Lettres de Sainte Marine , livre ebook

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Ces textes évoquent le rapport à l’écriture et à l’autre (dans l’amour, la confrontation, l’absence) : « Tu aimes ce livre / peut-être plus qu’aucun autre / et je l’aime aussi moi qui l’ignore encore / par défi j’ai voulu courir au devant / de ce que tôt ou tard on tient au creux des mains / quelqu’un d’autre. »

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Date de parution

01 juin 2005

Nombre de lectures

0

EAN13

9782748373288

Langue

Français

Lettres de Sainte Marine
Francis Dubus
Publibook

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Publibook
14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
                un ami comme il faut  c’est rare de ce temps 
  tu ne m’en demandes d’ailleurs  pas  tant
 
   et tu me pardonnes
  de me souvenir d’un moment   le solstice
  l’eau  le vent depuis l’aura gommé
 
  te voici à nouveau retracée
  on se demande bien comment
 
     et pour qui .
 
 
 
 
 
 
Francis_
750609 di
Benaud
17 heures 20
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
  Fraîcheur d’ombre  le jour vient
  j’ai vu l’aube se lever sur tes cils
  mais sans ton rire sur mon chemin.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Francis_
750609 di
Benaud
19 heures
 
 
 
 
 
 
 
 
 
  amante fibre
  ventre au cri désir
  femme grise  et lyre
  roue de pluie  et voix.
  branche sœur et chancre
  touche douce  et soie.
  moi à travers l’encre
  à ton corps liesse  j’enroule mon cœur roi
  à ton ventre et ta jambe je fais l’amour  et toi
 
  femme
  femme au fond femme au fond de moi
  tu te fends tu te fonds tu te fous de moi
  femme infâme femme
 
  femme bout de bois.
 
 
 
 
 
 
 
Francis_
750609 lu
Benaud
19 heures
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
  le mot à prendre pour le pendre
  à la potence  à la proue
  amour à vendre es-tu ma roue
  jusqu'à la cendre et jusqu’au bout
  saigner mon sang et te le rendre
 
 
 
 
 
 
 
Francis_
750609 lu
Benaud
23 heures30
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
  Silence infrangible
  Trace d’eau la terre et la lumière
  Trace le long voyage au vent tangible
  Hier.
  Rend-nous tribut
  Tout présent englouti toutes heures bues
  L’eau brûlée
  Et toi le mot toi fêlé mêlé.
 
  Pierre jetée qui n’en peut mais
  Tu as piqué deux bras de fer
  Tendu les barbelés
  Et tu m’as répondu :
 
   « Fermez les guillemets  ».
 
 
 
 
 
 
 
Francis_ 
750610 ma
Benaud
13 heures
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
  écrire
  c’est très difficile parfois.
  aujourd’hui.
  d’avoir tant de mal à trouver   te trouver
  ne pas fabriquer  te donner à voir
  à entendre  à comprendre
  te donner à prendre mes divorces ceux des sons
  quand j’écris  je t’écris   le mot est  équinoxe
  de bruits et de sens
  ou de gestes vivants comme taire
  équinoxe de toi et moi
  et peut-être t’écrire est-ce te jeter
  avec moi au plus profond du silence .
 
 
 
 
 
 
 
 
Francis_
750614 sa
Foucherans
20 heures
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
C’est une histoire pour me taire
où je te ferai ma main
je te donnerai ma main et mes rides
et tes rides vieilliront sur moi.
 
c’est toi qui écriras
moi je ruissellerai.
 
ce pelage noir t’effraie un soir
et tu fais un cauchemar où tu me tues à coups de bêche.
 
Depuis  je suis ton éphéméride
chaque jour tu me prends quelques mots  quelques larmes
et tu vis seule   en armes
 
   d’amour et d’eau fraîche
 
 
 
 
 
 
 
Francis_
750614 sa
Foucherans
20 heures
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
  Je reprends un air du temps d’avant
  Joan Baez en concert qui dit  Rail road Bill
  et le vent l’emporte vers Loctudy et les îles
  j’en distingue encore les lumières
  de ce rêve musicien d’aujourd’hui demain hier
  chant de pierre jetée  roulée carrière
  c’est un peu toi les marches escalières
 
  par lesquelles je ne sais ni monter ni descendre .
 
 
 
 
 
 
 
Francis_
 
750614 sa
Foucherans
21 heures
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 des enfants naissent sans regard
 des amants se quittent
 se trompent   s’égorgent
 l’orphelin ne le sait pas encore  ses yeux hagards
 mais mon univers c’était un peu le monde
 être un peu dans les mots et beaucoup sous les bombes
 si tu peux m’écouter  le retenir  et le leur dire
 plus tard
 je me sentirai quelque peu racheté.
 
 
 
 
 
 
 
Francis_
 
750615 di /2
Brindas
23 heures
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 la valise est ouverte par terre
 avec une chemise blanche chiffonnée qui pend.
 le jean fait pendant avec le bas retourné et
 crasseux.
 oui.   je reviens du voyage.
 ni petit  ni grand et pourtant si loin si longtemps.
 pourrais-je un jour te dire si j’en ai grandi ? 
  j’entends la pluie dehors   je ne suis pas sûr
 d’être au-dedans.
 bientôt j’éteindrai la lumière    j’aurai un
 rêve en couleurs plein de lettres que je n’écrirai
 jamais.
 je ne sais même pas si tu as lu jusqu’au bas.
 ni l’heure que tu as   je ne sais pas.
 je ne sais pas si je dois dire   bonjour  ou
 bonsoir.
 ça ne fait rien   sois prudente
et confiante aussi.
 
 
 

Francis_
750615 di
Foucherans
01 heure
 
 
 
 
 
j’ai dans les bras
la vue qui ne voit pas   l’éponge qui ne boit pas
le pas immobile
la chaussure qui ne marche pas
le temps bu sur la colline   la chaux dans la blessure
la gerbe  le couteau  l’air aigre
le chemin au-delà des chemins loin des maisons
quittées sans lumière   le chemin
la fleur un peu même.
la vue qui ne voit pas  l’oreille qui n’entend pas
le soldat qui ne tire pas  la bouche qui ne touche pas
et le jour manquant.
le retour sans être allé  la voile sans le vent
la ville sans les gens
le champ sans épouvantail  le grincement sans la porte
le nombre sans le chiffre  le conteur pas le conte
les bouts et non l’entre  les genoux
pas la prière
dans les bras la raison  toutes les plurielles
l’effroi qui ne s’effraie pas  deux chaises sous la pluie
lourd dans les bras qui ne peut ni se faire ni se défaire
et dans les bras  aveugle  droit
toi
cœur de cristal  serré  fracture .

 
 
 
 
 
Francis_
 
750630 lu
Lille. Le Val
10h15
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
je t’attends   je ne saurai jamais  et c’est de cela que je souris
il est dur à vivre le mot rencontre  hier  aujourd’hui  
aujourd’hui ou demain il est là ton voyage  
je l’attends  je t’attends  toi partie sans laisser d’adresse .
et pourtant
qui te dit qui t’assure ou quoi dans quelques mois d’ici à aujourd’hui   un soir de cafard gris et l’insomnie  ou tout simplement autre chose  tu ne trouveras pas quelque plaisir un réconfort à recevoir quelques lignes  réelles amies et vaguement embrumées de mon matin qui se sera levé ce jour là et de la pluie qui tomberait
 sur ta ville ?
 
 
 
 
 
 
 
Francis_
750726 sa
Brindas
23 heures /1
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Je ne t’ai pas écrit de la semaine je prends ma planche
de bois ni par impulsion ni par intuition ni par habitude et
j’écris lettre à   tout simplement   même pas comme une évidence
dont il faudrait soudain prendre conscience   comme un jour
le nom que j’écrivis sur le sable et ce naturel ce mystère
cette surprise on se demande bien pourquoi j’en écris ou j’en
parle peut-être pour avec le trouble qui ligne à ligne prends
 corps pouvoir parvenir à penser :
geste
 
 
 
 
750726 sa/2
 
 
 
 
 
 
 
 
 
  je suppose que désormais tu es dans un autre monde
 autant que je tente de regagner mon royaume si j’écris ou parle
 à voix basse que faut-il dire ?  car je ne sais pas si ma main
 n’est pas muette    telle qui serait née depuis toujours sans savoir
 un son ni articuler un son  est-ce moi qui crois écrire ou parler
former des lettres ou des sons  ou toi qui n’entends pas qui de nous deux  est dans un autre monde   est-ce dans le mien qu’aucune parole n’est prononcée ou écrite  ou dans le tien qu’il n’en existe aucune et pourras tu jamais comprendre que la question reste pour moi entière et que vraiment je ne le sache pas ? deux ou trois mots qui disent un rêve pendant quelques instants je crois  j’ai cru parler dire quelque chose  y a-t-il  quelque chose de l’esprit qui se jette  qu’on abandonne comme un objet comme un vêtement  comme on perdrait conscience un chat qui s’appellerait Conscience  alors j’ai perdu à jamais tous les mots qui précèdent un à un cailloux d’un Poucet qui ne tracent aucun chemin  il y a un caillou et il y a un autre caillou et encore un autre caillou sans même que l’on puisse dire : il y a plusieurs cailloux  il faut reprendre du début  la phrase entière : il y a un caillou on ne peut rien dire d’autre ni autrement et chaque  perdu abandonné   irrémédiable  comme les secondes passées le jour hier révolu quitté perdu est-ce donc possible d’aller le temps écrit caillou après caillou autres mondes ou non entrer  faut-il toujours heurter le temps ?
750726 sa /3
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
et de la même façon il n’y a ni espoir ni résignation
il disait que c’était la même chose ni habitude ni plaisir
ni déplaisir il n’y a ni parole ni oreille « il y a et il y a, c’est tout » disait il aussi  qu’un trouble
un peu comme si tu te débarrasses d’un bras ou d’un pied
 et tu le détaches de ton corps avec ta main et tu le laisses tomber devant derrière ou à côté de toi cela fait une impression étrange
c’est toujours très bizarre ce qui est dépourvu de sens
on devrait se rendre compte plus souvent tellement rare qu’en fin
de compte on ne s’en rend pas compte on ne comprend pas
on passe à côté et cela n’a pas existé    fugitivement peut-être
    la chance .
mais on ne le sait qu’après  tout revient toujours malgré toi malgré moi d’un autre univers
 
 
 
 
 
750726 sa/4
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
il n’y a ni parole ni oreille pas plus ma parole que ton oreille
et peut-être sommes-nous proches de nos lointeurs et joints
de notre étrangeté il faut réinscrire un chemin d’enfant vieux   mais
il n’y a ni enfant ni chemin qu’un trouble

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