180
pages
Français
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2010
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Publié par
Date de parution
01 juin 2010
Nombre de lectures
0
EAN13
9782748374957
Langue
Français
C’est vers une redéfinition de la fonction « cardiologue » (et partant de la fonction « spécialiste médical ») et de son rapport à son patient que s’oriente l’essai de Françoise Gontard, fruit d’une réactualisation de sa thèse de doctorat en sciences humaines cliniques. Insistant sur l’écoute du patient, sur l’analyse aussi de ce que celui-ci dit de son existence tout au long de son suivi médical cardiologique, sondant les interférences du psychique sur le somatique sans toutefois tomber dans les extrêmes, « À cœur ouvert – approche relationnelle clinique en cardiologie » offre un espace de réflexion quant aux enjeux latents de la relation spécialiste/patient.
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Date de parution
01 juin 2010
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0
EAN13
9782748374957
Langue
Français
A coeur ouvert
Françoise Gontard
Publibook
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A coeur ouvert
Introduction
Présence au monde du Vivant-en-Relation, le Corps-en-Vie dépasse le corps réel, et sa logique interne de fonctionnement biologique dynamique.
Parmi tous les organes, le cœur est celui qui présente la plus grande richesse de valeur universelle, tant réelle que symbolique : réelle, puisque trois minutes d’interruption de contraction énergétique suffisent à provoquer inéluctablement la mort ; symbolique dans la signification de l’affectivité et de la vie, comme en témoignent, de manière éclatante, tant d’expressions littéraires, poétiques, picturales, sculpturaires, ou populaires, de tout temps et dans toutes les civilisations.
Le symbolisme du cœur dans la vie affective et dans la crainte vitale de la mort semblerait prédisposer à une étude attentive et suivie de la composante psychologique dans les maladies cardio-vasculaires. En est-il vraiment ainsi ?
La médecine psychosomatique que certains ont cru découvrir au début du XX e siècle, remonte, en fait, aux origines hippocratiques.
Pour l’école de COS déjà, la maladie la plus somatique ancrait une partie de ses racines dans le psychisme sur lequel elle se greffait avec un fort retentissement.
L’homme étant un complexe psychosomatique, il convenait de le traiter dans sa totalité .
L’intervention des facteurs psychiques dans l’angine de poitrine a été reconnue dès les premières descriptions de la maladie au XVIII e siècle, mais est restée très longtemps sous-estimée.
Sans doute depuis HEBERDEN et A.TROUSSEAU (1870), personne ne discute le retentissement des émotions dans le déclenchement du paroxysme douloureux.
Les progrès de l’approche psychosomatique ont permis d’envisager de façon plus précise l’incidence des facteurs psychologiques dans la maladie coronarienne.
On peut en effet concevoir que certains traits caractériels préexistants de longue date aux troubles cardiaques facilitent la survenue des crises en donnant à certains évènements des répercussions émotionnelles et somatiques plus intenses que chez la moyenne des individus.
Des investigations psycho-physio-pathologiques visent aujourd’hui à établir des mécanismes spécifiques rendant compte de la liaison entre les facteurs psychiques incriminés et la maladie cardiaque.
Cardiologue praticienne depuis 1966, j’ai participé, notamment en milieu hospitalier, à l’extraordinaire révolution accomplie en cardiologie durant ces dernières années.
Toutefois, la multiplicité et la diversité des progrès scientifiques ont rendu bien plus complexe, même dans une seule et même discipline, l’approche médicale consciencieuse et efficace dont nul ne conteste la légitimité.
Le cardiologue, en effet, doit savoir tirer parti non seulement, d’un interrogatoire et d’un bon examen clinique, mais aussi de l’interprétation de radiographies, électrocardiogrammes, hémodynamique ou angiocardiographie, sans oublier la médecine nucléaire, la biologie ou l’immunologie tout en évitant les examens inutiles.
Etant amené à poser des indications de chirurgie cardiaque, à cœur ouvert ou non, il ne peut ignorer les méthodes de réanimation et de surveillance en unité de soins intensifs.
Choisir parmi les différentes techniques mises à sa disposition, en tenant compte des réactions du malade à un moment donné de son histoire, assurer au patient un dialogue et une atmosphère de détente, alors qu’il se trouve aux prises avec des techniques de diagnostic souvent invasives, le faire participer le plus possible au traitement envisagé, tout en tenant compte des facteurs psychologiques et de ses réactions devant la maladie, voilà des exigences que ne pourra résoudre aucun ordinateur.
Mais pour peu qu’il y soit attentif, chaque cardiologue (comme tout médecin), se trouve confronté quotidiennement à l’interrogation passionnante mais subtile et complexe de « l’interaction somatique et psychique » des malades, et de sa propre attitude dans cette relation . Interrogation à laquelle la formation universitaire classique (à l’exception de quelques expériences récentes), prépare trop peu. D’où la difficulté ensuite, dans la pratique clinique, à apporter des réponses adaptées et satisfaisantes.
Venus consulter pour un symptôme somatique cardiovasculaire, plus ou moins grave, les patients cardiaques se considèrent, dans la grande majorité des cas, « normaux », « bien équilibrés », parfois un peu « nerveux », relativement bien « adaptés » à la réalité de leur vie familiale et socioprofessionnelle. Souvent au-dessus de leur moyenne catégorielle, mais cependant moins impliqués dans le processus de symbolisation, ils sont peu conscients de l’influence de certaines situations conflictuelles latentes ou en cours.
De plus, en règle générale, ils n’entrent dans aucune des catégories des grands syndromes psychiatriques et n’ont aucune demande d’ordre psychothérapeutique.
Existe-il un lien entre une atteinte organique grave et une structure bien adaptée à la réalité ?
Dans l’affirmative, de quelle nature est-il ?
Toute somatisation cardiaque survient dans une période de « vulnérabilité » particulière, que le médecin ne peut négliger.
Cependant, chaque patient cardio-vasculaire mentionné dans ce travail a toujours été, avant tout, traité médicalement et/ou chirurgicalement.
Après les périodes d’urgence, d’examens techniques, voire de chirurgie, vient le temps de la surveillance clinique au long cours qui, elle, précisément, favorise l’instauration d’une relation intersubjective particulière.
Au risque de se répéter, tout patient devrait pouvoir se trouver face à un médecin attentif à sa situation personnelle, à ses réactions justement à ce moment précis de sa vie afin de favoriser une ambiance détendue et une véritable communication propres à le faire participer, autant que faire se peut, au traitement envisagé.
Prendre le temps de l’écouter pour mieux percevoir son vécu, ses réactions, les répercussions de la maladie dans sa vie, lui laisser la possibilité de se définir autrement que comme malade somatique, lui permettre de parler de lui-même s’il le désire et de poser toutes les questions qui lui tiennent à cœur, créent peu à peu « un espace psycho-somatique » dans la relation thérapeutique qui se révèle, au fil des consultations d’un intérêt et d’une richesse insoupçonnables au premier abord.
Mais il convient d’essayer d’éviter deux écueils : Le premier est celui de la réduction somatique : « Pour se situer à son point de maîtrise optimum, le médecin doit canaliser l’irrationalité souvent présente au sein de la demande. Pourtant comment être assuré de la bonne adéquation d’une attitude, une fois admise la nécessité du relationnel avec ce qu’il comporte d’implication, d’altérité, de patience, de compréhension, de prise en compte d’historicité individuante dans la durée, de conflictualité éventuelle ?
Le second, celui d’une psychiatrisation du symptôme somatique qui est une trahison devant un malade ayant une demande corporelle.
L’écoute et l’accompagnement d’un patient peuvent seuls permettre une aide efficace, car il ne peut être question ni d’imposer une interprétation du sens primaire d’un symptôme, ni d’apporter une réponse à une interrogation qui n’est pas formulée.
Lorsqu’un patient affirme que « tout va bien » pour lui, et qu’il est « tout à fait normal », il est inefficace de l’adresser d’emblée à un psychiatre ou à un psychologue, comme la pratique en devient courante dans certains pays.
« Docteur, j’ai des crises d’angine de poitrine ». On « m’a dit que c’était nerveux », ou que « c’était psychique », ne résout en rien le problème. Cette constatation laisse, de plus, désarmés, bon nombre de praticiens qui profitent de l’occasion pour se débarrasser d’un malade qui n’est plus de leur ressort.
Comme ce même malade « a toujours mal » et n’a aucune envie de voir un « psy », puisqu’« il n’a pas de problèmes », risque de commencer la longue quête passant par les détours et les méandres les plus divers et les plus inadaptés.
Au demeurant, est-il toujours simple d’être à même de détecter le sens de l’irrationalité souvent à l’œuvre dans la positivité très concrète d’un symptôme donné dont le sens est avant tout paradoxal ? En effet, la mise en œuvre d’une quantité d’énergie susceptible de transformation, de déplacement, d’augmentation ou de diminution, sous-tend toute l’économie psychique jusqu’aux confins du psychique et du somatique.
La distinction entre les confins du psychique et du somatique, semble, en effet, d’une importance majeure. La possibilité de donner un sens à quelque chose qui n’en a pas a priori impliquerait un potentiel énergétique et un travail contribuant à éloigner un patient du plan purement somatique.
Or, la recherche d’un sens primaire immédiat donné aux symptômes somatiques est inefficace puisqu’ils ne procèdent pas d’une signification qui pourrait être élucidée rapidement.
Réduire un symptôme corporel à une conversion hystérique et en chercher d’emblée le sens primaire est donc voué à un échec.
Ne pas introduire le sens comme étant à l’origine de la symptomatologie, mais contribuer à le faire surgir pour rétablir un fonctionnement projectif défaillant, par l’intermédiaire d’une relation thérapeutique établie dans la confiance, reste le fondement de toute approche efficace.
En effet, le passage de l’organiqu