97
pages
Français
Ebooks
2010
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Publié par
Date de parution
30 septembre 2010
Nombre de lectures
1
EAN13
9782738198495
Langue
Français
Poids de l'ouvrage
1 Mo
Publié par
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30 septembre 2010
Nombre de lectures
1
EAN13
9782738198495
Langue
Français
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1 Mo
© ODILE JACOB, SEPTEMBRE 2010
15 RUE SOUFFLOT, 75005 PARIS
www.odilejacob.fr
EAN : 978-2-7381-9849-5
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo
À tous les parents qui m’ont fait confiance à mes auditeurs, à mes élèves qui m’ont soutenue dans mes recherches à Gustave Guillaume, mon maître à Caroline Eliacheff, avec qui tout a commencé et tout va se poursuivre au Dr House, ou comment trouver les réponses improbables mais justes à Richard, qui ne se décrit pas…
« On ne devrait lire que les livres qui vous mordent et vous piquent. Si le livre que nous lisons ne nous réveille pas d’un coup de poing sur le crâne, à quoi bon le lire ? »
Franz K AFKA ,
« Lettre à Oskar Pollak », janvier 1904
Préambule
Ce livre est le sixième d’une série… et il traite toujours du même sujet et développe le même thème !
Il parle des « troubles de type aphasique » – ces difficultés de langage qui font que des enfants ne peuvent ni parler, ni lire, ni écrire, ou à peine… – alors que l’enseignement n’est pas en cause, qu’aucune maladie organique ou trouble psychologique ne peut l’expliquer et en tout cas qu’aucune thérapeutique homologuée n’a pu soulager. Aucune étiquette (on parle des « dys »…) n’a pu les recouvrir.
Pourquoi redire encore ?
D’abord parce que le combat continue – comme le disait le cinquième livre ( Lire ou ne pas lire ? Le combat ). Bien sûr, nous rencontrons toujours ces enfants et nous avons toujours à les soigner ; nous sommes de plus en plus nombreux à faire le diagnostic et à appliquer la rééducation neurolinguistique spécifique (mes très nombreux élèves venant de toute la France et de l’étranger), et nous le faisons de mieux en mieux.
Ensuite parce que, après avoir rassemblé et « monté » toutes les pièces de la machinerie linguistique dans chaque livre, en rapportant pas à pas les anomalies qui venaient, comme les pièces d’un puzzle, compléter le schéma des – fonctions linguistiques, nous faisons quelques pas en arrière pour observer cette « pièce montée ».
Nous allons ainsi la voir fonctionner en son entier et non plus la voir s’installer progressivement.
Pourquoi ce livre ? Pour tourner autour d’un bel objet, d’une belle théorie ?
Certes il n’est pas inutile de redire que cette théorie ne s’est pas contentée de dire , mais a fait . Certes il n’est pas inutile de redire que, comme la fusée, si elle part, c’est que les ingénieurs ont bien calculé, si l’enfant lit ou écrit, c’est que notre ingénierie était bonne. On peut dire ce que l’on veut mais, dans le cabinet du médecin comme dans l’agence spatiale, c’est le résultat qui compte…
Nous répondrons à cette question en donnant la main à Jeanne et à Rigobert, qui vont nous ouvrir des perspectives inattendues… et sans doute nous donner à penser que ce livre ne sera pas le dernier… toujours sur le même thème…
Jeanne à 7 ans ne parle pas, malgré tous les abords rééducatifs et la psychothérapie pratiqués. Si on essaie de la faire répéter, chaque consonne est remplacée par une grimace et elle est ainsi tout à fait inintelligible. Nous avons pu la faire parler.
Rigobert à 5 ans, après une intervention pour une fente labio-maxillo-palatine, ne tire aucun profit de la rééducation orthophonique, alors qu’habituellement elle aboutit à une parole normale. Il n’arrive ni à souffler un /s/ ni – et encore moins – à prononcer un /sa/. Nous avons obtenu ces deux performances articulatoires.
Comment ?
C’est justement ce que raconte ce livre, et comment la théorie prenant chair et modifiant des productions verbales jusque-là jugées inatteignables dans leur versant articulatoire, avère sa justesse et sa pertinence.
Vous aurez compris que ce livre s’adresse à la fois aux praticiens sur le terrain, aux théoriciens des sciences de l’éducation et aussi – et sans doute surtout – aux parents. Aux parents car, comme pour eux, pour nous aussi ce sont les résultats qui comptent – même si à pathologie complexe répond une explication complexe. Complexe mais efficace, c’est une obligation de résultats…
Avant-propos
Le schéma des fonctions linguistiques s’est élaboré progressivement, mettant en œuvre, dans la pathologie du langage, la théorie de Gustave Guillaume et testant constamment sa pertinence à partir de son impact sur les productions pathologiques observées.
Ce sont des anomalies sévères, tout un éventail allant des états de non-parleur, passant par les non-lecteurs et non-transcripteurs et jusqu’au découplage déchiffrage/sens chez des adolescents ou des adultes.
Jusque-là, dans les livres précédents, chaque avancée théorique était démontrée à partir des observations cliniques qui y avaient conduit et des résultats obtenus qui venaient en confirmer la justesse – nécessitant quelquefois des adaptations.
Entre les livres et les consultations, ouvertes à nos élèves, les séminaires, conduits depuis une vingtaine d’années, sont venus suggérer à nos élèves auditeurs les enchaînements d’exercices à mettre en œuvre pour corriger ces anomalies sévères. Et les résultats qu’ils obtenaient, souvent après des échanges, venaient confirmer, voire approfondir notre analyse et fonder les conseils donnés.
Les intuitions approchées lors des débuts de la recherche se sont toutes confirmées, élargies et approfondies, au fur et à mesure des avancées et d’autres perspectives s’ouvrent encore.
C’est pour cela que, dans cet ouvrage, le fonctionnement du schéma des fonctions linguistiques sera considéré comme acquis et que quelques exercices seulement seront développés – selon les besoins de la démonstration. Il sera toujours possible de se référer pour plus de précision aux livres précédents. Les cas cliniques décrits ont demandé l’élaboration d’enchaînements qui ont normalisé la pathologie, mais dont nous ne ferons pas état ici.
La fécondité de ce fonctionnement, articulant autour d’une réflexion théorique la pratique directe de la rééducation et la transmission aux élèves avec une riche collaboration, nous incite à continuer dans cette voie.
La recherche n’est pas terminée.
Chapitre 1
Le temps de parler
1. Jeanne : une pathologie de la consonne
Pourquoi Jeanne, à 10 ans et demi, malgré une scolarisation adaptée, une prise en charge psychothérapique et orthophonique, n’arrive-t-elle toujours pas à lire, sur le syllabaire qu’elle fréquente depuis plus d’un an, des phrases aussi simples que : « mimi a vu le joli chat » et « toto amène le cheval » ?
Elle prend un air désespéré et dit qu’elle ne sait pas, ou même devant « toto », elle lit « mimi ».
Jeanne revient de loin.
Elle nous est adressée à l’âge de 6 ans et demi par un service de psychopathologie de l’enfant et de l’adolescent, qui la suit depuis l’âge de 13 mois pour une anorexie néonatale.
Citons le premier courrier du chef de ce service :
« Nous avons connu J. à 13 mois. Elle présentait une anorexie néonatale (de nombreux bilans hospitaliers n’ont pu préciser une étiologie somatique) et des inhibitions majeures avec un tableau de marasme dépressif important. La maman elle-même était profondément déprimée […].
« Une prise en charge hebdomadaire psychothérapique mère/enfant et une prise en charge en psychomotricité ont contribué à l’“éveil” de J. Les angoisses corporelles et de communication ont cédé au fil du temps.
« Il s’y est associé, par la suite, une prise en charge en orthophonie […] et une prise en charge en petit groupe. »
Mais si l’amélioration globale était satisfaisante, elle persistait à être non-parleur. Un audiogramme et un test d’efficience intellectuelle (WISC) étaient normaux. Après un maintien en grande section de maternelle avec soutien personnalisé, elle entrera en CLIS, où elle se trouve toujours actuellement.
Nous avons porté un diagnostic de troubles de type aphasique et avons mis en place un travail aphasiologique, à raison d’une séance d’une demi-heure une fois par semaine.
À 9 ans, après 50 séances de travail aphasiologique, sur deux ans, elle est devenue « parleur » et produit un petit jargon ou une parole informe.
Actuellement, à 10 ans et demi, elle parle quasi normalement, totalement intelligible, mais le plus souvent agrammatique.
Ainsi pour résumer, elle était non-parleur à 6 ans et demi et résistait à tous les abords ; un diagnostic de troubles de type aphasique est porté, un travail aphasiologique est appliqué : elle devient parleur à 9 ans, mais des anomalies inhabituelles apparaissent lors de l’apprentissage de l’écrit, qui accompagne le travail aphasiologique.
Pour les expliquer, afin de les réduire, il faut mettre en évidence le fonctionnement linguistique à l’origine de cette pathologie.
Les troubles de type aphasique sont des dysfonctionnements linguistiques identiques à ceux des aphasiques, mais en l’absence de toute lésion réputée génératrice d’aphasie.
Il est de première importance de les replacer dans le fonctionnement linguistique normal, et de situer dans le déroulement temporel et dans la successivité des opérations mentales mises en jeu les déviations qui aboutissent aux dysfonctionnements observés.
C’est ce que nous allons faire, en partant du schéma des fonctions linguistiques dont nous avons décrit l’élaboration progressive dans nos précédents ouvrages 1 . Nous prendrons ensuite pour acquis cette toile de fond représentant notre – fonctionnement linguistique, avec les thérapeutiques qui en découlent.