80
pages
Français
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2016
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Publié par
Date de parution
01 octobre 2016
Nombre de lectures
10
EAN13
9791022501866
Langue
Français
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Date de parution
01 octobre 2016
Nombre de lectures
10
EAN13
9791022501866
Langue
Français
Les Éditions Albouraq
– Études –
Dar Albouraq©
– Face à l’Université d’al-Azhar-Beyrouth –
B.P. : 13/5384
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Tél / fax : 00 96 11 788 059
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Tous droits de reproduction, d’adaptation ou de traduction, par quelque procédé que ce soit, réservés pour tous les pays à l’Éditeur.
1428-2007
ISBN 978-2-84161-333-5- EAN 9782841613335
A LI S HARIATI
L’OUMMA
et
L’IMAMAT
Traduit de l’arabe par l’équipe Albouraq
Albouraq
I NTRODUCTION
L’Oumma (la Communauté Islamique) et l’Imamat (la Direction Spirituelle et Temporelle des Musulmans) sont parmi les principes les plus importants et les plus célèbres de la doctrine islamique, principalement pour le courant chiite, dont elles constituent un fondement essentiel.
À partir de là, il nous est possible d’affirmer que « l’Oumma » et « l’Imamat » sont nos principes les plus anciens et les plus solides, à nous, les musulmans et, principalement, à nous les chiites. Sous une autre perspective, ils sont aussi parmi les objets de recherche les plus récents et les plus modernes car jusqu’ici, ceux de nos savants, qui les ont traités par le passé, ne les ont abordés que sous leurs aspects théologiques et philosophiques, en ne les considérant que comme des questions doctrinales ou des objets métaphysiques. Sans dire que la recherche qui porte sur l’Oumma et l’Imamat soit pleinement liée à la vie de l’homme, il faut néanmoins reconnaître que les aspects les plus importants de ces questions et de ces principes doctrinaux sont liés à la vie en société et à son lien à notre vie sur cette terre et dans cet univers. Il s’agit donc de l’une des questions religieuses les plus importantes et les plus actuelles, et nous devons, à chaque nouvelle évolution de l’histoire, les aborder à nouveau, en leur restituant leur vitalité, leur effectivité et leur dynamique.
Ce que je vise principalement à travers cette étude, c’est la dimension sociale de la recherche sur l’Oumma et l’Imamat. À cet égard, j’attire l’attention des frères et des sœurs qui liront cette étude sur le fait que nous la traitons par le biais des sciences sociales, c’est-à-dire avec un nouveau langage. Et si tu tombes, « cher lecteur », sur des expressions et des concepts qui ne sont généralement pas employés dans ce genre de recherches, il faut mettre cela sur le compte de la diversité des langages, sur la méthode terminologique et les variations des perspectives sur le sujet traité, non sur le fondement de la croyance elle-même.
Il est évident que les « croyants par hérédité » ainsi que certains « fidèles traditionalistes », qui ne supportent aucun changement dans la compréhension de la religion et de son message, considèrent toute nouvelle vision et toute nouvelle déduction comme une mécréance et comme une aberration. Ils estiment en effet que « l’essence de la religion » – qui est immuable comme la nature – est équivalente à « la compréhension et à la connaissance de la religion », qui sont en fait plus proches des sciences de la nature en tant qu’elles sont variables et complémentaires. En définitive, ils considèrent que la « science généalogique » est « la vérité première de l’Islam » elle-même. Partant de là, ils rejettent toute nouvelle recherche ou toute nouvelle interprétation. Ils vont même jusqu’à récuser tout nouveau langage dans la manière de présenter les choses qui diffèrent de celle des anciens et le déclarent nul et non avenu. Ils vont même jusqu’à taxer toute réforme méthodologique dans l’exposé et la prédication comme une innovation blâmable ( bid‘a ).
Il est donc naturel que ceux-là ne s’en tiennent qu’à l’imitation des anciens ainsi qu’à l’enseignement et à la répétition des mêmes concepts traditionnels rapportés à travers les âges.
Il est donc tout aussi naturel qu’ils n’assimilent ni ne prêtent attention à aucune rénovation, surtout pour ce qui touche la compréhension de la doctrine et le renouveau de « la vie de la religion », car cela pourrait sortir cette pensée de son isolement et en faire une question qui engage les intellectuels et qui diffuse sa vitalité et son esprit d’édification.
C’est comme si ces gens disaient : le village va se transformer en ville et cela ne plait pas à nos chefs locaux ( Zaïm )… Car il y n’a rien de bon dans la ville, où les péchés se multiplient, où les hommes se passent de l’évocation de Dieu, et où les yeux des paysans s’ouvrent, ce qui les conduit à ne plus craindre Dieu et à se dépouiller de tous les liens qui les retiennent… Nous craignons ce jour où il n’y aura plus ni maître, ni cheikh, ni aucun autre garde-fou ... !
Notre propos s’adresse à ceux qui souffrent dans tout leur être de cette immobilité, de cet appauvrissement et de cette dégradation qui ont permis à certains de transformer cette « cité » florissante en un village au sein duquel ils peuvent dominer les gens. Il s’adresse à ceux qui attendent avec sincérité et espoir que ce village redevienne une « cité », ceux pour qui la « religion » est « foi », ceux qui ne sont que des croyants sans plus et qui ne se considèrent pas eux-mêmes comme les justes et les réservistes de la religion, à l’instar de Louis XIV, « roi de France », qui affirmait : « l’État c’est moi ».
La réforme religieuse base de l’éveil ( nahda )
Afin de mieux comprendre ce que nous allons étudier au cours de ces trois soirées 1 , je voudrais présenter une petite étude qui pourrait servir d’introduction à l’exposé qui va suivre :
Depuis l’époque de Jamaloudine Al-Afghani, nous avons compris que l’Islam n’est pas tel qu’il est présenté au public. Nous avons appris qu’il y avait dans nos têtes beaucoup de règles doctrinales et beaucoup de pratiques illusoires et sans fondement – comme c’est le cas actuellement – ou simplement truffés d’éléments étrangers, ou ayant une origine inconnue. En tout état de cause, nous avons compris, au cours du siècle précédent, que nous devions nous engager, nous autres musulmans, sur la voie d’une réforme profonde et d’une pensée religieuse assainie, que nous avions besoin de revivifier l’Islam et de revenir aux sources pures et originelles dont nous nous sommes éloignés depuis quatorze siècles. C’est même cet éloignement qui est devenu la raison pour laquelle l’Islam est devenu ambigu et confus à nos yeux 2 .
Cette question va de soi ; toutefois, elle n’est pas ordinaire ou précaire et n’appelle aucun regret, mais plutôt une énorme responsabilité qui incombe en premier lieu à nos intellectuels, à nos écrivains et ulémas.
La responsabilité vitale et immédiate qui est la nôtre est la suivante : assainir la réflexion religieuse par un retour aux sources pures de l’islam originel. Expulser et éloigner les éléments extérieurs qui, depuis longtemps, se sont imbriqués dans notre pensée doctrinale et religieuse, éléments produits par le système tyrannique, les cultures aristocratiques, les ségrégations sociales et les intérêts politiques, c’est-à-dire toute idée d’intérêt semé dans le sol de l’ignorance au cours des siècles de notre histoire islamique.
L’impact des grands réformateurs chrétiens d’Europe, de Luther et Calvin en particulier, sur l’éveil des consciences, la mobilisation des énergies et la préparation morale des masses du monde occidental, pendant la période de pétrification du Moyen-Âge, a été si profond et si global qu’il faut le considérer, selon moi, comme le véritable point de départ de l’éveil scientifique, philosophique et social de l’Europe, comme la voie nécessaire qui a mené à la citoyenneté moderne. Sans la « Réforme », l’éveil s’en serait retrouvé retardé dans le temps, ne se serait pas produit avec cette ampleur et se serait limité à des secteurs particuliers, ceux des intellectuels, des savants et des penseurs.
Avec une telle position, je m’oppose à ce que répètent souvent les historiens et les écrivains occidentaux : la révolution industrielle n’est pas le seul facteur qui a permis de sortir du M