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Français
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2017
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Publié par
Date de parution
06 septembre 2017
Nombre de lectures
143
EAN13
9782342155761
Langue
Français
« Tout de blanc vêtu, animé d'une foi prométhéenne et estimant qu'un esclave ne peut hésiter entre son état de servitude et la liberté, le leader guinéen déclara, de façon péremptoire, entre autres : “Nous préférons la pauvreté dans la liberté à l'opulence dans l'esclavage (...) Nous ne renoncerons jamais à notre droit légitime et naturel à l'indépendance.” » Personne emblématique de l'histoire de l'indépendance de la Guinée, l'auteur nous fait découvrir Ahmed Sékou Touré, instigateur du renouveau africain. À travers les détails d'une vie hors normes semée d'embûches se dévoile la volonté d'un homme pour le bien d'un peuple opprimé par l'ère colonialiste, présentée avec brio et talent. Un ouvrage passionnant et riche d'enseignements sur le gouvernement gaulliste face à l'envol d'un pays en quête de liberté.
Publié par
Date de parution
06 septembre 2017
Nombre de lectures
143
EAN13
9782342155761
Langue
Français
Ahmed Sékou Touré
Sidiki Kobélé Kéïta
Publibook
Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
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Ahmed Sékou Touré
« Que savent-ils donc, ces écrivains éminents, d’un homme dont ils condamnent la mémoire ? Des fables intéressées. »
Henri Béraud
« Sékou Touré a été l’artisan de l’indépendance de la Guinée. »
Le général Lansana Conté
« Sékou Touré, l’un des plus remarquables et des plus écoutés des chefs d’État du continent. »
François Mitterrand
« L’Afrique perd l’un des plus grands défenseurs des intérêts du continent. »
Félix Houphouët-Boigny
Préface 1
Il faudra encore sans doute du temps avant que le parcours politique et l’action du président Ahmed Sékou Touré puissent faire l’objet d’une analyse parfaitement sereine. Peu d’hommes politiques contemporains ont soulevé autant de passion, pour ou contre.
Contre lui s’est élevé un torrent de haine et de calomnies.
Comprenons-nous bien : pour lui, pour tout autre, toute critique est recevable, mais à condition qu’elle soit étayée sur des faits.
Or, dans son cas, il va être, dès l’origine, « diabolisé » par les coloniaux et leurs continuateurs : son aspiration à une indépendance réelle des peuples d’Afrique, une indépendance excluant toute forme de néocolonialisme ou de « tutelle », fut-elle « internationale », était insupportable. Il a été de ce fait dénoncé comme « communiste », « totalitaire », avec toute la phraséologie habituelle. Tel voyageur débarquant à Conakry au lendemain de l’indépendance, ne voyait-il pas dans les casquettes qui avaient remplacé les képis le signe évident du totalitarisme triomphant ? Mais, très vite, il se verra aussi accusé « de gauche », de compromission, avec les forces du capitalisme et l’impérialisme qu’il dénonçait de conduire une politique qui n’aurait différé en rien de celle pratiquée en Côte d’Ivoire ou au Sénégal.
Dans un cas comme dans l’autre, le préjugé idéologique joue à plein et dispense de tout examen objectif des faits et actes de celui qui est accusé.
L’auteur de l’ouvrage que nous présentons ici s’est attaché à une étude minutieuse et approfondie du parcours du combattant anticolonial, de ses débuts à l’indépendance (1958), une indépendance qui, rappelons-le, fut la première dans l’Afrique française subsaharienne à ouvrir la voie à toutes les autres.
Professeur d’histoire à la faculté des Lettres et des Sciences humaines de l’université de Conakry, M. Sidiki Kobélé Kéïta a fait ses études secondaires au lycée Marceau à Chartres (France), puis ses études supérieures à la Sorbonne. Comme beaucoup d’autres Guinéens de sa génération, il a abrégé ses études pour venir se mettre à la disposition de son pays, où les cadres manquaient alors cruellement. Licencié d’histoire, il abandonna la préparation d’une thèse pour laquelle il était inscrit, pour acquérir un diplôme de bibliothécaire afin d’être affecté dès son retour, en 1967, aux fonctions de directeur des archives et de la Bibliothèque nationale de Conakry.
Il acquit dans ses fonctions, comme dans celle de directeur général de l’Institut central de coordination de la recherche et de la documentation de Guinée, une expérience mise à profit dans ses premiers travaux – dont une histoire du parti démocratique de Guinée (section du rassemblement démocratique africain) – qui ont fait de lui le premier et l’un des plus éminents « contemporanéistes » de Guinée.
Dans le présent ouvrage comme dans les précédents, M. Sidiki Kobélé Kéïta s’appuie solidement sur les sources imprimées et les archives en les confrontant aux témoignages des contemporains.
De cette personnalité, je voudrais souligner ici, en y ajoutant des éléments relevant de mon témoignage personnel, quelques aspects fondamentaux trop souvent obscurcis.
Une première remarque : Sékou Touré fut, en tous points, un « self-made-man », un homme qui s’est fait lui-même. Le régime colonial n’offrait aux « indigènes » qu’une voie de formation intellectuelle étroite, les conduisant d’ailleurs exclusivement aux fonctions subalternes de l’appareil colonial : instituteur « africain », médecin « africain » commis expéditionnaire, étaient les « bâtons de Maréchal » offerts à l’ambition des « sujets » français. Le cursus : École régionale, École primaire supérieure, et pour une mince élite, école normale William-Ponty et École de médecine ne conduisaient que là. L’enseignement secondaire – représenté par les deux lycées, Van-Vollenhoven à Dakar, Faidherbe à Saint-Louis – était réservé, pour l’essentiel, aux jeunes Européens. En 1946-1947, enseignant au lycée Van-Vollenhoven, je n’avais dans ma classe de première classique que trois élèves africains sur un total de quarante.
Les universités, celles de France, puisqu’il n’en existait pas en Afrique, étaient pratiquement fermées aux Africains, sauf rares cas d’espèce.
Instituteurs et médecins « africains », titulaires d’un diplôme de validité purement locale, ne pouvaient accéder aux titres « métropolitains ». Il aurait fallu pour cela qu’ils puissent préparer les examens du brevet supérieur et baccalauréat, ce qui leur était en règle générale impossible. Lorsqu’un directeur de l’école normale William-Ponty, dans les années vingt, réussit à faire accepter par le gouvernement général un arrêté prévoyant la préparation en AOF du brevet élémentaire et du brevet supérieur (qui étaient alors les titres exigés des instituteurs français), le directeur général de l’enseignement le fit promptement annuler. Dans ses mémoires, Mamadou Dia, instituteur sorti de William-Ponty, et qui avait réussi, seul, à préparer et à passer avec succès la première partie du baccalauréat, raconte comment ce même directeur général le fit nommer dans un des postes de brousse les plus reculés, afin qu’il ne puisse pas préparer la seconde partie !
Sékou Touré, malgré ses incontestables capacités scolaires, se vit fermer même cette voie étroite. Il se forma entièrement lui-même, comme le texte qui suit le montre. Il fut un « autodidacte » au plein sens du terme, un terme que certains de ses adversaires lui jetèrent à la tête avec un mépris condescendant. Il fut strictement son propre maître, ce qui n’est pas fréquent. Certes, il a emprunté beaucoup, à travers ses lectures, à l’analyse marxiste, qui donnait une explication du phénomène, dont l’expérience – ce qui fut fait d’ailleurs par de très nombreux autres leaders nationalistes du Tiers-Monde. Mais il ne s’est rallié à aucune doctrine toute faite, il a poursuivi et développé dans tous les domaines ses propres analyses et interprétations personnelles. Ce qui le situe à une infinie distance de tant d’intellectuels se targuant de leurs cursus universitaires, mais qui ne font que répéter, pas toujours avec talent, ce qu’ils ont entendu ailleurs.
On a voulu à tout prix – psychose de la guerre froide aidant – qu’il ait fréquenté des « écoles » syndicales ou politiques dans les pays de l’Est : j’ai lui récemment un texte qui lui attribuait la fréquentation d’une « école syndicale » en Tchécoslovaquie ! Tout cela relève de la légende. En passant, il n’y avait pas d’école syndicale destinée aux syndicalistes du Tiers-Monde en Tchécoslovaquie, il n’en existait qu’une, à Bernau, en Allemagne de l’Est.
Il n’a eu ni maître à penser, « ni inspirateur », ni « éminence grise » (ou « blanche »), ou « noire ». Personne n’a jamais inspiré et encore moins dicté ses décisions ; personne n’a écrit pour lui ses discours. Soit dit en passant, ses discours n’étaient presque jamais écrits à l’avance ; mais ils n’étaient pas pour autant improvisés. Ils étaient le fruit d’une longue réflexion et préparation intérieure, strictement personnelle.
Seconde remarque : le dévouement à la cause du peuple, l’intégrité et le total désintéressement personnel de Sékou Touré ne peuvent être mis en doute. Et c’est ce que beaucoup ne lui pardonnent pas, voyant, dans son exemple, une critique implicite de leur propre comportement.
Son action n’a jamais été inspirée par la recherche d’un avantage personnel. S’il avait suivi, après 1958, la voie empruntée par la plupart des chefs d’État africains, ce que son autorité conquise dans le combat pour l’indépendance lui aurait permis de faire, il aurait eu la vie plus facile et plus confortable !
Certes, il a dû parfois ruser, accepter des compromis. Et ceux-ci ne sont pas déshonorants lorsqu’ils ne sont qu’un moyen et non une fin. En 1950, les dirigeants du PDG étaient tous frappés de mesures disciplinaires (révocations, mutations), écrasés de condamnations et d’amendes. Le ralliement opéré en 1951 à la ligne d’Houphouët-Boigny ne fut pas un reniement, mais un repli tactique qui permit d’obtenir une pause dans la répression et de reprendre le combat sur des bases mieux adaptées.
Un peu plus tard, l’administration (avec l’appui d’Houphouët) crut pouvoir l’utiliser en subventionnant la CGTA, conçue par elle comme un moyen de lutte contre la CGT et contre l’unité syndicale. Il utilisa les fonds obtenus exclusivement pour affecter au service du mouvement syndical et politique, et réalisa finalement l’unité syndicale.
Jusqu’à ces derniers jours, il vécut dans la plus extrême simplicité, et ne puisa jamais dans les ressources publiques pour se livrer à des dépenses personnelles somptuaires, encore moins pour se constituer des comptes ou des placements à l’étranger !
Et c’est cela encore que beaucoup ne lui pardonnent pas, y voyant un reproche vivant à leurs propres comportements.
Il consacra sa vie et tous ses mo