84
pages
Français
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2014
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Publié par
Date de parution
25 novembre 2014
Nombre de lectures
2
EAN13
9782895966081
Langue
Français
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Date de parution
25 novembre 2014
Nombre de lectures
2
EAN13
9782895966081
Langue
Français
québec sous la loi des mesures de guerre 1918 --> jean provencher --> --> Préface de Fernand Dumont --> LUX Éditeur --> -->
La collection « Mémoire des Amériques » est dirigée par David Ledoyen
Dans la même collection :
– Chartrand, Vallières, Gagnon, Lemieux, Larue-Langlois, Le procès des Cinq
– André d’Allemagne, Le colonialisme au Québec
– Daniel Francis, Le péril rouge
– Front de libération du Québec, Manifeste d’octobre 1970
– Jean-François Nadeau, Adrien Arcand, führer canadien
– Jean-François Nadeau, Robert Rumilly. L’homme de Duplessis
– Francis Simard, Pour en finir avec Octobre
Photos de couverture : tirées du journal La Patrie , les 3, 4 et 6 avril 1918, collection numérique de BANQ .
© Lux Éditeur, 2014 www.luxediteur.com
Première édition : Les éditions du Boréal Express Ltée, 1971
Dépôt légal : 3 e trimestre 2014 Bibliothèque et Archives Canada Bibliothèque et Archives nationales du Québec
ISBN (ePub) : 978-2-89596-608-1
ISBN (papier) : 978-2-89596-192-5
ISBN (PDF) : 978-2-89596-807-8
Ouvrage publié avec le concours du Conseil des arts du Canada, du Programme de crédit d’impôt du gouvernement du Québec et de la SODEC . Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada ( FLC ) pour nos activités d’édition.
À la mémoire d’Honoré Bergeron, d’Alexandre Bussières, de Georges Demeule et d’Édouard Tremblay
Nos pères ont rouspété pendant des siècles ; ils n’étaient pas ces moutons dociles que l’on nous a souvent décrits.
Fernand D UMONT , La Vigile du Québec
Il est difficile, même pour qui a prétendu pénétrer la mentalité des habitants du Québec, de comprendre pourquoi, sur trois générations, toute une race s’est trouvée profondément touchée par la pendaison d’un seul homme dans la lointaine Regina, bouleversée au point de provoquer un changement quasi total dans son allégeance politique, alors que ce même peuple, après un temps de quelques semaines seulement, a laissé sombrer dans le silence et l’oubli ce qui n’était rien d’autre, dans leurs esprits du moins, que le massacre impitoyable et brutal de citoyens désarmés au cœur de leur propre province.
Charles G. P OWER , Québec Riots , notes transmises à Pierre C HALOULT en 1962
AVANT-PROPOS À LA NOUVELLE ÉDITION
UNE HISTOIRE QUI NE CESSE DE VIVRE
M ON PREMIER EMPLOI fut celui de documentaliste à la Commission d’étude sur l’intégrité du territoire, mise sur pied par le premier ministre Daniel Johnson et présidée par le géographe Henri Dorion. Nous étions dans les années 1960. Plusieurs membres de cette petite équipe, dont moi-même, devaient passer en revue les archives des différents ministères du gouvernement du Québec depuis 1867, repérant les documents liés d’une manière ou d’une autre à l’histoire des frontières de la province. Un collègue et moi avions pour mandat d’explorer les dossiers du ministère de la Justice. C’est alors qu’un document ayant pour titre Enquête tenue devant le coroner pour le district de Québec le 8 avril et les jours suivants sur les causes de la mort de Honoré Bergeron, Alexandre Bussière, Georges Demeule et Édouard Tremblay nous est tombé entre les mains. J’ignorais tout à fait qu’une longue histoire, alors, démarrait.
La consultation de ce document, assortie de recherches aux Archives publiques du Canada à Ottawa, au service des greffes et des archives de la Ville de Québec, au presbytère de la paroisse Saint-Sauveur de Québec, et de la lecture d’imprimés et d’études, allait me permettre de rédiger un récit des émeutes de Québec ayant eu lieu en 1918. Le travail, préfacé par un de mes deux maîtres, le grand Fernand Dumont, serait publié aux Éditions du Boréal Express en 1971 sous le titre Québec sous la Loi des mesures de guerre 1918 .
L’ouvrage connut un certain succès critique. Le médecin et écrivain Jacques Ferron, par exemple, le qualifia d’«écrit sans vaine recherche et de main sûre».
Autrement dit, poursuivait Ferron, le style n’en est pas apparent et n’entrave pas le récit, rapide du commencement à la fin par l’incessante relance des trois temps, présent, passé, futur, relance en fonction du discours où ces temps équivalent à trois vitesses différentes et n’ont aucun rapport avec le tempo historique lui-même. Cela n’a pas le fringant de Michelet. Michelet ne cache pas sa passion. Provencher le fait. Cela ressemble plutôt à du Voltaire. En tous cas, l’air de rien, c’est rudement bien écrit.
C’était ma première œuvre, et ce mot fut mon encouragement à poursuivre en histoire jusqu’à aujourd’hui.
À la fin de 1972, le comédien et directeur artistique du Théâtre du Trident, à Québec, Paul Hébert, rêvant de refaire le grand succès de Charbonneau et le Chef, la pièce de John Thomas McDonough, m’a contacté pour que nous refassions au théâtre l’enquête du coroner qui avait suivi la tuerie du 1 er avril 1918. Je lui ai répondu que je n’avais jamais rédigé de pièce de théâtre, qu’il devrait plutôt penser à une adaptation du livre. «Non, non, il n’est pas question d’adapter le livre, m’a relancé Paul Hébert, mais d’y aller d’une reprise au théâtre de l’enquête du coroner.» Et c’est ainsi qu’est née la pièce Québec, printemps 1918. Paul a trouvé le titre. «Comme le début d’une lettre», me disait-il. Jouée au théâtre du Trident à 20 reprises en octobre 1973, elle a été la pièce qui attira le plus grand nombre de spectateurs au cours de la saison 1973-1974, avec un taux d’assistance de 86%.
Deux ans plus tard, le réalisateur Jean-Paul Fugère a remonté la pièce, en faisant un téléthéâtre dans le cadre des Beaux Dimanches, l’émission phare des dimanches soirs à la télé de Radio-Canada. Cette réalisation a remporté le prix Annik 1975, décerné au meilleur documentaire dramatique des réseaux français et anglais de la société d’État, et elle a été choisie par cette dernière pour la représenter au festival international de télévision de Venise, en septembre 1977.
Nécessitant 32 personnages et figurants, la pièce n’a pas été reprise par un théâtre professionnel. Toutefois, deux troupes de théâtre amateur l’ont remontée, La Limonade Rose, à Québec, au début des années 1980, et Théâtre en Ville, à L’Assomption, à la toute fin des années 1990. La troupe de L’Assomption s’est produite dans la salle de l’ancien palais de justice de l’endroit et au théâtre Hector-Charland, puis s’est rendue au Palais Montcalm, à Québec.
Traduite en anglais par l’écrivain américain Leo Skir, la pièce Quebec, Spring 1918 fut publiée en 1980 dans le numéro 28 de la Canadian Theatre Review, à Dowsview, Ontario. Skir, qui en avait vu la version française au Trident, trouvait qu’il y avait beaucoup de ressemblances entre la tuerie de Québec et celle de l’université d’État de Kent, dans l’Ohio. Le 4 mai 1970, quatre étudiants protestant contre l’intervention américaine armée au Cambodge avaient été tués par la garde nationale sur leur campus. «Comme à Québec, disait Leo, ils furent quatre à mourir chez eux, de la guerre, pour s’être opposés à la guerre.»
Par ailleurs, à Québec, peu après dans les années 1980, un groupe de férus d’histoire relevait qu’il était étonnant que l’événement de 1918 ne soit d’aucune façon souligné dans la capitale. Trois des quatre personnes tuées en 1918 étant des ouvriers, la Confédération des syndicats nationaux a fait fabriquer une plaque de bronze qu’elle a apposée sur la façade de son édifice du boulevard Charest, devenu aujourd’hui la Maison de la coopération.
Et l'histoire continue. En 1989, Louis Bélanger, du conseil d’administration du Comité des citoyens du faubourg Saint-Roch a pris l’initiative d’écrire au nouveau maire de Québec, Jean-Paul L’Allier, pour demander à la Ville d’élever un monument à la mémoire de nos quatre assassinés. Bien que le maire fût sympathique à l’idée, il lui a répondu qu’il fallait plutôt qu’il s’adressât à la responsable du service des greffes et des archives, qui lui expliquerait la marche à suivre.
M. Bélanger est entré en contact avec moi, j’ai rencontré la responsable du service des greffes et des archives, et Louis et moi avons formé un comité pour lever des fonds. La tâche était ardue, mais finalement nous sommes arrivés à amasser la somme nécessaire de 80 000 dollars.
Nous avons alors ouvert un concours auprès des artistes des régions de Québec et de Chaudière-Appalaches. Soixante-sept personnes se sont montrées intéressées. Le jury en a choisi cinq et leur a demandé de préciser leur conception, de proposer une maquette. Finalement, nous avons arrêté notre choix sur le projet de Mme Aline Martineau, artiste à Québec. Nous espérions un monument sobre et seyant à l’endroit où il serait élevé, soit à la rencontre des rues Saint-Joseph, Saint-Vallier et Bagot, dans le quartier Saint-Sauveur, là où avait eu lieu la fusillade.
L’œuvre d’art commémorative signée Aline Martineau a été érigée en 1998, 80 ans après l’événement. Et, pour la circonstance, la Ville de Québec a créé la place du Printemps-1918.
La suite de cette histoire ? Peut-être nous réserve-t-elle encore des surprises. Quoi qu’il en soit, la réédition chez Lux Éditeur de ce récit lui donnera un souffle nouveau.
Jean P ROVENCHER
PRÉFACE À L’ÉDITION DE 1971
1 917, 1918. EN ONTARIO quelques années plus tôt, le Règlement 17 a attenté aux droits des écoles françaises. La guerre mondiale se poursuit, interminable. Le recrutement, la conscription font déferler, chez les anglophones canadiens, les vieilles haines raciales ; on réclame l’emprisonnement de ceux qui se sont opposés à la Loi du service militaire; on demande même la suppression du Devoir et l’« exécution » d’Henri Bourassa. Aux élections de 1917, les électeurs du Québec se sont opposés massivement au gouvernement conscriptionniste et se trouvent pratiquement sans représentation au sein du pouvoir.
Des mouvements divers surgissent un peu partout. Des bagarres, des attentats ont lieu à Montréal. Ces manifestations ne se limitent pas à la métropole ; elles s’étendent à Shawin