74
pages
Français
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2020
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Publié par
Date de parution
01 janvier 2020
Nombre de lectures
2
EAN13
9782304029697
Langue
Français
Publié par
Date de parution
01 janvier 2020
Nombre de lectures
2
EAN13
9782304029697
Langue
Français
Gabriel Lampel
KLB 58907
Préface d’Élisabeth Cousin
Texte établi avec le concours d’Élisabeth Chombart
Collection
T É moignages de la Shoah
Le Manuscrit
Paris
ISBN: 97830402697
© 2019 Le Manuscrit
Gabriel Lampel
Présentation de la collection « Témoignages de la Shoah » de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah
En lançant sa collection « Témoignages de la Shoah » avec les éditions Le Manuscrit, et grâce aux nouvelles technologies de communication, la Fondation souhaite conserver et transmettre vers un large public la mémoire des victimes et des témoins des années noires des persécutions antisémites, de 1933 à 1945.
Aux nombreux ouvrages déjà parus, la Fondation espère ainsi ajouter les récits de celles et ceux dont les voix sont restées jusqu’ici sans écho : souvenirs souvent enfouis au plus profond des mémoires individuelles ou familiales, récits parfois écrits mais jamais diffusés, témoignages publiés au sortir de l’enfer des camps, mais disparus depuis trop longtemps des rayons des bibliothèques.
Si quelqu’un seul ne peut décrire l’indicible, la multiplicité des récits peut s’en approcher.
En tout cas, c’est l’objectif que s’assigne cette collection à laquelle la Fondation, grâce à son Comité de lecture composé d’historiens et de témoins, apporte sa caution morale et historique.
Face à une actualité où l’instrumentalisation des conflits divers tend à obscurcir, confondre et banaliser ce que fut la Shoah, cette collection permettra aux lecteurs, chercheurs et étudiants de mesurer la spécificité d’une persécution extrême dont les uns furent acteurs, les autres complices, et face à laquelle certains restèrent indifférents et les autres héroïques.
Puissent ces ouvrages inspirer à leurs lecteurs le rejet de l’antisémitisme et de toute autre forme d’exclusion, et l’esprit de fraternité.
Comité de lecture de la collection (2011)
Serge Klarsfeld, président
Henri Borlant, survivant de la déportation
Isabelle Choko, survivante de la déportation
Olivier Coquard, historien
Katy Hazan(OSE), historienne
Dominique Missika, historienne
Denis Peschanski, historien
Paul Schaffer, survivant de la déportation
Annette Zaidman, enfant cachée
Philippe Weyl, responsable de la collection
Correction : Laurence Beilvert
Voir les autres titres de la collection en fin de volume .
Biographie de Gabriel Lampel
1927 22 mars : naissance de Gabriel Lampel à Cluj (Transylvanie, Roumanie) dans une famille juive hongroise. Son père, Étienne, né à Kisdoba le 30 septembre 1893 est commerçant. Sa mère, Élisabeth Hollo née à Cluj en 1893 est devenue son épouse en 1922. La famille proche habite la ville et se compose de son grand-père et de sa grand-mère, ancienne directrice de l’école de jeunes filles.
1930 Son père, Étienne, part pour Paris à la recherche d’une situation meilleure pour la famille.
1933 Début de la scolarisation, dans une école primaire juive où l’instruction était dispensée en hongrois.
1935 Changement d’école : Gabriel, qui ne maîtrise pas le roumain, est placé dans une école d’État laïque roumaine. Premières difficultés.
1938 Gabriel entre au lycée roumain George-Baritiu à Cluj.
Séparation officielle de ses parents.
1939 3 septembre : la France et le Royaume-Uni déclarent la guerre à l’Allemagne nazie suite à son invasion de la Pologne deux jours plus tôt. Début de la Seconde Guerre mondiale en Europe.
1940 30 août : suite aux arbitrages ou diktat de Vienne (Autriche) , – règlement pacifique de revendications des territoires perdus par la Hongrie par le traité du Trianon (1920) sous l’égide de l’Allemagne nazie et de l’Italie fasciste – la partie nord de la Transylvanie est annexée par la Hongrie (dont Cluj, rebaptisé Kolozsvar en hongrois).
Gabriel fait son entrée dans un nouveau collège dirigé par des enseignants religieux réformés. On y parle le hongrois.
1942 Les lois antijuives obligent les collégiens juifs à quitter les lycées hongrois. Sous l’impulsion d’un héros de la Première Guerre mondiale, un lycée juif est créé : le lycée Antal-Mark.
1943 Fin : arrestation des Juifs de Cluj, et de sa région. Ils sont constitués en bataillons disciplinaires et envoyés en Ukraine pour réaliser des travaux de terrassement pénibles dans des conditions inhumaines.
1944 19 mars : les armées allemandes envahissent la Hongrie.
Les Allemands arrivent à Cluj. Port de l’étoile jaune obligatoire pour les Juifs.
Fin avril : toute la population juive de Cluj et de sa région est raflée, y compris Gabriel et sa mère. Ils sont internés dans une briquetterie désaffectée avec de nombreuses familles juives.
Mai : Gabriel et sa mère sont déportés dans à destination du camp d’extermination d’Auschwitz (Haute-Silésie, Pologne). Le 27, Gabriel est séparé de sa mère au moment de la sélection sur la rampe d’Auschwitz II-Birkenau. Il ne la reverra jamais.
6 juin : Gabriel est transféré en train au camp de concentration de Buchenwald et intégre le « petit camp » ou Zeltlager .
Juillet : il est blessé lors d’un bombardement de l’usine où il travaillait, au camp de Magdebourg, dépendant de Buchenwald. Ramené à ce dernier, il est mis au Block 55 des invalides du « petit camp ».
1945 11 avril : libération du camp de Buchenwald par les détenus quelques heures avant l’arrivée des troupes américaines. Gabriel n’a pas conscience de ces événements.
20 avril : Gabriel est blessé lors de l’évacuation du camp. Il est amputé du bras gauche dans un hôpital de campagne de l’armée américaine sous les bombardements.
8 mai : fin de la Seconde Guerre mondiale en Europe.
Juin : après de nombreux séjours dans différents hôpitaux civils allemands (Weimar, Bad-Berka, Blankenheim), transfert en tant que mineur par la Croix-Rouge en Suisse. Puis la tuberculose l’oblige à une longue convalescence à Davos, au sanatorium Etania.
Novembre : Gabriel reçoit la visite de son père à Davos.
1946 18 juillet : Gabriel arrive à Paris.
Il s’inscrit à l’Alliance française pour acquérir la langue.
Gabriel abandonne ses études pour aider son père à son magasin d’électricité.
1961 Décès à Paris de Jeanne Lacaze, seconde épouse du père de Gabriel, seconde mère pour lui.
1962 6 avril : décès d’Étienne Lampel, le père de Gabriel.
Gabriel se marie avec une française, Jacqueline Depaul. De cette union naîtra une fille, Éva Élisabeth, qui donnera la vie à cinq petits-enfants : Judith, Yossi, Nissim, Hélène et Nadine, tous les cinq nés en Israël.
1964 Divorce de Gabriel et Jacqueline.
1968 Gabriel rencontre Nadine Oudry, française.
1971 10 avril : ils se marient à Taizé (Deux-Sèvres). Pour Gabriel, Nadine est la femme et la chance de sa vie, son ange gardien depuis quarante ans. Elle veille avec une infinie patience et beaucoup d’amour sur sa santé fragile. Les années de privation et de mauvais traitements sont responsables, entre autres, d’un sévère diabète et d’une grande faiblesse du cœur.
1978 Gabriel et Nadine s’installent à Bath Yam (Israël), où ils retrouvent des survivants de la famille. Ils veulent découvrir les possibilités de ce jeune pays.
2001 Ils reviennent habiter en France afin de soigner le père de Nadine, très âgé et gravement malade. Ils s’intallent à Hazebrouck (département du Nord), où ils connaissent toujours, en 2009, des jours heureux.
Préface
« Ils ne nous croiront pas. » Telle était la conviction des victimes de la Shoah à la sortie des camps nazis. C’est pourquoi beaucoup ont préféré se taire, comprenant d’emblée que rare serait le public prêt à entendre ce qu’ils avaient à dire. Quelques-uns témoignèrent, mais ils furent peu entendus. En France, la question de la persécution des Juifs ne fut abordée publiquement qu’à la fin des années 70. Plusieurs décennies après la Libération, les enfants des victimes de la Shoah – ceux que nous appelons « la deuxième génération » – exigèrent la vérité sur le sort qui avait été réservé à leurs parents. Serge et Beate Klarsfeld durent mener à cet égard un long et difficile combat pour accéder à la vérité nationale et traduire en justice Klaus Barbie, Paul Touvier et Maurice Papon. Pourquoi avoir attendu tant d’années pour clarifier les forfaits de ces criminels, et ce dans une nation qui se targuait d’être la « patrie des droits de l’Homme » depuis le xviii e siècle ?
C’est que les Français n’ont pas compris tout de suite le sort particulier réservé aux Juifs par le nazisme. À la Libération, les Juifs furent considérés comme des victimes parmi d’autres de la Déportation. Il a fallu la farouche détermination et la recherche opiniâtre des fils et filles de déportés juifs pour que la spécificité de leur sort apparaisse au grand jour. Par ailleurs, la nation française eut beaucoup de mal, comme tant d’autres, à se confronter à son passé. Après la découverte des camps, l’heure était à la mauvaise conscience un peu partout en Europe et la France se sentait concernée, car, s’il n’a jamais partagé l’idéal exterminationniste des nazis, le régime de Vichy avait néanmoins entrepris d’éloigner les Juifs de la nation. Dès octobre 1940, Pétain avait concrétisé son idéal éliminationniste par le Statut des Juifs. Alors le passé honteux de collaboration avec les nazis, l’existence de la Milice, le soutien des notables au maréchal Pétain, tout cela fut refoulé parce que insupportable.
Dans l’histoire de la Shoah, le procès d’Eichmann à Jérusalem en 1960 a marqué l’entrée en scène du témoin. Contrairement au procès de Nuremberg, où la condamnation des responsables nazis reposa sur l’analyse de très nombreux documents, l’accusation d’Eichmann à Jérusalem reposa sur la déposition orale d’innombrables témoins. Ce procès suscita une énorme émotion dans la communauté international