Je décide de vieillir bien : Longtemps en bonne santé , livre ebook

Les droits d’auteur issus de ce livre sont versés à la Fondation Université de Lille pour la recherche sur le vieillissement.
© O DILE J ACOB, NOVEMBRE  2021 15, RUE S OUFFLOT , 75005 P ARIS
www.odilejacob.fr
ISBN : 978-2-7381-5605-1
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Composition numérique réalisée par Facompo
« Aller dans l’espace, c’est comme un vieillissement accéléré : on vieillit de dix ans en six mois. Ce vieillissement est réversible et fait fantasmer tous les scientifiques. »
Thomas P ESQUET , avril 2021 1 .

 
1 . Interview de Thomas Pesquet pour L’Express le 22 avril 2021, « Dans l’ISS, on vieillit de dix ans en six mois… mais c’est réversible » ( https://www.youtube.com/watch?v=lZGlZ1xZxjA ).
PRÉFACE
Un véritable élixir de jouvence !

Le paradoxe de ce livre sur le vieillissement, c’est qu’il sera utile à tous les âges de la vie. Un véritable élixir de jouvence. Même avant la naissance puisque le vieillissement commence, comme nous l’apprend l’auteur, deux mois avant de naître ! Peut-être même plus tôt encore, une part de notre santé semblant conditionnée par notre vie in utero.
Chaque fois que j’ai eu l’occasion d’interviewer le professeur Éric Boulanger, j’en suis ressorti avec un regard émerveillé sur l’avancée en âge et, au fil des ans, avec une conviction profonde : il est possible de vieillir bien, ou du moins de limiter l’impact du vieillissement naturel sur nos organes. « Nous n’aurons pas tous la chance d’être centenaires », concède sans peine l’auteur de ce guide, avant de tracer un chemin, à mon sens bien plus enthousiasmant : « Vivre le plus longtemps possible en bonne santé avec un maintien à domicile en évitant l’entrée en institution est possible. »
Mieux, Éric Boulanger veut « mettre l’accent sur ce qui est en notre pouvoir pour vieillir bien ». Il y réussit fort bien, associant un étonnant talent de vulgarisateur à sa rigueur scientifique de spécialiste de la médecine et biologie du vieillissement (faculté de médecine-CHU de Lille). Le fait que ses droits d’auteur soient destinés à la Fondation Université de Lille illustre bien la passion d’Éric Boulanger pour la recherche. Avec son équipe, il a démontré que certains produits « ultra-transformés », que nous consommons sans nous méfier, accélèrent le vieillissement chez la souris. De la cellule à l’homme, en passant par la souris, il nous emmène dans une formidable exploration de tous ces mécanismes. Pour le plaisir de comprendre, mais aussi, et surtout, pour aboutir à des recommandations pratiques que chacun pourra appliquer dans sa vie quotidienne, en sachant pourquoi il le fait.
Quand Éric Boulanger nous invite à bien dormir, ça n’est pas un simple conseil de bon sens. C’est parce que des chercheurs ont découvert, en 2013, qu’il existe un système puissant d’autonettoyage du cerveau (le système glymphatique) à grandes eaux de liquide céphalorachidien qui ne fonctionne que la nuit. « Bien dormir » parce que simplement dormir ne suffit pas. Le nettoyage nocturne se déclenche sous l’impulsion des ondes électriques lentes des neurones, qui elles-mêmes impliquent de respecter certaines règles.
Lorsqu’il nous invite à nous pencher sur le tai-chi ou la méditation, ce n’est pas pour sacrifier à un effet de mode, mais parce que des études scientifiques viennent en appuyer les bénéfices attendus pour la santé. Et même quand il nous invite à « décider d’être optimiste », paraphrasant Voltaire qui avait « décidé d’être heureux parce que c’est bon pour la santé », Éric Boulanger a une bonne raison pour cela : « On peut augmenter sa longévité de 11 à 15 % en étant optimiste. » Voltaire a fait mieux puisqu’il est mort à 83 ans à une époque où l’espérance de vie était… autour de 30 ans.
Dr Damien M ASCRET , journaliste santé (France Télévisions)
Introduction

Il existe un plaisir accessible auquel nous ne pensons pas assez, c’est celui de vieillir bien. Je préfère parler de « vieillir bien » plutôt que de « bien vieillir ». En effet, le « bien vieillir » répond à des normes imposées par les autres, par la société, par les sciences. Le « vieillir bien », lui, répond à nos propres normes. Celles que nous pensons pouvoir suivre et respecter sans notion de compétition imposée par les autres.
Actuellement en France, l’espérance de vie à la naissance atteint quasiment 86 ans pour les femmes et 80 ans pour les hommes, mais notre espérance de vie en bonne santé n’est pas optimale en comparaison de celle de nos voisins du nord de l’Europe notamment. Pour exemple, l’espérance de vie en bonne santé est d’environ 65 ans pour les femmes et de 63 ans pour les hommes en France, alors qu’elle est de plus de 70 ans pour les femmes et plus de 72 ans pour les hommes en Norvège et en Suède. On notera, chez ces derniers, que les hommes ont de meilleurs chiffres. Avoir un comportement préventif de type « vieillissement actif pour un vieillissement réussi » peut améliorer l’espérance de vie en bonne santé en France.
Le vieillissement de la population française nous amène à devoir nous adapter à l’arrivée du geriatric-boom . Les premiers baby-boomers ont aujourd’hui 75 ans. « Robuste », « fragile » ou « dépendant » sont les trois états du vieillissement vers lesquels se dirige tout individu au cours de sa vie. À quoi correspondent-ils ? « Robuste » signifie qu’on peut décider de mettre toutes les chances de son côté pour le rester. Fragile : sa définition est encore floue et des outils précis manquent encore pour bien repérer et évaluer cet état, mais la fragilité représente aujourd’hui un enjeu majeur car elle est théoriquement réversible. Dépendant : il s’agit de l’état le plus grave du vieillissement, qui est potentiellement évitable. L’évaluation de ces trois états offre une nouvelle approche du vieillissement.
Il ne faut pas confondre les maladies dont la fréquence augmente avec l’âge comme le diabète de type 2 et la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) et les maladies directement liées au vieillissement. Ces dernières ont pour principal facteur de risque l’âge, et on leur en connaît peu d’autres : je citerai ici la maladie d’Alzheimer et la dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA) par exemple. On reste aujourd’hui encore assez démuni pour la prévention et la prise en charge de ces pathologies. En revanche, pour les maladies dont la fréquence augmente avec l’âge, et pour une bonne partie d’entre elles, on connaît des facteurs de risque qui sont aussi importants, voire plus importants, que l’âge lui-même : le diabète de type 2 (sédentarité, obésité…), l’ostéoporose (sédentarité, déficit en vitamine D…). Il est possible de prévenir en partie ces maladies en contrôlant les facteurs de risque sans rester passivement « victime » de l’âge. Ces maladies sont évitables et nous devons tout faire pour y arriver.
Ce livre s’adresse à tous sans distinction d’âge car il n’y a pas d’âge pour la prévention. Il est particulièrement destiné à ceux d’entre nous pour qui la santé n’est pas une priorité et qui risquent d’accumuler au cours de la vie des facteurs de risque, des pathologies chroniques puis leurs complications. Grâce aux avancées de la médecine, nous n’allons « heureusement » pas mourir car la prise en charge de pathologies aiguës et chroniques est excellente et quasi gratuite en France. Nous allons augmenter de manière significative le risque de perte d’indépendance fonctionnelle et donc le risque d’entrée en institution. Or l’espérance de vie en bonne santé peut être largement améliorée par les conseils donnés dans ce livre.
Aujourd’hui, l’âge chronologique (ou civil donné par votre date de naissance) ne veut plus dire grand-chose. Quand je « fais le tour » avec les étudiants à l’hôpital, je leur demande de ne plus parler d’âge mais du nombre de pathologies aiguës et chroniques accumulées par le ou la patient(e). Ce livre, finalisé deux semaines avant la crise sanitaire de Covid-19, est plus que d’actualité à ce jour. La pandémie nous a clairement démontré qu’à âge égal, la polypathologie est un facteur de risque majeur de complications et de décès du Covid-19. Grâce aux avancées des sciences médicales, biologiques, psychologiques, sociologiques et économiques, nous savons aujourd’hui que subir son vieillissement n’est plus d’actualité. Adopter une attitude active est le gage d’un vieillissement réussi.
Ce livre offre une vision simple, actuelle et positive de ce que l’on se refuse souvent à aborder d’une manière volontariste et constructive. Après une présentation des grands abords du vieillissement, des mécanismes d’affaiblissement de nos fonctions, je propose de vous expliquer les bons réflexes à adopter afin que chacun d’entre nous puisse mettre toutes les chances de son côté pour vieillir bien et limiter au maximum le risque de dépendance. Les propositions sont, pour la plupart d’entre elles, gratuites, faciles et accessibles à la majorité d’entre nous. Il est de mon devoir en tant que clinicien spécialiste en médecine et biologie du vieillissement de partager cet « état de la situation » et les bons réflexes de prévention à avoir. Ce livre explique comment nous vieillissons et vous propose un nouvel art, celui de vieillir bien.
CHAPITRE 1
De la (pré)histoire aux (super)centenaires d’aujourd’hui

Histoire du vieillissement
Durant la préhistoire, l’homme de Cro-Magnon (40 000 à 10 000 ans avant notre ère) n’avai