La Laïcité française pour débutants , livre ebook

icon

122

pages

icon

Français

icon

Ebooks

2016

Écrit par

Publié par

icon jeton

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Lire un extrait
Lire un extrait

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne En savoir plus

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
icon

122

pages

icon

Français

icon

Ebooks

2016

icon jeton

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Lire un extrait
Lire un extrait

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne En savoir plus

« Il existe donc non pas une laïcité unique, mais différentes représentations de la laïcité. La laïcité “à la française” est un mixte de plusieurs “types” de laïcité, rejetant toutes les formes d'intolérance. C'est ce qui en fait sa spécificité et sa richesse. La laïcité se présente comme une forme de garantie pour toutes les religions, car aucune ne se trouve valorisée. Si la laïcité française préconise la séparation des Églises et de l'État, elle n'impose cependant pas la négation du religieux. La laïcité n'est donc pas l'ennemie des religions, et chacun peut ainsi vivre en harmonie avec autrui, qu'il soit croyant, agnostique ou athée. La laïcité sécurise l'espace de liberté : c'est la condition du “vivre ensemble”. » Dans une France en proie à des questions identitaro-religieuses trop souvent délétères, c'est à un effort de définition et d'explication bénéfique que se livre D. Pereira avec cet essai qui délimite les frontières de notre laïcité, pose ses relations avec le fait religieux et remonte dans son histoire pour réfléchir à son devenir... Combinant didactique et limpidité, érudition et accessibilité, cet ouvrage redonne tout son sens à l'un des concepts clés de notre République et de notre société. À lire dès le collège, pour accom-pagner les premières leçons d'instruction civique !

Voir icon arrow

Publié par

Date de parution

16 novembre 2016

Nombre de lectures

6

EAN13

9782342057928

Langue

Français

La Laïcité française pour débutants
Didier Pereira
Publibook

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Publibook
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
La Laïcité française pour débutants
 
« Revenons à la laïcité : c’est la seule solution pour qu’il puisse y avoir la paix entre des gens venant d’horizons différents. »
Élisabeth Badinter
 
Les mots et noms suivis d’un astérisque sont expliqués dans le lexique en fin d’ouvrage.
 
1. Laïcité : de quoi parle-t-on ?
Le concept de laïcité « à la française » est né à un moment où, pour faire face à de nombreuses guerres religieuses – près d’ une dizaine vont se dérouler de 1562 à 1598 –, il a été nécessaire de trouver le moyen de faire vivre ensemble des gens de différentes croyances. Petit à petit, va émerger alors l’idée d’une séparation de l’État et du religieux. Comme répondant à Étienne de La Boétie sur la « servitude volontaire » – pourquoi l’homme préfère que l’on pense à sa place plutôt que de penser par lui-même ? –, question qui fait référence à la tyrannie, à l’acceptation de l’ autorité et au rôle de la religion, les philosophes des Lumières*, qui critiquaient les dogmes* et les rites*, préconisèrent notamment l’abolition de la monarchie absolue et une religion* plus tolérante afin que chacun puisse penser par lui-même et trouver ainsi sa propre liberté. De la liberté du culte découlait alors la liberté de conscience*.
Étymologiquement, le terme « laïque »* vient du mot grec laikos, lui-même dérivé du mot grec laos (peuple). Au Moyen Âge, l’homme du « peuple commun » se distinguait du clergé* auquel il n’appartenait pas. Le mot « laïcité » proprement dit semble être apparu le 11 novembre 1871 dans un texte relatif à l’enseignement rédigé par Ferdinand Buisson, homme politique du xviii e  siècle co nnu pour son combat en faveur d’un enseignement laïque, qui, seize a ns plus tard, reconnaissant que ce mot avait du mal à s’imposer, écrivit : « Ce mot est nouveau et, quoique correctement formé, n’est pas encore d’un usage général. » Remarquons que le mot laïcité est intraduisible et ne possède pas son équivalent en anglais. Les Anglo-Saxons utilisent plutôt le terme de sécularisme ( secularism ) qui est un peu différent. C’est une doctrine selon laquelle les religions ne doivent pas exercer de pouvoir politique ni influencer le gouvernement . Elles ne doivent avoir aucune emprise morale sur les pratiques individuelles et collectives. Jean Baubérot, sociologue et historien, précise : « La sécularisation implique une relative et progressive perte de pertinence sociale des univers religieux par rapport à la culture commune .  » C’est en fait une perte d’influence religieuse dans la société civile. Dans ce cadre, la laïcité est plus que la sécularisation, car elle vise à émanciper l’homme de la tutelle cléricale, et ce sans porter atteinte à la religion.
Il n’existe pas de définition officielle de la laïcité. Le Larousse la définit ainsi : « Conception et organisation de la société fondée sur la séparation de l’Église et de l’État et qui exclut les Églises de l’exercice de tout pouvoir politique ou administratif, et, en particulier, de l’organisation de l’enseignement. » La laïcité fait en effet partie intégrante de notre système éducatif. Plus près de nous, le philosophe Henri Pena-Ruiz, auteur du livre Dictionnaire amoureux de la laïcité , nous en donne sa définition : « La laïcité, c’est un cadre juridique et politique permettant à des êtres différents du point de vue des options spirituelles ou des convictions personnelles de vivre ensemble. Les individus se distinguent selon trois grands types d’options spirituelles, les uns croyant à une puissance supérieure, d’autres sont athées et nient l’existence de Dieu et finalement ceux qui ne prennent ni de position religieuse ou antireligieuse et suspendent leur jugement. On les appelle agnostiques. La laïcité propose à ces personnes de vivre ensemble sur la base de trois principes : le premier, c’est la liberté de conscience qui reconnaît à chacun le droit de croire ou non, le second, c’est l’égalité de droits, qui signifie qu’il n’y a pas de raison de donner plus aux uns qu’aux autres, excluant d’accorder tout privilège public, soit à la religion, soit à l’athéisme. Et le troisième principe est celui de l’universalisme*. »
En nous aidant de l’approche de Jean Baubérot et de son livre Les Sept Laïcités françaises , nous pouvons distinguer les laïcités suivantes :
- antireligieuse : portée par Maurice Allard (1860-1942), socialiste révolutionnaire, elle s’attaquait directement à la religion. Lors des débats sur la loi de 1905, il affirme qu’« il y a incompatibilité entre l’Église, le catholicisme ou même le christianisme et tout régime républicain ». La laïcité est dans ce cadre une arme contre les religions ;
- gallicane : vision autoritaire portée par Émile Combes (1835-1921) du parti radical. Celui-ci voulait notamment contrôler la religion et supprimer les congrégations religieuses qui sont liées directement au pape. Son approche accentue le pouvoir de l’État sur les religions ;
- séparatiste stricte : une séparation souhaitée par Ferdinand Buisson (1841-1932), séparation qui devait apporter la liberté de conscience des individus (croire ou ne pas croire) ;
- séparatiste inclusive : elle s’accompagne d’une démarche de tolérance*. C’est la ligne de la Ligue de l’enseignement ;
- ouverte : elle se rapproche de la laïcité définie aux États-Unis. Son objectif est de fournir un contenu positif à la liberté religieuse. S’oppose philosophiquement à la laïcité définie par la loi de 1905 ;
- identitaire : très décriée, cette approche est empreinte d’un discours catégorique et absolu. La laïcité se veut la réponse à tous les maux de la société. Elle s’accompagne d’un discours sur les « racines chrétiennes » ou « judéo-chrétiennes » de la France ;
- concordataire : système dans lequel les cultes sont reconnus et qui n’impose pas la laïcisation de l’école publique. Dans le régime concordataire de l’Alsace-Moselle, où la loi de 1905 ne s’applique pas, l’État intervient dans l’organisation et le fonctionnement des différents cultes. Quatre cultes sont concernés : le culte catholique, les cultes protestants luthérien et réformé ainsi que le culte israélite. Précisons également que Mayotte, la Guyane, la Polynésie française, Saint-Pierre-et-Miquelon, la Nouvelle-Calédonie et les Terres australes et antarctiques françaises relèvent d’un régime institué par les décrets Mandel de 1939, avec, pour chacune de ces collectivités d’outre-mer, des spécificités particulières en matière d’organisation des cultes.

Il existe donc non pas une laïcité unique, mais différentes représentations de la laïcité. La laïcité « à la française » est un mixte de plusieurs « types » de laïcité, rejetant toutes les formes d’intolérance. C’est ce qui en fait sa spécificité et sa richesse. La laïcité se présente comme une forme de garantie pour toutes les religions, car aucune ne se trouve valorisée. Si la laïcité française préconise la séparation des Églises et de l’État, elle n’impose cependant pas la négation du religieux. La laïcité n’est donc pas l’ennemie des religions, et chacun peut ainsi vivre en harmonie avec autrui, qu’il soit croyant, agnostique ou athée. La laïcité sécurise l’espace de liberté : c’est la condition du « vivre ensemble ».
2. Idées reçues
Les débats sur la laïcité sont souvent confus, car chacun possède sa propre vision et sa propre interprétation. Voici quelques idées reçues :
1. Laïcité = athéisme
C’est, il est vrai, une confusion courante. La laïcité n’est pas antireligieuse alors que l’athéisme implique l’absence de croyance en un Dieu. En manque de preuves, nous ne pouvons croire en son existence. Spinoza, comme nous le verrons plus loin, n’était pas athée puisqu’il croyait en Dieu. Il nous précise cependant qu’« Un seul miracle devrait conduire à l’athéisme, dans la mesure où Dieu, la substance et la nature ne sont qu’un seul et même être nécessaire   ». Conformément à ce qui a été souligné précédemment, on peut naturellement être athée et laïque puisque la laïcité est l’indépendance des institutions d’un État par rapport aux religions. Les deux ont en commun la non-reconnaissance d’une autorité divine. Le philosophe André Comte - Sponville se dit athée. Il qualifie l’athéisme de « spiritualité laïque » : une religion sans Dieu. Pour lui, la religion s’avère une faiblesse, une consolation face au néant de la mort. Son athéisme est non dogmatique, en ce sens où il reconnaît que son athéisme n’est pas un savoir : personne ne sait si Dieu existe ! Il précise qu’il existe des religions sans dieu. À cet effet, il prend exemple sur la civilisation chinoise qui repose sur trois piliers : le confucianisme, le taoïsme et le bouddhisme*. Confucius, Lao Tseu et Bouddha étaient des hommes, pas des dieux, ce qui n’empêche pas les Chinois d’avoir une morale. Voltaire critiquait l’athéisme en avançant que « la saine philosophie en avait eu raison ». Il écrit également dans son dictionnaire philosophique : « S’il y a des athées, à qui doit-on s’en prendre, sinon aux tyrans mercenaires d’âmes, qui, en nous révoltant contre leurs fourberies, forcent quelques esprits faibles à nier le Dieu que ces monstres déshonorent ?   » Notons que l’athéisme a été considéré comme un crime jusqu’au xviii e  siècle. En France, aujourd’hui, près de 30 % de la population se dit athée.
2. Laïcité = agnosticisme
Un agnostique reste dans la réserve : il n’a pas d’avis et refuse de se prononcer. Il ne nie pa

Voir icon more
Alternate Text