Le business franco-nigérian à l’heure de l’Afrique émergente , livre ebook

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Date de parution

01 janvier 2013

Nombre de lectures

0

EAN13

9782811107468

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

2 Mo

Marjolaine Paris
Le business franco-nigérian à l’heure de l’Afrique émergente
IFRA - KARTHALA
LE BUSINESS FRANCO-NIGERIAN
À L’HEURE DE L’AFRIQUE ÉMERGENTE
KARTHALAsur internet: http://www.karthala.com (paiement sécurisé)
Couverture : Tour de Lagos. Photo M. Paris.
© Éditions Karthala, 2013 ISBN : 978-2-8111-0746-8
Marjolaine Paris
Le business franco-nigerian
à l’heure de l’Afrique émergente
Préface d’Emmanuel Grégoire
IFRA-IBADAN Institut of African Studies IBADAN
KARTHALA 22-24, boulevard Arago 75013 PARIS
Présentation de l’IFRA Nigeria
L’IFRA-Nigéria est un institut à but non lucratif dont l’objectif est de promouvoir la recherche en sciences sociales et humaines, ainsi que de favoriser la collaboration entre les chercheurs en France et en Afrique de l’Ouest. Créé en 1990, l’Institut fonctionne en partenariat avec deux des plus importantes universités fédérales du Nigéria : l’Université d’Ibadan et, depuis 2006, l’Université Ahmadu Bello de Zaria. L’IFRA-Nigéria favorise une recherche en sciences humaines et sociales « Made in Nigeria » originale et de haut niveau. L’IFRA-Nigéria encourage tout particulièrement la recherche de terrain et la participation des chercheurs nigérians à des projets de recherche internationaux. Par ailleurs, l’IFRA-Nigéria met en place des programmes de résidence pour les chercheurs étrangers. Au cours des dernières années, les recherches menées par l’IFRA se sont orientées vers les questions de transition démocratique, de violence urbaine, ainsi que vers la restructuration des systèmes éducatifs en Afrique, les dynamiques transfrontalières, les réseaux religieux, la gestion des villes et le rapport entre violence et politique. Ces travaux sont menés dans de nombreuses disciplines allant de l’histoire à la musicologie, en passant par l’économie, la linguistique et l’archéologie. L’IFRA-Nigeria est co-nancé par le ministère français des Affaires Étrangères et Européennes et le Centre National pour la Recherche Scientique (CNRS). L’IFRA-Nigéria a également développé une politique de recherche active de nancements exté-rieurs an de soutenir ses activités de recherche. L’IFRA-Nigéria, au même titre que l’IFRA-Nairobi, fait partie de l’UMIFRE 24, et les deux instituts forment, avec l’IFRA-Johannesburg, l’USR 3336 du CNRS.
Publications récentes de l’IFRA-Nigeria
Oribhabor, E., 2011,Abuja Na Kpangba. An oda puem-demp., ISBN , Ibadan, IFRA, 59 : 978-978-9122-67-7. Enweramadu, D. et Okafor, E., 2009,Anti-corruption Reforms in Nigeria since 1999, Issues, Challenges and the Way forward, Ibadan, IFRA, 89 p., ISBN : 978-978-903-618-9. Omojola, B., 2006,: Theme, Style and PatronagePopular Music in Western Nigeria Systemp., ISBN , Ibadan, IFRA, 166 : 978-8025-11-0. Caron, B., 2005,Za:r Dictionary, Grammar, Text. Ibadan, IFRA, 328 p., ISBN : 978-8025-10-2. Nimis, E., 2005, Photographes d’Afrique de l’Ouest : l’expérience yoruba, Paris, Karthala-IFRA, 291 p., ISBN : 2-84586-691-7 Fabiyi, O., 2005,Gated Neighbourhoods and privatisation of urban security in Ibadan Metropolisp., ISBN 978-8025-09-9., Ibadan, IFRA, 94 Fourchard, L., Mary, A. et Otayek, R., 2005,Entreprises religieuses transnationales en Afrique de l’Ouest, Paris, IFRA-Karthala, 535 p., ISBN : 2 84586 653 4 Olaniyi, R., 2005,Community Vigilantes in metropolitan Kano. 1985-2005, Ibadan, IFRA, 86 p., ISBN : 978-8025-12-9.
À Lugan, ami disparu bien trop tôt. « Mais on prend tous le train qu’on peut... »
À Daniel, avec tout mon amour
À ma famille, à mes amis : merci à eux.
Préface
L’ouvrage de Marjolaine Paris qui est issu d’une thèse de doctorat de sociologie soutenue avec brio à l’université Paris 7 (2010) vient combler une double lacune de la recherche africaniste française : tout d’abord, celle-ci aborde peu ce puissant et fascinant pays qu’est le Nigeria en dépit de son poids politique, économique et démographique prépondérant sur le continent africain. Ensuite, aucun travail en profondeur n’a été jusqu’à présent effectué sur les relations d’affaires franco-nigérianes du point de vue sociologique. Pourtant, celles-ci sont anciennes comme l’illustrent la Compagnie française de l’Afrique de l’Ouest et la Société commerciale de l’Ouest africain qui y sont implantées depuis l’époque coloniale, le pays étant alors sous la tutelle de la Grande-Bretagne avec laquelle il n’a guère conservé de liens privilégiés alors que les pays francophones demeurent encore proches de leur ancienne métropole. Prendre comme objet de recherche le Nigeria est un pari audacieux que Marjolaine Paris a relevé avec succès : son « terrain » n’est en effet pas 1 d’accès aisé comme en atteste l’actualité (conits interconfessionnels et ethniques fréquents) et son objet de recherche, le monde des affaires, est souvent réticent voire hostile à l’égard des questions des chercheurs. Pour contourner l’obstacle, elle s’est véritablement immergée dans le « milieu » en se livrant à une anthropologie participative facilitée par un contrat de travail de quelques mois dans une entreprise française implantée à Lagos et Abuja. Ses méthodes d’enquête relèvent de la pluridisciplinarité puisque, outre l’anthropologie, la sociologue n’a pas hésité pas à recourir aux outils de l’économie et des sciences politiques quand cela était néces-saire. Ses investigations qui ont consisté à procéder de proche en proche à partir de recommandations pour gagner la conance de ses interlocuteurs se sont avéré être un moyen efcace pour obtenir des informations ables. Toutefois, la contrepartie est la règle explicite et d’informée Marjolaine Paris a dû parfois se transformer en informatrice à qui ses interlocuteurs demandaient d’être tenus au courant des résultats de sa recherche. Cette proximité avec les acteurs fait que son ouvrage leur donne largement la parole, ce qui en rend sa lecture plus vivante et concrète. Ces nombreux matériaux empiriques sont systématiquement replacés dans un cadre d’analyse théorique : le livre comporte de nombreuses références et pro-
1. Selon l’auteure, la religion est à la base de l’identité sociale et politique des Nigé-rians car elle leur fournit des repères idéologiques que ne leur donnent pas les différents partis très peu idéologisés.
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LE BUSINESS FRANCO-NIGERIAN
pose des pistes de réexion novatrices sur des notions comme celles de risque économique, de corruption, de réseaux, de classes moyennes et de capitalisme dans le contexte africain. L’approche systémique adoptée ici a permis de mettre en évidence les dynamiques d’échanges et leurs sou-bassements sociaux et contribue par là à la connaissance des rouages et du fonctionnement des relations économiques entre la France et le Nigeria. De nombreux clichés souvent caricaturaux décrivent le Nigeria comme un État de non-droit où la corruption, la violence et l’insécurité seraient omniprésentes sans voir qu’elles font partie d’un « phénomène incontour-nable et systémique » que l’ouvrage met à nu. La corruption y est perçue comme un revenu nécessaire, notamment par les couches basses de la société, tandis que la violence et l’insécurité témoignent de la mauvaise répartition des richesses, une grande partie de la population nigériane (près de 150 millions d’habitants) vivant sous le seuil de pauvreté alors qu’une petite minorité vit dans l’opulence. Ces trois éléments dont les fondements sont économiques et sociaux sont évidemment pris en compte dans la stratégie d’implantation des entreprises étrangères. Ils ne consti-tuent pas pour autant un obstacle à l’investissement : les prots extrême-ment élevés dégagés justient pleinement la prise de risques, surtout pour les grandes entreprises qui peuvent en atténuer les inconvénients en « externalisant » leur gestion, autrement dit en la conant à des nationaux qui disposent du savoir-faire et de la légitimité indispensable. De même, les relations avec la sphère politique qui conditionne bien souvent le succès des affaires sont prises en charge par des Nigérians. Le Nigeria offre de trop grosses opportunités d’affaires pour y renoncer, ce qui explique que les rmes françaises y soient relativement nombreuses. En premier lieu, dans le domaine énergétique en raison de 2 l’importance de ses gisements pétroliers et gaziers exploités de longue date par les multinationales occidentales à commencer par ELF et Total. Ensuite dans le domaine du bâtiment et des travaux publics où des sociétés comme Dumez, Fougerolle, SGE, Bouygues et d’autres encore ont béné-cié de juteux contrats pour équiper le pays en infrastructures modernes, mais aussi dans le secteur manufacturier : Peugeot avait installé, en 1972, une usine de montage à Kaduna qui a fermé en 2006 et Michelin une usine de fabrication de pneumatiques à Port-Harcourt qui a cessé son activité en 2007. Plus récemment, c’est le domaine des hautes technologies et des télécommunications qui attire les entreprises françaises (Alcatel-Lucent, Nortel France, Oberthur, Sagem et Thalès) : secteur en pleine expansion, il est devenu le premier employeur du pays avec plus d’un million d’em-plois en 2009. Le tableau 4 (page 53) fait bien ressortir cette pénétration des entreprises françaises tout en faisant apparaître, en ligrane, le déve-loppement du pays (apogée de l’agriculture, industrialisation, économie de rente, diversication vers les TICs).
e 2. Le Nigeria est le 8 exportateur de pétrole brut en 2007.
PRÉFACE
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Bien que le tissu d’entreprises nationales se soit considérablement étoffé depuis les années 1980, il n’en demeure pas moins que l’économie nigériane reste « extravertie » et dépendante de ses partenaires extérieurs européens, américains et désormais asiatiques (Chine et Inde). Les entre-prises françaises, multinationales mais aussi PME et même TPE, ont bien perçu les opportunités d’affaires qu’offre le Nigeria véritableeldorado sans aucun équivalent en Afrique francophone. Aussi, en 2008, il était le premier partenaire économique de la France en Afrique subsaharienne devant l’Afrique du Sud. Certes, les relations commerciales franco-nigé-rianes ont connu des hauts et des bas étant tributaires des relations diploma-tiques entre les deux pays. En 1960 le gouvernement nigérian condamna fermement les essais nucléaires français au Sahara, mais la crise la plus grave intervint lors de la guerre du Biafra (1967-1970) où la France prit ouvertement parti pour la sécession biafraise à laquelle elle livra clandesti-nement des armes, espérant ainsi affaiblir la Fédération et les hégémonies 3 américaines et britanniques . Depuis lors, les relations diplomatiques entre les deux pays sont redevenues cordiales et les présidents français et nigé-rians se rencontrent régulièrement aux cours de visites ofcielles, la France apparaissant comme un contrepoids à l’omniprésence anglo-saxonne. Ces aspects politiques et commerciaux, autrement dit l’environnement des affaires, sont traités avec beaucoup de minutie dans l’ouvrage. Mais, son principal apport réside dans son étude ne des formes d’organisation économique et sociale qui émergent des relations entre Français et Nigé-rians. Au-delà des échanges marchands, il y a des hommes et des femmes (cadres, directeurs généraux,chairmen, etc.) qui les animent. S’ils possè-dent des pratiques et des caractéristiques communes et s’il existe des « vecteurs de communication » et des « structures relationnelles » entre eux, ils n’en forment pas pour autant un groupe homogène en raison des dynamiques de ségrégation sociale et spatiale qui prévalent entre étran-gers et Nigérians. Aussi, ils constituent plutôt une « élite extrêmement diverse » et séparée en deux entités étanches qui ont peu de contacts extra-professionnels se côtoyant principalement au travail comme c’est le cas la plupart du temps en Afrique. Face à ce cloisonnement des relations, Marjolaine Paris privilégie la notion de congurations sociales, celle-ci s’organisant autour de l’échange et du prot an de les faciliter. Ces con-gurations sociales se caractérisent par des règles communes plus ou moins explicites et formelles et par le fait que les places occupées par les acteurs comptent plus que leurs caractéristiques individuelles. Il n’y a donc pas de groupe d’acteurs soudé et c’est là une des différences fondamentales avec l’économie traditionnelle africaine où l’économique et le social sont étroi-tement enchevêtrés. Plus encore, l’ouvrage parle de ségrégation sociale, spatiale ou professionnelle entre Français et Nigérians étant donné l’im-portance du « gouffre salarial » qui les sépare : il y a donc bien des domi-
3. D. Bach, « Le général de Gaulle et la guerre civile au Nigeria », revue canadienne des études africaines, vol. 14, n° 2, 1980, p. 259-272.
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