177
pages
Français
Ebooks
2015
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Ebook
2015
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Publié par
Date de parution
11 février 2015
Nombre de lectures
3
EAN13
9782894557310
Langue
Français
Publié par
Date de parution
11 février 2015
Nombre de lectures
3
EAN13
9782894557310
Langue
Français
Guy Saint-Jean Éditeur
3440, boul. Industriel
Laval (Québec) Canada H7L 4R9
450 663-1777
info@saint-jeanediteur.com
www.saint-jeanediteur.com
•••••••••••••••••••
Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada
Palmo, Lodrö, 1948-
L’arme de la bienveillance
ISBN 978-2-89455-730-3
1. Vie spirituelle - Bouddhisme. 2. Tranquillité d’esprit - Aspect religieux - Bouddhisme. I. Titre.
BQ5660.P34 2015 294.3’444 C2014-942631-3
•••••••••••••••••••
Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada (FLC) ainsi que celle de la SODEC pour nos activités d’édition.
Gouvernement du Québec — Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres — Gestion SODEC
© Guy Saint-Jean Éditeur inc. 2015
Révision : Karine Morneau et Linda Nantel
Correction : Émilie Leclerc
Conception de la couverture : Rodéo
Photo de la page couverture : Véronique Boncompagni
Conception graphique et mise en pages : Christiane Séguin
Dépôt légal — Bibliothèque et Archives nationales du Québec, Bibliothèque et Archives Canada, 2015
ISBN : 978-2-89455-730-3
ePub : 978-2-89455-731-0
PDF : 978-2-89455-732-7
Tous droits de traduction et d’adaptation réservés. Toute reproduction d’un extrait de ce livre, par quelque procédé que ce soit, est strictement interdite sans l’autorisation écrite de l’éditeur.
Guy Saint-Jean Éditeur est membre
de l’Association nationale des éditeurs de livres (ANEL).
PRÉFACE
J’ai longtemps rêvé de rencontrer des moines bouddhistes .
Tout m’attirait chez eux : leur humilité, leur simplicité et leur dépouillement .
Leur silence, peut-être…
Je voyais de la noblesse dans leurs robes jaune et marron . J’étais fasciné par la lenteur de leurs pas et la grâce de leurs mouvements . Je m’émerveillais de leur rire, de la paix qui accompagnait leur sourire et de leurs gestes de compassion à l’égard d’autrui.
Ils semblaient avoir apprivoisé la souffrance et découvert la sérénité. Il suffisait que je voie l’une de ces têtes rasées à la télévision ou lors d’un voyage pour que je sois immédiatement touché, voire bouleversé .
Je les auréolais d’un mystère qui m’attirait terriblement .
Mais, chaque fois qu’il m’arrivait d’en croiser un, je n’osais pas l’aborder. Je demeurais à distance, le contemplant comme on contemple une œuvre d’art. Je figeais, aussi curieux qu’un enfant qui explore le visage d’un étranger. Ces êtres humains m’apparaissaient inaccessibles, hors du temps et hors du monde .
Alors que j’aurais souhaité m’asseoir en leur présence, écouter leurs enseignements et m’imprégner de leur sagesse, je n’osais pas établir le contact. Mon élan vers leur savoir était retenu par la crainte de les déranger, d’être intrusif ou de perturber quelque chose de sacré. J’avais soif de comprendre leur parcours vers la quiétude, mais, dès que je m’approchais de l’un d’entre eux, ma voix s’éteignait. Parvenu à sa hauteur, je ne savais plus quoi lui dire . Il m’intimidait . Ce n’était pas une preuve de respect ; j’avais peur de paraître déplacé ou un peu idiot. Et si j’avais l’impression de le voir saisir mon regard émerveillé, j’avais envie de disparaître et de m’effacer.
Je ne connaissais rien au bouddhisme – ou à peu près rien . J’avais bien parcouru quelques écrits, mais, malgré un certain plaisir intellectuel, je demeurais habité par le doute. Je reconnaissais bien sûr les bienfaits de la méditation – puisque je la pratiquais –, mais je n’avais pas encore saisi la profonde signification de cet « exercice ». L’écart demeurait encore grand, à mes yeux, entre des pratiques vécues dans des lieux fermés sur eux-mêmes – les monastères – et ces mêmes pratiques appliquées dans l’univers agité où j’essayais, tant bien que mal, de vivre ma vie .
J’avais pourtant d’innombrables questions : ces humains avaient-ils réellement échappé à la souffrance ? Si oui, comment s’y étaient-ils pris ? Était-il possible d’y parvenir en dehors d’un monastère ? Fallait-il se retirer du monde pour trouver la paix d’esprit ? Comment se comporterait un moine bouddhiste dans notre quotidien surchargé, nos rythmes effrénés et nos vies de fou ? Pouvions-nous, en tant que citoyens de la modernité, adapter leurs enseignements à nos sociétés faites de compétition et de vitesse ?
J’ai un jour eu la chance de me rendre au Népal et de séjourner au monastère de Shechen . J’ai eu l’immense privilège d’écouter les enseignements de membres de la communauté monastique. Ces hommes humbles partageaient avec une grande générosité leur savoir et leur regard aimant sur la vie. J’ai même pu les interroger, en bégayant ou presque, sur des notions aussi complexes que le désir, l’amour ou la mort. Ils répondaient toujours avec patience et courtoisie. Leurs réponses étaient inspirantes et utiles. Mais malgré la proximité physique – nous étions seulement une vingtaine en leur compagnie – et l’extrême qualité de leur présence, je demeurais intimidé. Ils appartenaient à un autre univers que le mien. Mon questionnement sur l’application de leurs enseignements à une vie laïque ne s’était pas dissipé.
Puis, par l’entremise d’un ami, j’ai fait la rencontre d’une nonne, ici même à Montréal : Ani Lodrö. Déjà, c’était une surprise : une femme, revêtue des robes jaune et marron, vivait au cœur de la communauté, de la cité. Elle devait faire face aux aléas du quotidien : gagner sa vie, faire ses emplettes, entretenir son appartement, etc. Elle pourrait peut-être répondre à mes interrogations .
Dès notre premier entretien, Ani Lodrö m’a parlé du « monastère dans notre cœur ». L’image était forte et vibrante : nous portions en nous-mêmes ce symbole universel de tranquillité . Nul besoin de se retirer sur une montagne pour trouver la paix ; nous pouvions rejoindre ce lieu à même notre être, et y vivre. La méditation, dans la bouche d’Ani, devenait un temps d’arrêt pour découvrir les pièges que l’activité mentale fabrique : toutes ces histoires que nous nous racontons constamment à notre propre sujet – les « je ne suis pas chanceux », « je n’ai pas réussi », « je n’y arriverai jamais » et autres scénarios catastrophe du même genre. Ani disait que méditer, c’est en quelque sorte observer le « ronron » psychique qui nous fait souffrir inutilement et qui nous empêche de réaliser notre potentiel de sagesse et de compassion, ce qu’elle appelait notre « bonté fondamentale ».
Elle me parlait comme on parle à un ami ! Et nous venions à peine de nous rencontrer… Il s’agissait de l’un de ces moments précieux où le mot « confiance » n’est plus nécessaire pour décrire ce qui se vit ; tout est facile, et cela suffit.
Elle partageait, avec une transparence et une franchise admirables, les difficultés qu’elle avait traversées au cours de son existence et celles qu’elle traversait encore chaque jour. Elle n’avait aucun rapport avec les êtres éthérés ou désincarnés que j’avais imaginés. Elle racontait ses démons, ses travers et ses déboires avec un humour à la fois décapant et apaisant. Les robes jaune et marron ne constituaient plus une barrière, mais un prétexte pour explorer ensemble la souffrance humaine – surtout celle qu’on s’inflige à soi-même sans s’en rendre compte .
Il ne subsistait entre nous aucune impression de distanc