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pages
Français
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2016
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Publié par
Date de parution
22 juillet 2016
Nombre de lectures
0
EAN13
9782342054002
Langue
Français
« Je vous raconterai cette race spéciale d'Algériens que deux penchants affirmés unissent par le bas. Ils présentent tous la pathologie d'être socialement anomiques, c'est-à-dire exonérés et en dessous de toute morale et règles sociales. Leur deuxième particularité, c'est d'être aussi humainement anosmiques, c'est-à-dire totalement dépourvus d'odorat pour sentir et ressentir les souffrances et les détresses humaines. Ils maîtrisent et pratiquent toutes les langues, tous les dialectes mais ne comprennent qu'un seul langage : celui de l'argent et des affaires. Celui du pillage, de la prévarication et de la concussion organisés en meutes secrètes et nocives. De vrais pillards aux cols trop blancs, au verbe haut et aux bras longs et lourds quand ils frappent. Tout ce qu'ils savent faire : menacer, sévir, frapper, torturer, tuer, exiler. Les seuls talents connus des Béni Kelboune. C'est bien connu : les lâches et les pleutres frappent trop fort. » Si le politiquement correct est un piège aux mains du pouvoir, ce livre irrévérencieux a tout d'une bombe pour faire voler en éclats les mensonges d'une certaine caste algérienne. Jamais publiées en Algérie, ces chroniques restituent d'une plume cinglante les grandes colères populaires qui ont rarement trouvé écho dans la grande presse commerciale privée et beaucoup moins, sinon jamais dans la presse dite et supposée publique. Explosif, acide, polémique. Authentique, édifiant, libérateur. Révoltant, délicieux, effrayant. Bref : indispensable.
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22 juillet 2016
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EAN13
9782342054002
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Français
Le Dernier Crépuscule des béni-K
Mohamed Abassa
Société des écrivains
Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Société des écrivains
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Le terrible destin du capitaine Zoubir
Quand la mort des héros dévoile les lâchetés des régnants
Pour donner corps et consistance, à la chronique précédente « Poison d’avril algérien » je reproduis in-extenso un article publié par Algéria-Watch et qui reprend l’article de Nour El-Houda publié en décembre 2000 par Algérie Actualité. Aucun des faits rapportés à l’époque et précédemment évoqués par des Historiques et des chercheurs n’a été démenti ou modifié à ce jour. Ils concernent et interpellent directement ceux qui depuis 1958 à ce jour soit plus de 58 ans, dirigent encore le pays et, toujours, plus que jamais, dans les mêmes formes de banditisme et de hooliganisme organisés. Impunément. Jusqu’à leurs morts. Avec l’insouciance des voyous attendant tranquillement leur mort et enfin leur départ. Sans procès. Pour transmettre la riche et chaude patate Algérie, aux héritiers de couche. À la manière inachevée d’Al-Capone ! Lui au moins a payé. Pas eux.
Article de Nour El-Houda, décembre 2000
« Le journal "Algérie Actualité" avait publié, à la fin des années quatre-vingt, un sondage qui révélait que soixante-treize pour cent de nos lycées ignoraient qui étaient Ben Mhédi, les dirigeants de la révolution, les accords d’Évian, etc.
Pendant les "présidentielles" d’avril 1999 et précisément lors du show médiatique d’AEA. Bouteflika sur Algeria TV., Hamida, le journaliste d’El-Khabar avait honoré sa profession en posant une question au candidat-monarque éphémère sur l’affaire du capitaine Zoubir. L’invité perd son sang-froid et lance un défi à quiconque qui apporterait la preuve de l’implication du groupe de Oujda dans l’exécution du capitaine de la zone I de la wilaya V.
Bien que versés dans les événements qui sont à l’origine des plus belles pages de notre histoire contemporaine, nous ignorions complètement cette affaire. Aussi avions-nous attendu, la bouche sèche, (Bi’ Erriq ennachef) de voir au moins l’un de nos nombreux savants relever ce défi présidentiel. Après bientôt deux ans passés, à notre connaissance, personne ne l’a fait. Nous sommes convaincus que personne ne le fera.
À défaut d’une réponse de nos spécialistes, nous avons fait nos propres recherches qui se sont avérées fort fructueuses et qui lèvent une partie du voile sur l’un des multiples crimes commis par le groupe le plus influent et le plus scélérat de notre république bannière.
Le meilleur hommage que l’on puisse rendre à nos martyrs et à nos sincères combattants pour la libération de notre pays, c’est de rappeler succinctement, aux générations montantes, dans quelles conditions, avec quels moyens et par déduction logique, comment ils tombaient au champ d’honneur.
Nous allons relater trois cas, l’un vécu, les deux autres nous ont été rapportés, de l’autre bout de notre vaste territoire national, par des témoins dignes de foi.
En hiver 1957, notre région avait fait l’objet d’un grand ratissage opéré par les forces coloniales appuyées par plusieurs types d’avions : bombardiers T6 et T28, des pipers (avions de renseignement) des hélicoptères de toutes sortes, de divers véhicules tout-terrain et en nombre impressionnant, des milliers de soldats surarmés, surentraînés, abondamment nourri, chaudement vêtus, régulièrement relevés, encadrés par des polytechniciens, ont participé à cette opération dévastatrice.
Nous connaissions les moudjahidin du coin un par un. Ils étaient peu nombreux, démunis d’arme ou au mieux, ils étaient armés de fusils de chasse usagers, rafistolés à l’aide de fil de fer et de cordes en osier nain (doum) tressé. Leur principale force reposait sur l’indéfectible soutien des populations rurales, la parfaite connaissance du terrain et la rapidité de leurs jambes.
À la fin de ce grand matraquage à l’aide de munitions de tout calibre et de napalm qui avait duré quatre jours, deux djounoud au moins avaient survécu en se cachant sous les branchages au fond d’un oued. Nos deux héros qui étaient restés immobiles en plein hiver, avaient perdu l’usage de leurs jambes. C’est à l’aide de leurs mains et de leur fessier qu’ils ont pu s’approcher, à travers le maquis, du voisinage du douar le plus proche. Repérés par des bergers qui sont allés à leur rencontre, nos survivants lancent en chœur : "n’approchez pas, rana âaraya, nous sommes nus."
Les bergers sont allés leur procurer quelques oripeaux pour cacher leur nudité. Une fois habillés, nos vaillants combattants se sont montrés dans un état lamentable, leurs mains étaient en sang, leur derrière pelé, leurs pieds engourdis par le froid. Ils ne pouvaient ni marcher ni s’asseoir. Et pour toute arme ? Ils n’avaient que leurs deux mains meurtries, l’une devant l’autre derrière pour cacher leur pudeur.
Pour rompre leur jeûne de quatre jours et quatre nuits, les habitants du douar leur ont offert une galette d’orge, un bol d’huile d’olive et une cruche de petit-lait de chèvre, menu ordinaire de nos fellahs sans terre.
Un officier colonial se souvient, trente ans après la guerre : " nous avons encerclé un groupe de quelques "fellagas" faiblement armés, nous leur avons demandé de se rendre les mains en l’air. Ils ont répondu par des tirs de fusils de chasse alors qu’ils n’avaient aucune chance de s’en sortir. Ils se sont battus avec une audace qui dépassait notre entendement. Les autorités militaires pensaient que ces gars étaient drogués. Elles ont ordonné une autopsie. Celle-ci avait révélé qu’ils n’avaient pas mangé depuis plusieurs jours et que leurs estomacs ne contenaient que quelques résidus de Kharoub"
Un médecin légiste, ami de Ferhat Abbas, avait vécu un fait similaire dans la région de Batna. Ces :"gars (moudjahidin), dit-il, avaient le ventre vide, seulement quelques résidus de gland. Ils étaient légèrement vêtus alors que nous étions en plein hiver. Comment pouvaient-ils se battre dans de telles conditions, s’interroge le légiste ?" (1)
Oui, nos vaillants combattants forçaient l’admiration de leurs adversaires, cependant leurs mafieux dirigeants méprisent. Le capitaine Zoubir et ses frères se battaient, jusqu’à la fin de l’année 1959, dans la wilaya oranaise, dans les conditions et avec les moyens que nous venons de résumer. Ils étaient constamment exposés au matraquage terrestre, aérien et parfois même la marine coloniale participait aux combats ou au transport de troupes dans les régions côtières.
Les aides : financières, alimentaires et l’armement promis par les "frères" de Oujda ne leur arrivaient jamais. Les appels de détresse lancés par le capitaine de la zone I restaient sans réponses et sans effet.
Zoubir apprenait par la radio et par la presse que les réfugiés algériens au Maroc enduraient une grande famine : les nourrissons sans lait, les personnes âgées sans soin l’ensemble vivait, selon ces sources d’information, dans une misère indescriptible. Un représentant de l’I.R.O. (Organisation Internationale des Réfugiés) déclarait au journal le "Monde" : "… nous ne comprenons pas le dénuement de ces réfugiés, il cite le nombre d’articles et les quantités respectives de chaque produit qui leur ont été régulièrement livrés, il ajoute, nous leur avons même versé 200 dollars (150.000 francs de l’époque) par personne…" (2)
A priori ce type d’information s’apparente à une tentative d’intoxication. Mais des rumeurs folles circulaient sur la cupidité des émirs de Oujda. Zoubir qui ne pouvait plus se battre par manque de moyen, décide de rentrer au Maroc pour vérifier ces rumeurs et pour demander des comptes à ceux qui le privaient de moyens : vêtement, arme pour se battre honorablement et pour mourir dignement.
Le capitaine était conscient de la gravité de son geste et de la peine que lui et ses compagnons encouraient suite à la "désertion de leur poste." Il connaissait aussi la cruauté des planqués de Oujda. Il rentre au Maroc. Dès son arrivée il se rend au camp de réfugiés de Nzala qu’il trouve livré à la misère globale. Où passent les aides internationales, s’interroge Zoubir ? Elles sont détournées et vendues dans les souks, répondent les réfugiés destinataires.
Le capitaine se précipite aux souks où il découvre des sacs de semoule, de riz, de sucre, de lait, des cartons de médicament, de couverture, des ballots de vêtement, dans leurs emballages qui portaient encore les marques de l’lRO. Et de la croix rouge internationale, qui s’y vendaient effectivement. Il demande des explications aux barons de Oujda qui se défendent comme ils peuvent : "… les revenus des ventes, disent-ils, servent à armer, à habiller et à nourrir les moudjahidin qui se battent au front, à l’intérieur. C’est faux ! rétorque Zoubir, j’en viens ! les maquis sont livrés à eux-mêmes !
À sa grande stupéfaction, Zoubir apprenait que les caïds de Oujda vivaient comme les stars de Hollywood, ils se pavanaient à bord de voitures haut de gamme, ils s’habillaient chez les grands couturiers parisiens, ils se gavaient dans les restaurants les plus chics, ils dormaient dans les hôtels les plus huppés du royaume chérifien, ils entretenaient des prostituées de luxe, ils fumaient des cigares "don pérignon" de la célèbre marque davidov.
En termes fermes, Zoubir lance aux corrompus de Oujda :"… n’attendez pas de moi à ce que je sacrifie mes hommes pour des profiteurs de votre acabit." Les révolutionnaires de palace, selon les termes de Abane Ramdhan, rusent de toutes leurs fibres, ils invitent leur accusate