208
pages
Français
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2021
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Ebook
2021
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Publié par
Date de parution
17 février 2021
Nombre de lectures
4
EAN13
9782764443934
Langue
Français
Poids de l'ouvrage
3 Mo
Publié par
Date de parution
17 février 2021
Nombre de lectures
4
EAN13
9782764443934
Langue
Français
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3 Mo
Projet dirigé par Éric St-Pierre, éditeur
Conception graphique : Anne Tremblay
Conception de la grille graphique et mise en pages : Nathalie Caron
Révision linguistique : Isabelle Pauzé
Œuvre en couverture : Jason Cantoro
Conversion en ePub : Fedoua El Koudri
Québec Amérique
7240, rue Saint-Hubert
Montréal (Québec) Canada H2R 2N1
Téléphone : 514 499-3000, télécopieur : 514 499-3010
Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada.
Nous remercions le Conseil des arts du Canada de son soutien. We acknowledge the support of the Canada Council for the Arts.
Nous tenons également à remercier la SODEC pour son appui financier. Gouvernement du Québec – Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres – Gestion SODEC.
Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada
Titre : Le printemps le plus long : au cœur des batailles politiques contre la COVID-19 / Alec Castonguay.
Noms : Castonguay, Alec, auteur.
Collections : Dossiers et documents (Éditions Québec Amérique)
Description : Mention de collection : Dossiers et documents
Identifiants : Canadiana (livre imprimé) 20210040238 | Canadiana (livre numérique) 20210040246 | ISBN 9782764443910 | ISBN 9782764443927 (PDF) | ISBN 9782764443934 (EPUB)
Vedettes-matière : RVM : Pandémie de COVID-19, 2020- | RVM : Pandémie de COVID-19, 2020- —Québec (Province) | RVM : Pandémie de COVID-19, 2020- —Aspect politique—Québec (Province)
Classification : LCC RA644.C67 C37 2021 | CDD 614.5/92414—dc23
Dépôt légal, Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2021
Dépôt légal, Bibliothèque et Archives du Canada, 2021
Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés
© Éditions Québec Amérique inc., 2021.
quebec-amerique.com
Aux victimes, physiques et psychologiques, de ce virus. Et à ceux qui se sont battus pour nous en préserver.
Avant-propos
La plupart des gens se souviennent de l’endroit où ils se trouvaient, et de ce qu’ils faisaient, le 12 mars 2020, lorsque le premier ministre François Legault a annoncé que « tout le Québec doit se mettre en mode urgence ».
J’étais sur le plateau d’enregistrement de l’émission de télévision On va se le dire , diffusée à Radio-Canada, avec l’animateur Sébastien Diaz, la journaliste Nathalie Collard, l’humoriste Martin Cloutier et la comédienne Léane Labrèche-Dor. Il était un peu passé 11 h. La conférence de presse de François Legault n’était pas encore le point de ralliement du Québec en entier. Au plus fort de la crise, en avril, plus de 3 millions de Québécois se camperont devant leur téléviseur ou près de leur radio pour apprendre les derniers développements dans la lutte à la pandémie – l’équivalent des cotes d’écoute du Bye Bye , chaque jour.
Mais le 12 mars, c’est l’étonnement. Nathalie Collard, pendant une pause publicitaire, consulte son téléphone et nous annonce, médusée, que les rassemblements de 250 personnes et plus sont interdits, que les employés de l’État de retour de voyage doivent s’isoler durant 14 jours et que le mythique Canadien de Montréal devra jouer ce soir-là son match à huis clos au Centre Bell – la Ligue nationale de hockey suspendra finalement sa saison quelques heures plus tard. Je devais assister à cette partie avec un ami, pour son anniversaire. J’ai encore les billets, intacts.
Flanqué d’un directeur national de la santé publique encore largement inconnu, le D r Horacio Arruda, François Legault sonne la fin de la récréation. Le premier ministre confirme que le virus SRAS-CoV-2 est entré dans la province. On dénombre alors 13 malades de la COVID-19 et une personne à l’hôpital.
C’est le début de la bataille la plus épique que le Québec ait jamais livrée.
Peu de choses sont plus complexes à combattre qu’une pandémie. Ce n’est pas l’affaire d’un gouvernement, mais d’une nation entière. Depuis la Seconde Guerre mondiale, il y a 80 ans, les peuples de la planète n’ont jamais affronté un défi aussi imprévisible.
Pour espérer endiguer la contagion, il faut mettre le système de santé sur le pied de guerre, assurer l’approvisionnement en équipements de protection individuelle, convaincre la population de changer ses habitudes – aplatir la courbe ! – sacrifier quelques droits et libertés sur l’autel du bien-être collectif et de la protection des plus vulnérables, se fier à une science en constante évolution, repousser les frontières de la recherche afin de développer des traitements, voire un vaccin… et, surtout, prendre des décisions en sachant que des erreurs seront inévitablement commises.
Ceux qui ont combattu des épidémies le savent : ça ne va jamais parfaitement bien. Dans la tourmente, les succès passent inaperçus et les défaites laissent des cicatrices.
Pourtant, celle-ci n’était pas totalement inattendue. Les spécialistes de la santé publique redoutaient un tel virus, très contagieux, imprévisible et relativement mortel, depuis des décennies. Dans l’immense cahier d’informations que reçoit tout nouveau ministre de la Santé du Québec à son entrée en poste, il y a une page qui le prévient qu’il pourrait devoir affronter une pandémie pendant son mandat. Elle apparaît loin dans le document, mais la note s’y trouve invariablement. « C’est dans la section “toutes autres tâches connexes” », lance, sourire en coin, l’ancien sous-ministre de la Santé, Yvan Gendron, qui a passé la première vague aux commandes du réseau québécois.
Les épidémies ne sont pas des malheurs qui frappent des civilisations au hasard. « Toutes les sociétés produisent leurs propres vulnérabilités, que ce soit en raison de leur mode de vie ou de leurs priorités politiques », écrit le professeur d’histoire de la médecine à l’Université Yale, Frank M. Snowden, dans son livre Epidemics and Society: From the Black Death to the Present.
Le monde est plus interrelié que jamais, sillonné par des centaines de millions de personnes chaque année et strié d’interminables chaînes de production de biens et de services, allant de Guangzhou à Gaspé. La grande force de l’humanité, l’interconnexion sociale et économique des pays, est rapidement devenue notre plus importante faiblesse lors de l’assaut viral.
En quelques jours, le SRAS-CoV-2 est sorti de Chine, son foyer d’origine. En quelques semaines, il s’était répandu sur la planète. Soudain lancée dans une course contre la montre, chaque nation est devenue dépendante des mesures antivirus implantées dans le pays voisin. Et les régions insouciantes ou lentes à réagir ont été sévèrement punies par un virus qui ne pardonnait pas.
La planète, malgré les avertissements, était mal préparée à affronter un diable de cette nature. Les systèmes d’alerte ont fait défaut. L’adaptation a été difficile. Le Québec n’a pas fait exception.
C’est ce que je démontre dans ce livre, en m’appuyant sur une foule d’entrevues et de documents exclusifs. Pour débattre. Pour ne pas oublier. Et pour non seulement mettre en lumière des failles, mais aussi éclairer le travail de ceux qui ont posé des gestes et pris des décisions qui ont sauvé des vies.
On a décrit la COVID-19 comme la maladie de la solitude, celle qui nous éloigne les uns des autres – même si la générosité des Québécois a été au rendez-vous pendant les temps difficiles. Cet ouvrage rassemble les témoignages de ceux qui ont vécu cette crise de l’intérieur, pour ne pas qu’ils demeurent seuls avec leur histoire.
Pour ces personnes, le printemps 2020 a été le plus chaotique et le plus long de leur existence. Les bouleversements survenaient dans une suite presque ininterrompue, et pourtant, le temps semblait s’écouler lentement, si lentement ! On aurait dit que les événements d’hier s’étaient produits la semaine passée. Les jours duraient une éternité. C’est ce qui se produit lorsque les repères s’évanouissent.
« Il faut se donner le temps et l’espace pour exposer ce qui nous a happés, et y réfléchir », m’a dit la D re Joanne Liu, ancienne présidente de Médecins Sans Frontières, un organisme qui combat les épidémies depuis 25 ans partout dans le monde. Je souhaite que ce livre puisse contribuer à la réflexion.
Le 12 mars, à l’heure du midi, en poussant les grandes portes vitrées pour quitter les Studios MTL Grandé, dans le sud-ouest de l’île de Montréal, où notre émission était enregistrée, je me sentais nerveux. Ce n’est pourtant pas dans mes habitudes.
Mon rédacteur en chef de l’époque au magazine L’actualité , Charles Grandmont, venait de me texter que l’équipe basculait en télétravail le soir même, jusqu’à nouvel ordre. La rumeur voulait que les écoles et les services de garde fermeraient dès le lendemain – mes filles étaient respectivement âgées de quatre ans et de 14 mois à ce moment-là.
Il faisait froid dehors. Un mercure sous zéro. Le soleil perçait difficilement les nuages. J’étais, comme tout le monde, devant l’inconnu. J’avais la désagréable impression que cette aventure, individuelle et collective, ne serait pas comme les autres. Ce sentiment étrange d’être surplombé par une menace invisible et intangible, ni animale, ni humaine.
CHAPITRE 1
Contempler l’abîme
Saisi d’un grand vertige, Yves Ouellet, le plus haut fonctionnaire de l’État, décroche le téléphone et compose le numéro de René Dufresne, le sous-ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ), qu’il côtoie depuis 25 ans au sein de la fonction publique. Lorsque celui-ci répond, le secrétaire général du gouvernement prend à peine le temps de le saluer.
« René, combien de temps on peut vivre au Québec en mangeant surtout du cochon, du poulet et des œufs ? » lui demande-t-il, inquiet, en cet après-midi du 13 mars 2020.
Depuis la veille, les rayons des épiceries sont pris d’assaut par les consommateurs, qui font des provisions de pâtes, de sauces, de farine et de boîtes de conserve en tout genre. Les tablettes s