299
pages
Français
Ebooks
2018
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Ebook
2018
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Publié par
Date de parution
24 octobre 2018
Nombre de lectures
5
EAN13
9782312061627
Langue
Français
Poids de l'ouvrage
1 Mo
Publié par
Date de parution
24 octobre 2018
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5
EAN13
9782312061627
Langue
Français
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My baby, ça va aller !
Gilles Leclyan et Juliet N
My baby, ça va aller !
LES ÉDITIONS DU NET
126, rue du Landy 93400 St Ouen
© Les Éditions du Net, 2018
ISBN : 978-2-312-06162-7
J’essaie d’aider Juliette à vivre normalement en France.
J’essaie de lui tenir son moral, de la former aux us et coutumes de la France, de l’accompagner dans sa vie d’après la prostitution forcée et de faire survivre sa famille au Nigéria après leur prise d’otages par le réseau de traite d’humaines organisé par la famille ODEH dans la ville de Bénin City au sud-ouest du pays.
J’essaie et je me heurte au silence des associations et des ministères. Je me sens terriblement incompétent et impuissant à pouvoir leur venir en aide.
Sa peau noire vue au coin d’une rue par mes yeux bleus m’ouvre le regard et l’esprit sur la réalité d’un pays aux antipodes des discours et des lois votées par quelques-uns.
J’écris ce journal en témoignage, dans l’espoir d’avoir cette aide que je demande depuis maintenant longtemps.
Dans l’attente, je dialogue avec les uns et les autres. Voilà comment ce récit s’est construit.
L’errance
Juliette arrive en France sous le nom de Stéfanny. Elle n’a pas 18 ans. Elle est achetée par les trafiquants deux milles euros au « pied de l’avion » à Roissy Charles de Gaulle. Elle est à la merci d’une proxénète nigériane dont la fille organise le trafic pour la France. Cette fille se nomme Jennifer ODEH.
Après quatre semaines de prostitution Juliette veut retourner au Nigéria mais il faut payer cinquante milles euros pour être libre. Elle n’a plus de passeport. Jennifer l’a confisqué.
Les trafiquantes font une demande d’asile auprès de l’OFPRA (dossier 2009-12-) avec l’aide involontaire des « Amis du Bus des Femmes », association de défense des prostituées, sur la base d’un dossier qui ne peut tromper personne.
Sans être un spécialiste et pour avoir vu le dossier il est évident qu’il s’agit d’un faux grossier. L’OFPRA accorde les aides qui sont directement empochées par les trafiquants. Pour Juliette et avec une compatriote nommée Mabel, leurs vies sont identiques ; prostitution, humiliation, tortures dont morsures dans le dos, etc.
Finalement l’OFPRA refuse le droit d’asile. Juliette entre dans le labyrinthe du droit français.
J’atterris en Région Champagne Ardennes le 14 juin 2010. Je débarque de Normandie. Ma boîte a fermé chez moi. J’ai attrapé un contrat que j’avais négligé quelques mois auparavant. Un contrat qui ne me fait pas plaisir.
À cinquante ans il m’est difficile de faire la fine bouche. Il y a peu de seconde chance pour les « vieux » dans cette France en crise de nerfs. Me voilà isolé la semaine et en famille le weekend en Normandie. Cela me rappelle les années « fac ». Sans les potes c’est beaucoup moins festif même si la région bulle de Champagne. Dures sont les soirées. En général un petit whisky, une télé, un whisky et au lit.
Je m’ennuie.
Un petit matin de début 2011 le groupe des travailleuses du sexe est arrêté à la descente du train de Troyes. C’est dans cette ville que Juliette est prostituée de force.
Le procès de Jennifer ODEH et sa « lieutenante » Loveth, jeune sœur de Jennifer débute le 21 mars 2011. Elles sont condamnées par le TRIBUNAL DE GRANDE INSTANCE de Troyes. Les deux sœurs proxénètes sont punies de deux ans de prison et à l’expulsion. Juliette et Mabel, camarades de misère, sont jetées à la rue par la police en banlieue parisienne.
Il n’y a pas trace de témoignage écrit. La police ayant dit qu’elles n’étaient très coopératives. Il existe pourtant une attestation de témoignage rédigée par le TRIBUNAL DE GRANDE INSTANCE.
La trafiquante, mère de Jennifer et Loveth sa sœur, les condamnent à mort avec le soutien d’un sorcier local si elles retournent au Nigéria pour avoir parlé à la police française. Juliette et Mabel sont à la rue, sans papier ni assistance. À cette date j’ignore que Juliette/Stéfanny existe.
Pose café au bureau, je feuillette le journal L’Est Éclair.
La Une.
« Proxénétisme : deux Franciliennes derrière les barreaux »
Publié le jeudi 24 mars 2011.
Un article :
« Bec et ongles, Jennifer et Loveth Odeh, deux Nigérianes âgées de 27 et 26 ans, placées en détention provisoire depuis début mars, contestent le proxénétisme aggravé que la Justice leur reproche. Mais sans vraiment y croire. Sans argument bien convaincant.
En face, côté parquet, les charges sont accablantes, résultant d’une enquête de neuf mois et des confidences de trois jeunes prostituées nigérianes. L’affaire examinée hier au tribunal correctionnel de Troyes a permis de mettre en lumière un peu de ces « belles de nuit » qui s’affichent chaque soir sur les trottoirs du Boulevard Gambetta. Venues de Paris par le train de 21 heures, elles y retournent au petit matin, par celui de 5 heures.
C’est à leur arrivée à la gare de l’Est que trois d’entre elles sont interpellées au matin du 1 er mars dernier, par les policiers de l’OCRETH (Office central de répression de la traite des êtres humains). Elles admettent spontanément se livrer à la prostitution mais affirment unanimement l’exercer « librement ». Pourtant, les surveillances physiques et surtout téléphoniques, réalisées depuis juin 2010, démontrent le contraire.
« Ces trois jeunes femmes ont mis longtemps avant de confier leurs conditions de vie, elles étaient terrorisées non seulement pour leur intégrité physique mais pour leur famille restée au Nigéria », souligne un peu plus tard Sofian Saboulard, représentant du ministère public.
« La Madame »
Aucune des trois n’était présente à l’audience d’hier mais aux enquêteurs, elles ont confirmé ce que révélaient leurs fréquents échanges téléphoniques : l’argent qu’elles devaient verser à une femme qu’elles n’appelaient que « La Madame », les violences qu’elles subissaient de sa part quand le tapin n’avait pas été assez fructueux, du « loyer de trois cents euros qu’elle devait verser à celle baptisée « Mama », en échange de leur bout de trottoir troyen. Jennifer Odeh est accusée d’être « La Madame ». Le 1 er mars, elle a été interpellée dans l’appartement qu’elle loue à Stains (93) et qu’elle sous-loue, à Loveth ainsi qu’à deux des trois prostituées supposées travailler pour elle.
Hier, Jennifer Odeh, elle même ancienne tapineuse – « On m’a obligée à le faire quand j’ai été amenée en France » – a maintenu ne leur avoir jamais rien demandé d’autre que le loyer et même, avoir tout ignoré de leur activité. Même Loveth pourtant la pensait au courant ! Loveth, elle, est présumée être « Mama », celle qui serait venue surveiller les filles sur place, et les aurait taxées des trois cents euros mensuels « pour la place ». La jeune femme nie catégoriquement tout rôle de mama :
« Je travaillais, tout comme elles et tout aussi librement. Je ne leur ai jamais rien pris ».
N’empêche, Loveth est bien incapable d’expliquer pourquoi « les filles » l’auraient dénoncée sans raison. Et Jennifer se montre tout aussi incapables de répondre, avec cohérence, aux questions du président Romain Leblanc sur les importants versements effectués en espèces, sur son « livret A » : cinq mille huit cents euros entre mars et juillet 2010. Les trois prostituées, elles, ont évoqué l’argent qu’elle devait remettre à « La Madame », sitôt de retour de Troyes.
La peur de la « malédiction » Toutes ont fait état de cette étrange et lourde dette, qu’elles s’évertuaient nuit après nuit à solder, pour échapper à « la malédiction » du « Djudju ». L’ensorcellement aurait été la contrepartie de l’acheminement vers la France. « La candidate doit s’engager à rembourser quand elle sera en France, la somme de cinquante milles euros. Quelques poils pubiens, un bout d’ongle et d’un peu de sang lui sont prélevés afin de l’envoûter. Si elle ne tient pas parole, elle et sa famille seront vouées à la malédiction perpétuelle », expose le président. Et quand, après Jennifer et Loveth assurent n’avoir jamais entend