à leurs missions, en oublient les misères inévitables du dépaysement, ainsi faci-lement surmontées. Ces derniers acteurs sont les vrais bâtisseurs des fondations coloniales les plus solides capables d’affronter les défis de la modernité. Il en est même qui, pénétrés par les effets bénéfiques « du donner et du recevoir » de leurs tâches quotidiennes, s’en sont trouvés si profondément transformés qu’ils ont fini par s’identifier avec l’œuvre accomplie ou même le pays d’accueil. Ainsi beaucoup de ceux qui ont longtemps séjourné en Afrique noire francophone, rentrés dans leurs pays d’origine, y sont parfois appelés « Africains, Sénégalais, Maliens », etc., par leurs compatriotes, tant ils se sont humai-nement enrichis au contact de terres et peuples différents des leurs. Cadres hautement formés pour figurer parmi l’élite métro-politaine elle-même, ils sont partis pour donner le meilleur
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d’eux-mêmes, répondant à des vocations bien éloignées de la simple recherche d’emplois. Je connais un grand nombre de tels cadres qui, rentrés dans leurs pays avant la retraite, souvent pour des raisons familiales, y sont devenus des chefs de service nationaux, de hauts responsables dans l’armée, professeurs émérites, consultants privés, ministres, etc. (il y a même eu un 1 Premier ministre parmi eux) sans pour autant rompre défini-tivement avec les pays qu’ils ont servis. Pierre Merlin est de ceux-là. Sorti de Polytechnique, solidement armé pour affronter un grand destin partout dans le monde, il a choisi de répondre à un désir ancien de départ pour les colonies, et c’est l’Afrique noire qui bénéficiera de sa science. Avec sa compagne pleine de courage et de gentillesse, ils ont pu faire face à des difficultés capables d’émousser plus d’un enthousiasme de jeunesse. En effet, si forte était leur foi dans la valeur humaine de leur mission que rien n’a pu les empêcher d’avancer. Et d’ailleurs, profitant de la longueur des séjours tropicaux avant congés d’alors, ils se sont fortifiés par la connaissance des milieux et des peuples, pour mieux les com-prendre et les servir dans un dialogue libre, fraternel et payant pour tous. Ils en ont conservé des attaches sentimentales encore bien vivantes, tant d’années après la fin de la colonisation. Le présent livre de souvenirs couronne en quelque sorte, en la résumant et en l’émaillant de divers repères, l’œuvre de construction et de modernisation à laquelle l’auteur a participé en Afrique occidentale. À cet égard, rappelons que son ouvrage le plus important, intituléEspoir pour l’Afrique noirepublié en 1991, contient l’essentiel des idées de l’auteur sur le dévelop-pement de l’Afrique noire. Cet ouvrage a été par la suite corrigé et surtout allégé pour en faciliter l’utilisation jusqu’aux cadres moyens africains, aujourd’hui nombreux et quasiment seuls à opérer dans les centres secondaires de l’ancienne AOF. Le premier séjour de Merlin au Sénégal, marqué par des affectations à Saint-Louis et Kaolack l’a familiarisé avec les
1. Pierre Messmer, ancien gouverneur général.
PRÉFACE
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difficultés de la vie en milieux africains de l’époque pour les Européens et l’on sait qu’il faillit y perdre la vie. Pourtant, après trois ans en France, correspondant à la deuxième partie de la guerre, il n’hésita pas à revenir en Afrique où il ne cache pas avoir été heureux malgré tout. Dans l’enthousiasme de l’après-guerre, il donnera sa pleine mesure avec les grands projets de base prévus par l’autorité métropolitaine, dans les colonies, compte tenu de leur parti-cipation à la « Libération » et du rôle qui pourrait leur être assigné dans le monde nouveau qui s’annonçait. D’abord au Service temporaire d’aménagement du grand Dakar (STAGD) où, non seulement fut réalisé le plan qui sert encore de base au développement de cette métropole rassem-blant aujourd’hui le quart de la population sénégalaise, mais encore fut effectué un grand rapport d’études et de recherches qui ont permis de résoudre les problèmes d’alimentation en eau. Ensuite et surtout au Service fédéral de l’Hydraulique dont il fut chargé et qu’il créa à partir de 1949. Dans cette structure, de nombreuses expériences acquises ailleurs lui seront utiles. Ainsi les inondations du bas-fleuve Sénégal lors des crues annuelles, bien avant les barrages actuels, celles de Dakar par les grandes pluies de mousson du milieu d’hivernage, heureusement rapi-dement vidées au centre-ville par les canaux transurbains, mais souvent accompagnées d’effondrements côtiers résultant de l’humidification du toit marno-calcaire de certaines strates du sous-sol et qu’il fallait stabiliser nécessairement, les difficultés de la navigation des cargos de haute mer aux entrées et dans les cours moyens des fleuves Saloum et Casamance, etc., s’ajou-teront à des connaissances nouvelles pour dynamiser le nouveau service qui, couvrant l’ensemble de l’ex-AOF, absorbera prati-quement toutes les activités de l’auteur jusqu’à son retour définitif en France après les indépendances. On ne s’étonnera donc pas de l’importance des souvenirs dans ce domaine, sans oublier que les événements évoqués présentent encore beau-coup d’intérêt pour nos pays sahéliens où, malgré d’énormes progrès, l’inventaire et l’aménagement des eaux superficielles et
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souterraines sont loin d’atteindre l’optimum et où on continue de souffrir d’insuffisance. En effet, ils éclairent sur l’ampleur de l’œuvre accomplie et à poursuivre pour une utilisation rationnelle des eaux superfi-cielles et profondes, en vue de satisfaire partout et de mieux en mieux les besoins alimentaires des populations et de leurs trou-peaux, sans oublier le développement de l’agriculture irriguée si peu répandue en Afrique noire. C’est dans cette recherche d’eau de consommation que fut découverte la grande nappe du Mastrichtien au Sénégal, avec son inclination d’ensemble vers le Sud-Ouest et son rechar-gement par les eaux du fleuve aux environs de Matam. Elle alimente aujourd’hui la quasi-totalité des grands forages du Sénégal. S’agissant des aménagements pour l’agriculture, les plus importants sont évidemment ceux du delta intérieur du fleuve Niger qui était alors l’exutoire d’un fleuve occidental partant du Fouta-Djalon et se terminant dans la grande région située entre Mopti et Tombouctou ; ultérieurement ce fleuve occidental a été capturé par un fleuve oriental qui allait en gros de Tosaye tout à fait au Nord du fleuve actuel jusqu’au delta maritime au sud-est du Nigeria ; ces aménagements font du Mali le plus grand producteur de coton et de riz de l’ancienne AOF. Mais on ne peut ignorer ceux effectués sur le bas-fleuve Sénégal notamment au casier rizicole de Richard-Toll, premier maillon des grands travaux actuellement en cours dont les deux piliers principaux sont les barrages de Manantali et de Diama, pour l’irrigation de plus de 300 000 hectares, l’amélioration de la navigation fluviale et la fourniture d’électricité, au bénéfice des trois pays que sont le Mali, la Mauritanie et le Sénégal, associés dans l’Organisation de mise en valeur du Sénégal (OMVS) créée en mars 1972. S’inscrivent également en bonne place dans l’œuvre accomplie par le Service de l’Hydraulique, les études et aména-gements effectués dans les vallées du Niger, de l’Ouémé, du Sourou, des rivières de la Guinée maritime, etc.
PRÉFACE
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Ces souvenirs professionnels portent enfin sur les problèmes de transports terrestres. Dans ses premières années au Sénégal, Pierre Merlin a eu à travailler sur la route Dakar-Kaolack, les tracés de routes Fatick-Bambey, Kaolack-Tambacounda et Tambacounda – frontière guinéenne dont le bitumage est aujourd’hui envisagé. Il s’est également occupé de voies ferrées, non seulement dans la Fédération du Mali mais également après son retour définitif en France, lors de missions ponctuelles au Togo, au Niger pour le transport des récoltes d’arachide par route-rail, enfin en Côte d’Ivoire pour l’établis-sement du plan national des transports. En somme, les souvenirs professionnels du présent ouvrage marquent la pleine participation de l’ingénieur Merlin à la construction des bases matérielles du développement du continent Noir. Mais là ne s’arrête pas son expérience africaine. En plus de ses activités professionnelles, il a, en quelque sorte, accom-pagné l’évolution politique de l’Afrique occidentale française (AOF), dans la période de conquête des libertés fondamentales, entre 1946 et 1952, durant la mise en œuvre de la loi-cadre (1956-1958), et enfin dans la dernière phase de la colonisation, en participant avec les Africains aux changements des idées et des institutions en cours. Cet aspect humain de l’action africaine de l’ingénieur Merlin, soulignant la profondeur et la sincérité de son enga-gement, est loin d’être sans importance pour ceux qui l’ont connu : il est pour beaucoup dans l’efficacité de son œuvre sur le terrain et explique qu’il ait toujours facilement compris les revendications profondes des populations colonisées, et enfin qu’il n’ait jamais été surpris par les événements qui se succédaient. Et pourtant la marche vers l’indépendance de l’AOF a été si rapide que beaucoup n’ont pas pu la suivre avec sérénité. En effet, au moment de la Conférence de Brazzaville (janvier-février 1944) personne ne pouvait imaginer que seize ans après cet événement la presque-totalité des colonies d’Afrique noire accéderait à la souveraineté internationale. Du reste, cela
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