Vins et vignerons suisses à l’épreuve de la mondialisation : défis et perspectives , livre ebook

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« Les vins suisses lancent un SOS », « Les vignerons sont à bout », « C’est l’amertume ! ». Tels sont les titres que l’on voit apparaître régulièrement dans les médias. Pourtant, la Suisse exporte brillamment ses produits, notamment le chocolat, le fromage, les montres ou les instruments de précision. Mais la présence de ses vins à l’étranger est insignifiante et sur son propre marché, les vins européens la dominent de loin. Bien souvent, la pression sur les prix du vin et le recul de sa consommation sont évoqués pour expliquer la nature de cette crise : ces facteurs ne représentent toutefois que la partie visible de l’iceberg. Cet ouvrage entend faire comprendre les origines de cette crise profonde et y proposer des réponses. On y rencontre les nombreux protagonistes, événements et lieux de son histoire : le col du Gothard, l’aristocratie mercantile bordelaise, les grands ducs de Bourgogne, la prohibition américaine (1920-1933), l’invention du conteneur maritime, la Dolce Vita de Fellini ou le scandale du vin autrichien frelaté (1985), qui ont en commun d’avoir contribué à mettre la viticulture de notre pays un genou à terre. Si produire du vin est un art que les vignerons suisses maîtrisent, savoir le vendre dans un marché hautement concurrentiel en est un autre. En sachant tirer parti des opportunités offertes par les nouveaux comportements d’achat et la quatrième révolution industrielle, l’écologique, de véritables perspectives d’ascendance s’offrent à la filière viticole helvétique. Des solutions concrètes et inédites sont proposées dans ce livre. Il ne reste plus qu’à les découvrir.

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Nombre de lectures

2

EAN13

9782889500888

Langue

Français

© Éditions Livreo-Alphil, 2022
Rue du Tertre 10
2000 Neuchâtel
Suisse
 
 
 
www.alphil.ch
 
Alphil Diffusion
commande@alphil.ch
 
 
 
ISBN Papier : 978-2-88950-080-2
ISBN PDF : 978-2-88950-074-1
ISBN EPUB : 978-2-88950-088-8
 
 
Les Éditions Alphil bénéficient d’un soutien structurel de l’Office fédéral de la culture pour les années 2021-2025.
 
Illustration de couverture : composée à partir d’images Shutterstock.
 
Couverture, maquette et réalisation : Nusbaumer-graphistes sàrl, www.nusbaumer.ch
 
Responsable d’édition : François Lapeyronie


Avant-propos
Durant toute mon enfance, j’ai baigné dans la culture du vin, et je ne pouvais rester insensible lorsqu’en 2019, les médias ont largement évoqué la grave crise que traversent les vignerons suisses. Je me suis alors penché sur la question afin d’en comprendre les origines. À ma grande surprise, je n’ai pu trouver sur le sujet aucun « document de synthèse » accessible au public. Certes, des rapports d’analyse de qualité et des études de marché intéressantes sont disponibles ; certes, on peut également lire ou entendre les différents commentaires et points de vue des spécialistes de la branche ; mais nulle part on ne trouve de vision d’ensemble cohérente de la situation.
Me fondant sur une expérience de plus de trente ans dans la résolution de problématiques semblables dans l’industrie agroalimentaire et les médias, j’ai donc entrepris de combler l’absence d’un diagnostic général et national sur la crise des vins suisses et d’apporter une pierre, même modeste, à l’édifice, consacrant du temps (près de deux ans) et de l’énergie à l’étude de ce dossier d’une complexité extrême.
Cet ouvrage est d’abord destiné aux vignerons, accaparés par les travaux vitivinicoles et qui n’ont ni le temps ni le loisir de prendre du recul et d’effectuer un point de situation approfondi de l’environnement dans lequel ils évoluent. Mais il s’adresse aussi aux amateurs de vin, intéressés peut-être par le bénéfice d’un œil extérieur critique. Il permettra à des « novices » en la matière ou à de futurs entrepreneurs ou investisseurs de pénétrer les coulisses d’un monde dont seuls les initiés comprennent les rouages.
Je tiens à exprimer enfin ma profonde gratitude à toutes les personnes citées ci-dessous (par ordre alphabétique), qui ont eu la gentillesse de prendre le temps de répondre à toutes mes questions. Les échanges ont été de grande qualité et tous les interlocuteurs, animés d’une passion débordante et communicative pour le domaine du vin.
Jean-Paul Schwindt
Gérard Bellet, fondateur Jean Bouteille • David Bonjour, fondateur Holly People • Pierre-Emmanuel Buss, journaliste • Jean-Marie Cardebat, Université de Bordeaux • Luciano et Grazia Cavallini, Cantina Cavallini • Mégane Chappuis, œnologue •  Robert Cramer, président SWP SA • Claude Crittin, président SEVV •  Benoît Dorsaz, vigneron-encaveur • Benjamin Dupas, chef sommelier Royal Savoy • Patrick Edenwart, fondateur VinBioEtNaturel • Pierre-Alain Fauchère • Alexandre Fischer, vigneron-caviste •  Philibert Frick, exploitant Domaine A Villars • Benjamin Gehrig, directeur OVV •  Hoss Hauksson, Hauksson Weine GmbH •  Nicolas Joss, directeur SWP SA • Damien Lecomte, ingénieur agronome • François Merisier, président VINOFED • Gérard-Philippe Mabillard, directeur IVV •  Madeleine Mercier, Mémoire des Vins Suisses •  Alexandre Mondoux, responsable OSMV • Reynald Parmelin, domaine La Capitaine •  Yvan Parmelin, Domaine de la Croix • Jacques Perrin, Cave SA •  Valentine Pfirter, œnologue • Ysabelle Roberty, École du vin Muscadelle • Marco Romano, président IVVS • Maria Elena Rossi, Le Passeur de Vin • Pierre Thomas, journaliste spécialisé en vins •  Christian Vessaz, domaine Cru de l’Hôpital • José Vouillamoz, docteur en biologie et généticien de la vigne
 


Introduction
La grande Fête des Vignerons suisses est célébrée tous les 25 ans à Vevey. L’édition de 2019 a connu un immense succès populaire avec plus d’un million de visiteurs. Cette institution n’avait jusque-là jamais attiré autant de public. Cependant, à partir de la même année, des articles dans la presse et des émissions de radio et de télévision se sont enchaînés inlassablement pour informer la population – et sans doute aussi les pouvoirs publics – de la crise profonde que ces professionnels traversaient. Toutefois, ce désarroi face aux vins importés à bas prix, aux fortes pressions sur les marges exercées par la grande distribution et au soutien insuffisant d’un État au penchant libéral n’est pas nouveau, les anciens vous le diront. Mais cette fois, la gravité de la situation et l’incertitude en l’avenir qui en résulte semblent avoir franchi un palier.
Mais alors, comment se fait-il qu’un pays « champion » de l’exportation de chocolat, de café, de montres, de médicaments et d’instruments de précision soit aussi un champion de l’importation des vins ? Comment se fait-il que la Suisse occupe la première place mondiale en matière de compétitivité et que le secteur viticole se trouve en difficulté ? Comment se fait-il que la qualité des vins suisses soit reconnue sur le plan international et que le niveau d’exportation soit si faible ?
Ce qui ne manque pas de soulever de nouvelles questions : comment définit-on la qualité d’un vin ? Comment justifier que le prix d’une bouteille puisse varier de cinq francs à plus d’un millier ? Aborder ce dossier d’une extrême complexité, c’est un peu comme palper toutes les parties d’une sculpture en bronze, les yeux bandés, en ignorant qu’il s’agit du buste de Dionysos. Les commentateurs parviennent parfois à tirer des conclusions générales après n’avoir tâté que le «  nez de l’objet  ». «  Les vins suisses sont trop chers  », «  nous produisons trop de cépages pour une surface viticole aussi modeste  » ou encore «  les vins importés sont la cause de tous nos maux  », peut-on lire dans la presse. Ces déclarations ne sont pas fausses et en aucun cas trompeuses, mais elles sont de loin insuffisantes pour comprendre la problématique. Il faut donc aborder la question sous plusieurs angles – historique, économique et social – et relier tous ces précieux enseignements pour obtenir une vision globale de l’état réel de la viticulture helvétique.
L’étude conjointe de l’histoire de la mondialisation et de l’histoire du vin révèle une confrontation politique et idéologique entre les vins du Nouveau Monde – les États-Unis en tête, qui ont une page blanche comme point de départ – et la France, qui a écrit la « bible » du vin. Entre les deux, l’Italie et l’Espagne qui ont réussi in fine et avec talent à tirer leur épingle du jeu sur l’échiquier international. Et quelque part dans cette « longue traîne », la Suisse, un micropays viticole à l’échelle planétaire (1 % de la production). «  Petit pays, grands soucis  », pourrait-on dire… Entourée des géants mondiaux du vin, la Suisse ne se borne pas à subir la pression des importations de vins, elle souffre également, depuis des lustres, d’un complexe d’infériorité. Réduite à son statut de productrice de vin indigène, elle s’inspire de ce que font les plus « grands », devenant une sorte de «  me too  » (imitatrice) qui ne conserve que quelques fragments identitaires. Bien sûr, des « stars » locales et quelques « icônes » nationales brillent dans le ciel, mais l’espace est vide alors qu’il devrait être peuplé de « vieux crooners », de « jeunes pousses », d’innovateurs, de créateurs, tous rayonnant d’enthousiasme et d’ambition. Pourtant, tout est là pour bien faire. Tel le David biblique, la Suisse munie d’un «  sac avec six cailloux  » pourrait-elle au moins tenir tête au méchant Goliath ? Oui… si elle le veut.
Dans cet ouvrage, nous convoquerons l’Histoire, car elle permet d’éclairer le présent. Nous nous référerons aux chercheurs des départements de sciences humaines et sociales afin d’apporter un regard objectif sur l’évolution des sociétés et des comportements de consommation. Enfin, nous nous intéresserons aux données économiques quantifiables pour mieux comprendre le monde dans lequel nous vivons et pouvoir prendre les décisions futures en toute connaissance de cause. Rien ne sera laissé au hasard, tous les thèmes clés seront abordés, décrits et analysés pour en tirer la substance. Le vin fait partie des objets de recherche les plus étudiés dans les universités internationales. Nous avons cité l’Histoire, les sciences de l’homme et l’économie, mais le vin, aux origines millénaires, touche un éventail de disciplines et de domaines encore plus vaste : œnologie, ampélographie, géologie, géographie, biologie, écologie, religion, mythologie, culture, art, etc. La liste est longue. La somme des informations disponibles et accessibles est volumineuse ; nous avons donc structuré l’ouvrage en six grandes thématiques.
L’histoire de la mondialisation décrit l’importance du rôle joué par les États-Unis dans l’industrie de la consommation de masse. Ce pays a donné en quelque sorte son « tempo » et la planète a suivi, sans vraiment résister, assujettie sans doute à une forme d’automatisme « inconscient » au point que le réveil se révèle douloureux : la biodiversité est confrontée à un danger considérable.
La France a marqué l’histoire de la mondialisation du vin de son sceau royal, en imposant un nouvel ordre international dans lequel le breuvage est entré dans un univers de richesse, de prestige et d’excellence. En tête de file, Bordeaux a créé la notion de « cru », inventé le premier label et est devenu la première « marque » internationale de vin. Les autres vignobles français ont suivi, constituant désormais le « pays du vin » et imposant le modèle planétaire des vins de qualité. Jusqu’au jour où les Américains ont réussi à s’affranchir du joug dogmatique des codes statutai

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