117
pages
Français
Ebooks
2007
Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne En savoir plus
Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement
Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement
117
pages
Français
Ebooks
2007
Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne En savoir plus
Publié par
Date de parution
25 janvier 2007
Nombre de lectures
11
EAN13
9782738190857
Langue
Français
Publié par
Date de parution
25 janvier 2007
Nombre de lectures
11
EAN13
9782738190857
Langue
Français
© O DILE J ACOB, JANVIER 2007
15, RUE S OUFFLOT, 75005 P ARIS
www.odilejacob.fr
EAN 978-2-7381-9085-7
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo
Préface
L’année 2007, marquée en France par l’élection présidentielle, sera un rendez-vous décisif pour l’avenir de notre politique de défense. Alors que la dernière loi de programmation militaire approche de sa fin, une réflexion sur les enjeux de sécurité, et les ressources que l’État voudra bien consacrer aux moyens correspondants s’imposera nécessairement. Plusieurs facteurs devront être intégrés à la prospective.
Tout d’abord, le fait que le monde doit faire face désormais à deux crises nucléaires, impliquant la Corée du Nord et l’Iran, crises dont la probabilité d’aggravation est très forte. Si la crise coréenne ne semble pas devoir dégénérer en conflit ouvert, ses conséquences « souterraines », notamment sur la politique du Japon, peuvent se révéler considérables dans une région où la relation Chine-États-Unis est loin d’être stabilisée. Quant à l’Iran, qui joue à merveille de ses atouts en Irak et au Liban, rien ne dit que la reprise d’un dialogue avec les États-Unis, si tant est que le président Bush se rallie à cette option, apporte les résultats escomptés. D’ores et déjà, se dessine une réaction en chaîne, affectant les États de la péninsule arabique, inquiets de la montée en puissance de l’Iran. De plus, certaines forces de la région, soutenues par le régime de Téhéran, n’ont jamais accepté l’existence d’Israël : il serait redoutable qu’elles puissent croire que la « sanctuarisation » future de l’Iran leur donnerait carte blanche.
L’évolution de la Russie constitue un autre élément d’incertitude. Le durcissement de la politique étrangère russe s’est manifesté à l’égard de ses voisins immédiats, la Géorgie notamment, après avoir porté ses fruits en Ukraine. Il se manifeste aux Nations unies sur de nombreux dossiers, à commencer par la réticence de Moscou envers des sanctions trop sévères contre l’Iran. Son comportement dans l’affaire du gaz ukrainien n’a guère contribué à rassurer les Européens en raison de leur dépendance énergétique, pas plus que l’affaire Litvinenko en dépit des démentis officiels. La recherche d’un « partenariat stratégique » avec la Russie demeure évidemment un objectif souhaitable, mais son contenu reste largement à préciser, alors que le destin personnel de Vladimir Poutine, auquel la constitution russe empêche de briguer un nouveau mandat, est encore incertain.
L’évolution des États-Unis soulève d’autres questions. La faillite de l’entreprise irakienne, quelle que soit la manière dont on l’habillera, n’a pas seulement porté atteinte au capital politique et moral dont disposait le pays après l’attaque du 11 septembre 2001 et créé un nouveau terreau pour le terrorisme. Elle accrédite l’idée que la puissance militaire américaine peut être mise en échec et cette perception, couplée aux progrès de l’Iran sur la voie de l’arme nucléaire, peut encourager certains acteurs, notamment au Proche-Orient, à présumer de leurs capacités et à se lancer dans des aventures à haut risque. L’abandon du rêve néoconservateur laisse en tout cas l’exécutif américain dans un état de flottement dont nous n’avons nul motif de nous réjouir.
Tous ces facteurs ont des répercussions directes sur nos choix de défense, qu’il s’agisse de l’avenir de notre concept et de nos moyens de dissuasion nucléaire, de nos capacités de projection et de renseignement, de nos dispositifs de prévention et de lutte contre le terrorisme. Plus que jamais il apparaît qu’il n’y a pas de substitut, en ce qui nous concerne, à un effort national soutenu. Pour autant, les enjeux auxquels notre pays est confronté sont largement collectifs et relèvent aussi d’un traitement dans le cadre de l’Alliance atlantique et de l’Union européenne.
Un redémarrage de la construction européenne, en panne depuis le rejet du projet de constitution par deux membres fondateurs, est-il envisageable dans le second semestre 2007 ? Il est en tout cas hautement souhaitable, alors que la plupart des protagonistes en fonction lors de la crise irakienne – moment de la plus grande division imaginable entre Européens sur les problèmes de sécurité – auront probablement tous passé la main. Une nouvelle impulsion franco-britannique, comme en 1998, en serait de toute évidence une condition nécessaire dans le domaine de la défense.
Puisse cette édition de l’annuaire de la FRS permettre, en cette année particulièrement importante, d’appréhender la problématique à laquelle doit répondre notre politique de défense.
Bruno Racine Président de la Fondation pour la Recherche Stratégique
Introduction
Guillaume Schlumberger 1
L’Annuaire stratégique de la Fondation pour la Recherche Stratégique, établi sous l’égide de François Heisbourg, conseiller du président, a réuni cette année une partie de l’équipe de recherche de la FRS autour des grands débats de la défense en 2007 et les mutations profondes que l’outil français a connues depuis une décennie. Ces articles constituent le reflet de la diversité des opinions au sein de la Fondation sur les questions de défense davantage qu’un exercice visant à apporter au lecteur une vision unifiée de celles-ci.
Yves Boyer revient sur l’Europe de la défense, ses succès mais aussi ses limites, au moment où la multiplication des crises renforce la nécessité d’un approfondissement et appelle à la détermination d’un petit nombre de pays en attendant de retrouver une dynamique collective. Bruno Tertrais rappelle la pertinence de la dissuasion française et envisage la poursuite des ajustements plutôt que des évolutions drastiques, tout en évoquant les défis futurs pour assurer le maintien de sa pérennité (maintien des compétences sur le long terme, préservation du consensus et diffusion de la culture nucléaire, modernisation des concepts et prise en compte du contexte européen).
Frédéric Coste dresse un bilan documenté d’une des plus importantes modernisations d’une administration française à travers la professionnalisation des armées, transition effectuée de surcroît dans une période de très fortes sollicitations. En écho, Hélène Masson et Cédric Paulin nous présentent les mutations continues de l’industrie française et son internationalisation
Pour illustrer les transformations technologiques constatées dans cette décennie, deux domaines ont été retenus : les missiles et l’utilisation de l’espace. S’agissant du premier volet, Bruno Gruselle analyse les diverses options possibles pour répondre à nos futurs besoins de défense et de projection de puissance dans un monde marqué par de graves crises de prolifération et l’émergence de conflits contre des adversaires devenus insaisissables. Xavier Pasco montre qu’au-delà des réflexions de défense, incontournables, l’espace doit désormais prendre en compte les enjeux de sécurité, ce qui exigera de prendre en compte les conditions d’une véritable « urbanisation » fixant des règles de partage des ressources spatiales, de l’évolution des technologies et services associés.
Les opérations extérieures sont amenées à se transformer dans la durée et dans les modes d’intervention, comme le montrent Jean-Jacques Patry et Philippe Gros. Jean-François Daguzan se penche quant à lui sur ce que pourrait devenir la projection intérieure et esquisse quelques problématiques juridiques, budgétaires et opérationnelles que pourrait entraîner une implication croissante des forces armées dans une défense du territoire renouvelée. Un éclairage original de Jean-Luc Marret sur les liens entre diaspora et terrorisme termine ce tour d’horizon, démontrant la nécessité de continuer l’effort de défense et de sécurité.
François Heisbourg se livre à l’exercice délicat d’ouvrir des pistes d’ajustement. Avec son esprit d’indépendance, il soulève un certain nombre d’interrogations, à partir du constat des bouleversements de cette dernière décennie dont il indique qu’ils avaient été largement anticipés dans le dernier Livre Blanc de 1994 : implication des armées dans la sécurité intérieure, doctrine nucléaire, interventions extérieures en coalition, impacts des technologies de l’information. Il propose des solutions stimulantes et qui ne feront certainement pas l’objet de consensus. Compte tenu de leurs implications pour l’outil de défense, ces points soulevés par un observateur extérieur mériteront un travail approfondi entre responsables et experts. Pour conforter son jugement, il a sollicité François Cailleteau dont les responsabilités passées de chef du Contrôle général lui permettent de dresser un bilan des dix années d’investissements passés.
1 - Directeur, Fondation pour la Recherche Stratégique.
I
Les grands débats
À quoi sert la défense aujourd’hui ?
François Heisbourg 1
Les raisons d’une question
La question de la finalité de la politique de défense s’était déjà posée de façon aiguë pour la France comme pour les autres États ouest-européens avec la fin de la guerre froide. La menace massive et durable des forces soviétiques campées au cœur de l’Europe avait structuré la politique et l’organisation de la défense de la France, comme des autres États occidentaux, jusqu’à la fin des années 1980 : la dernière loi de programmation militaire de la guerre froide (LPM 1987-1991) avait aussi été la plus am