La Troisième République , livre ebook

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Née sur les décombres de l'Empire en 1870, engloutie par la Seconde Guerre Mondiale en 1940, la Troisième République a été longtemps un régime décrié, parfois même honni. Elle fut pourtant le cadre d’événements majeurs, tels que la Commune, l’affaire Dreyfus, la Première Guerre Mondiale, le Front Populaire ou encore la montée des fascismes.


Avec une érudition impeccable, servie par un style limpide, Jean-Pierre Azéma et Michel Winock nous proposent ici une synthèse de référence sur ce moment clé de notre histoire politique


Jean-Pierre Azéma est historien, spécialiste de la Seconde Guerre mondiale, et plus particulièrement de l'histoire du régime de l'État français et de la Résistance.


Michel Winock est historien, spécialiste de l’histoire de la République française ainsi que des mouvements intellectuels et politiques.

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Nombre de lectures

8

EAN13

9782362800733

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

1 Mo

N ÉE SUR LES DÉCOMBRES DE L’EMPIRE EN 1870 , engloutie par la Seconde Guerre Mondiale en 1940, la Troisième République a été longtemps un régime décrié, parfois même honni. Elle fut pourtant le cadre d’événements majeurs, tels que la Commune, l’affaire Dreyfus, la Première Guerre Mondiale, le Front Populaire ou encore la montée des fascismes.
Avec une érudition impeccable, servie par un style limpide, Jean-Pierre Azéma et Michel Winock nous proposent ici une synthèse de référence sur ce moment clé de notre histoire politique.


 
 
COLLECTION OCTETS DIRIGÉE PAR JOËL FAUCILHON
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© 2015 Éditions Thierry Marchaisse ISBN (ePub) : 978-2-36280-073-3


 
 
Jean-Pierre AZÉMA Michel WINOCK
L a III e République
Octets • THIERRY MARCHAISSE


Avant-propos
L E SOUVENIR DES SOMBRES JOURNÉES DE JUIN ET DE JUILLET 1940 décourage l’amour rétrospectif de la III e  République. Au vrai, elle n’avait pas eu à attendre le drame final pour compter ses procureurs : sans invoquer la meute de ses ennemis irréductibles qui se reproduisirent, du début à la fin, par générations, il suffit d’observer le discrédit généralisé du régime dans la jeunesse intellectuelle des années 1930 et l’écœurement qu’il pouvait inspirer alors à tant de plumes pourtant républicaines. Ce régime était « pourri », on commençait à l’écrire. Le gouvernement et la littérature de Vichy n’épargnèrent pas leur fiel pour la « Gueuse » défunte : tous nos malheurs venaient d’elle. Plus tard, dans le procès du quatrième avatar républicain, entrepris dès la fondation du Rassemblement du peuple français et repris en 1958, le gaullisme faisait encore, par république interposée, un mauvais parti à la III e . De sorte que « III e République » sonne presque toujours aujourd’hui comme une expression péjorative : « un homme de la III e  », « des mœurs de la III e  »… Cela vous a Dieu sait quoi de douteux et de suranné. La République, troisième du nom, a ainsi reçu en partage le don de mettre à peu près tout le monde d’accord sur sa personne, d’abord dans le mépris ; aujourd’hui, dans l’indifférence.
Imagine-t-on, pourtant, que cette République a connu de grandes heures, et que des cœurs ont battu pour elle ? Cette belle époque de son histoire, ce ne fut pas celle des rentiers et des vaudevillistes ; ce fut le temps où des hommes innombrables avaient « une religion véritable de la République » (Péguy). Car on l’a aimée, on s’est battu pour elle ; et quand on la savait insuffisante, on la croyait perfectible. Les dévouements les plus généreux qu’elle suscita ont été souvent obscurs et silencieux, à l’exemple de ces instituteurs qui faisaient de l’éducation des enfants du peuple une mission sacrée.
Ce n’est pourtant pas l’histoire de cette République que nous nous proposons de faire ici : nous avons voulu borner notre étude à la naissance et à la mort d’un régime politique. Dans quelles conditions, et pour quelles causes, et sous quelles formes, la République a finalement succédé à l’Empire ? Dans quelles conditions, et pour quelles causes, la République a-t-elle finalement laissé la place au principat d’un octogénaire, appelé « État français » ? Tels ont été les deux sujets de notre enquête. Les résultats ne sont pas identiques dans les deux cas : c’est ainsi que nous n’avons pas jugé utile, eu égard à l’état de la question, de raconter par le menu la séquelle d’événements qui a présidé à la naissance de la III e République ; volontairement allusifs sur les faits, nous nous sommes essayés à dégager des idées générales et à faire état de certaines réflexions. Inversement, l’étonnante confusion qui est encore aujourd’hui courante quant à la fin du régime nous a amenés à suivre de beaucoup plus près les scènes successives du drame final.
La longévité exceptionnelle enfin de cette République, qui a compté sept décennies, nous a suggéré un troisième thème de réflexion : celui de sa durée précisément. Nous avons tenté d’en proposer une explication dans la partie centrale de notre livre.


PREMIÈRE PARTIE LA NAISSANCE (1869-1879)


CHAPITRE PREMIER La République sous l’Empire
U N PENCHANT NATUREL DES HISTORIENS les incline à considérer la mort des régimes politiques comme le résultat d’une nécessité : écrivant après l’événement, ainsi installés dans une certitude, ils n’ont plus qu’à répertorier les causes immanquables de l’inévitable. Pour les contemporains de l’événement, tout n’est pas aussi lumineux et, en politique, les mauvais devins ont toujours eu la majorité. La chute du Second Empire nous apparaît aujourd’hui comme l’aboutissement normal de la dégénérescence d’un régime autoritaire, empêtré dans ses contradictions, voué à la mort. Cette vue des choses repose l’esprit mais elle n’est peut-être qu’une illusion d’optique, parce que, délibérément, elle met de côté tout ce qui pouvait rendre précisément impensable aux contemporains cet événement devenu à nos yeux inéluctable.
Les dernières élections législatives de l’Empire, en 1869, semblent porter un coup très dur au régime. P. Grousset, futur communard, peut écrire, en décembre de la même année :
Une à une, lentement, progressivement, mécaniquement, toutes les parties de cet organisme [ i.e . : l’État impérial] qui se développa de toutes pièces, en une nuit, se désagrègent et tombent en décomposition 1 ...
Mais, moins d’un an après le prétendu désastre électoral, Napoléon III, par son dernier plébiscite, prend la mesure exacte de ceux qui lui sont irrémédiablement hostiles : 1,5 million environ. « Il faut avoir vu, comme je l’ai vu, écrit H. Pessard, le désarroi des partis au lendemain du scrutin plébiscitaire, pour se rendre compte de l’effet d’écrasement produit par ces 7 200 000 oui tombant d’un seul coup sur les irréconciliables, les mécontents et les défiants 2 . » Gambetta, lui, s’exclamait : « L’Empire est plus fort que jamais. » Et pourtant moins de quatre mois après ce plébiscite triomphal, l’Empire était renversé par la défaite militaire. Quelle est ici la part de la nécessité, et celle de la mauvaise fortune ? Quoi qu’il en soit, ce qu’il importe d’abord d’établir pour le sujet qui nous occupe c’est qu’en 1870, le pays, dans sa majorité, n’attend pas la République. À une exception, mais de taille : les grandes villes. Paris surtout, décidément, lui, républicain.
Les forces sociales
Ce contraste politique entre les villes et les campagnes est certainement un des faits les plus marquants et les plus importants de la France impériale, à la veille de la guerre. Or, si la politique se « fait » à la ville, la nation française est encore largement campagnarde, en 1870 : sur 38 millions d’habitants, 26 ou 27 millions, soit près de 70 %, vivent au village. Depuis l’établissement du suffrage universel, en 1848, le poids électoral de la paysannerie reste prépondérant. Le monde des campagnes est donc à considérer avec attention, d’autant que, pendant longtemps encore, sous la III e  République, la France devait rester, comme l’a écrit André Siegfried, « une nation de paysans, d’artisans, de bourgeois ». Lors du dernier recensement avant la seconde guerre mondiale, en 1936, les Français employés dans le secteur primaire (agriculture, forêts, pêche) étaient approximativement aussi nombreux que ceux qui travaillaient dans l’industrie et les transports. Cela prouve conjointement la lenteur de l’industrialisation en France et l’importance politique de la société rurale. Or, ce monde rural a été, dans son ensemble, le plus fidèle soutien du Second Empire.
Cette faveur du régime bonapartiste dans les campagnes a été souvent interprétée comme l’effet de l’analphabétisme des paysans et de leur immaturité politique. En réalité, les choses ne sont pas si simples. Marx, dans un texte célèbre écrit en 1852 3 , après avoir noté que Bonaparte représentait « la classe la plus nombreuse de la société française, à savoir les paysans parcellaires », expliquait qu’en raison de leur isolement les paysans ne constituaient pas une véritable classe, et qu’ils se trouvaient naturellement subordonnés « au pouvoir exécutif », d’autant que celui-ci apparaissait, vu ses origines, comme le protecteur du paysan contre le féodal et, depuis, contre la bourgeoisie urbaine, la nouvelle féodalité. Dans son dernier livre, écrit après les élections de 1863, Proudhon démontrait qu’en dépit de leurs votes contraires, ouvriers et paysans avaient mené un même combat :
La République de 1848 a conféré aux paysans comme aux ouvriers le droit électoral. Or, tandis que ceux-ci ont appris des bourgeois à faire opposition au pouvoir et votent avec eux, l’empereur, à tort ou à raison, est resté pour le paysan le symbole du droit allodial 4 , rendu triomphant par la Révolution et la vente des biens nationaux. Dans le roi, au contraire, protecteur de la bourgeoisie ou prince de la gentilhommerie, il n’a jamais vu que l’emblème du fief, qui reparaît, à son œil soupçonneux en la personne du bourgeois capitaliste, chef d’industrie, administrateur de compagnie, négociant, homme de lettres ou magistrat… 5
Napoléon III passe donc pour le protecteur du campagnard « contre le féodalisme bourgeois » : sur ce point, Marx et Proudhon tombent d’accord. De plus, l’évolution économique sous le Second Empire a été, en gros, favorable à la paysannerie, même si, dans le détail, une telle affirmation mérite d’être nuancée 6 . La majorité des paysans, peu ou prou propriétaires, a bénéficié de la plus-value des terres. L’urbanisation et la mise en place d’un réseau de chemin de fer, l’ouverture des frontières, ont commencé à transformer une vieille économie de subsistance en économie d’échange. L’exode rural a fait

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