180
pages
Français
Ebooks
2020
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Publié par
Date de parution
01 janvier 2020
Nombre de lectures
2
EAN13
9782304021899
Langue
Français
Poids de l'ouvrage
1 Mo
Publié par
Date de parution
01 janvier 2020
Nombre de lectures
2
EAN13
9782304021899
Langue
Français
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1 Mo
Simon Grinbaud
XI e commandement : « Tu n’oublieras point »
Préface de Serge Klarsfeld
Collection
T É moignages de la Shoah
Le Manuscrit
ISBN: 9782304021899
© 2019 Le Manuscrit
Simon Grinbaud
Présentation de la c ollection « Témoignages de la Shoah » de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah
En lançant sa collection « Témoignages de la Shoah » avec les éditions Le Manuscrit, et grâce aux nouvelles technologies de communication, la Fondation souhaite conserver et transmettre vers un large public la mémoire des victimes et des témoins des années noires des persécutions antisémites, de 1933 à 1945.
Aux nombreux ouvrages déjà parus, la Fondation espère ainsi ajouter les récits de celles et ceux dont les voix sont restées jusqu’ici sans écho : souvenirs souvent enfouis au plus profond des mémoires individuelles ou familiales, récits parfois écrits mais jamais diffusés, témoignages publiés au sortir de l’enfer des camps, mais disparus depuis trop longtemps des rayons des bibliothèques.
Si quelqu’un seul ne peut décrire l’indicible, la multiplicité des récits peut s’en approcher.
En tout cas, c’est l’objectif que s’assigne cette collection à laquelle la Fondation, grâce à son Comité de lecture composé d’historiens et de témoins, apporte sa caution morale et historique.
Face à une actualité où l’instrumentalisation des conflits divers tend à obscurcir, confondre et banaliser ce que fut la Shoah, cette collection permettra aux lecteurs, chercheurs et étudiants de mesurer la spécificité d’une persécution extrême dont les uns furent acteurs, les autres complices, et face à laquelle certains restèrent indifférents et les autres héroïques.
Puissent ces ouvrages inspirer à leurs lecteurs le rejet de l’antisémitisme et de toute autre forme d’exclusion, et l’esprit de fraternité.
Consultez le site Internet de la FMS : www.fondationshoah.org
Comité de lecture de la collection (2011)
Serge Klarsfeld, président
Henri Borlant, survivant de la déportation
Isabelle Choko, survivante de la déportation
Olivier Coquard, historien
Katy Hazan(OSE), historienne
Dominique Missika, historienne
Denis Peschanski, historien
Paul Schaffer, survivant de la déportation
Annette Zaidman, enfant cachée
Philippe Weyl, responsable de la collection
Correction : Laurence Beilvert
Voir les autres titres de la collection en fin de volume .
Biographie de Simon Grinbaud
1925 11 juillet : naissance d’Israël-Icchok (Simon) à Katerinë, faubourg ou vrier de So snowiec (Pologne), dans une famille peu pratiquante mais traditionaliste, où deux enfants sont nés avant lui, Chaja (née en 1922) et Henri (né en 1923). Une quatrième, nommée Esther, naîtra en 1927.
Sa mère Malka, née Hops, a épousé religieusement Abraham Grinbaum en 1921. Celui-ci exerce le métier de tailleur sur mesure et subvient difficilement aux besoins de la famille.
1932 Abraham, conseillé par sa clientèle (des ingénieurs français construisant le tramway à Katerinë), décide de partir pour Paris, où la vie était plus facile – loin de l’antisémitisme des Polonais –, et où il y avait beaucoup de travail dans son métier.
Sa mère, restée seule avec ses quatre enfants, vit difficilement ces années de séparation malgré quelques mandats reçus de son mari.
1937 Sa mère décide de rejoindre son mari à Paris avec ses deux filles, laissant ses garçons dans la famille en Pologne.
Fin février : À Sosnowiec, Simon, resté chez son oncle, tombe malade (fièvre typhoïde). Il est intransportable lorsque son père vient chercher ses fils. Seul son frère part en France.
Deux mois plus tard, guéri, Simon part en train, à l’âge de onze ans et demi, profitant du voyage de retour à Paris d’une voisine de ses parents, dans la joie.
1939 3 septembre : la France et le Royaume-Uni déclarent la guerre à l’Allemagne nazie suite à l’invasion de la Pologne par cette dernière.
1940 10 mai : début de la phase armée du conflit qui aboutit à la défaite française en moins de six semaines et à l’occupation allemande des trois cinquième du territoire.
1941 Arrestation du père de Simon, Abraham, par la police française, au cours d’une rafle dans un café (pour détention de fausse pièce d’identité).
Après dix-sept mois de prison, son père Abraham est livré aux nazis puis déporté en Allemagne où il disparaît.
1942 16 juillet : rafle dite du Vél’ d’Hiv’ : la mère et les deux sœurs de Simon sont prises.
18 juillet : Simon échappe de peu à cette rafle et part le lendemain rejoindre son frère, Henri, en zone « libre ». Il le retrouve à Saint-Flour (Cantal) chez leur tante Tobelë Glasman.
Il trouve du travail dans une ferme.
26 août : grande rafle dans la zone dite libre : Simon et son frère, tous deux à Saint-Flour, sont arrêtés et transférés au camp de transit de Drancy (aujourd’hui, Seine-Saint-Denis).
14 septembre : ils sont déportés par le convoi n° 32 vers « un camp de travail en Allemagne ». C’est d’abord Ottmuth puis le Judenzwangsarbeitslager (« camp de travaux forcés pour Juifs ») de Peiskretscham, non loin d’Auschwitz (Haute-Silésie, Pologne).
1944 Transférés à quelques dizaines de kilomètres, au camp de Blechhammer, Simon et Henri sont séparés pour la première fois depuis dix-neuf mois, car travaillant dans des commandos différents, mais ils se voient le soir.
1945 18 janvier : devant l’avancée des armées soviétiques, l’évacuation de leur camp commence : ils sont six mille déportés (dont certains d’autres camps) à partir à pied.
30 janvier : ils s’arrêtent au camp de Gross-Rosen pour deux jours.
2 février : après seize jours de cette « marche de la mort », Simon et Henri arrivent au camp de Buchenwald. Leur colonne ne compte plus que mille deux cents détenus.
11 avril : libération de Buchenwald.
28-29 avril : Simon et son frère, Henri, rentrent par train sanitaire à Paris, à l’hôtel Lutetia. Ils ne retrouvent aucun membre de leur famille ; tous ont disparu à Auschwitz.
1948 Décembre : mariage à Paris de Simon avec Hélène Szlagman, orpheline (ayant eu ses parents et une sœur déportés). De cette union naîtront deux enfants : Guy-Albert en 1950 et Brigitte-Estelle quatre ans plus tard.
Simon apprend le métier de son père et s’installe à son compte, où il réussit assez bien dans ses affaires.
1972 Divorcé d’avec son épouse Hélène, il fait la connaissance de Suzanne Chichportich, elle-même enfant caché dans une maison de l’UGIF durant la guerre. Elle deviendra sa femme.
1974 Naissance de son fils Max-David.
1976 Simon quitte Paris avec Suzanne et son enfant pour s’installer à Golfe-Juan (Alpes-Maritimes).
1981 Simon reconnaît Max-David et épouse Suzanne.
1984 31 décembre : année cruelle pour Simon déjà malade du cœur : Henri, son frère, meurt brutalement. Simon se remet très mal de cette disparition et passe d’hôpital en hôpital.
1993 Conseillé et guidé par son fils aîné, Guy (pédiatre à Paris), et ses connaissances dans le milieu hospitalier, Simon est présenté au service de cardiologie de la Pitié-Salpêtrière, où le professeur Gandjbakch trouve Simon « bonne taille, bon poids » pour la greffe. Après une attente de quatre mois, étant arrivé presque au bout du rouleau, Simon est transplanté cardiaque, le 25 mars.
2003 Simon fête ses dix années de transplantation cardiaque, « dix ans de vie gagnés sur la fatalité », en présence de ses trois enfants, ses quatre petits-enfants, son épouse Suzanne et quelques amis.
2008 Simon vit tranquillement sa retraite à Cannes (Alpes-Maritimes) près de sa femme et entouré de ses nombreux amis, tout en gardant le contact avec sa famille à Paris.
Préface
La vie de Simon Grinbaud est ponctuée de catastrophes et de miracles : les plages de bonheur alternent avec des abîmes de malheur et cependant il n’a rien cherché de ce qui risquait de l’écraser, mais a tout fait pour éviter de l’être. Son destin collectif de jeune Juif happé, avec sa famille, par la malchance de la Shoah aurait dû le conduire lui aussi à disparaître à jamais et sans laisser de traces. Sa bonne fortune lui a toujours permis de s’en sortir et, en définitive, d’édifier ce monument à l’échelle humaine qu’est le récit de son parcours personnel, qui part des grands froids de la Pologne continentale peu après la Première Guerre mondiale, pour aboutir aujourd’hui au xxi e siècle sous le ciel bleu de la Côte d’Azur.
Entouré de trois enfants et de quatre petits-enfants qu’il chérit, Simon Grinbaud continue à vivre intensément avec les membres de son groupe familial initial : Abraham son père, Malka sa mère, ses deux sœurs, Chaya l’aînée, Esther la benjamine, celle qui voulait « vivre toujours » et qui vit encore grâce à l’amour fraternel de Simon : quatre êtres chers que la Shoah lui a arrachés. Il y a aussi et surtout Henri, son frère plus âgé que lui de deux ans et qui a vécu chaque heure de la Shoah avec lui pendant trois ans. Une crise cardiaque l’a emporté en 1984. Ils avaient tout partagé et la mémoire si fidèle de Simon partage encore sa vie avec Henri.
Ils étaient cinq jusqu’en 1937 dans la Pologne antijuive, avant d’être six à Paris, où ils vivaient modestement mais « heureux comme Dieu en France ».
Ce bonheur, ils l’ont connu trop peu d’années, comme beaucoup de familles juives où l’école publique intègre les enfants, où à la maison on parle le yiddish et où l’on se sort progressivement des privations et de la pauvreté grâce au travail acharné de l’artisan aidé de tous les siens.
L’occupation allemande met fin à cette situation où Simon et ses proches sont encore tous ensemble, unis, aimants et aimés. Une des premières rafles de 1941 emporte le père ; la rafle du Vél’ d’Hiv’ enlève la mère et les deux filles. À dix-sept ans, Simon réussi