Des fleuves entre conflits et compromis Essais d’hydropolitique africaine , livre ebook

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Publié par

Date de parution

01 janvier 2009

Nombre de lectures

0

EAN13

9782811102142

Langue

Français

.
KARTHALAsur Internet : http://www.karthala.com Paiement sécurisé
Couverture: Collage Michel Coquery
KARTHALA, 2009 ISBN : 978-2-8111-0035-3
SOUS LA DIRECTION DE Jean-Pierre Raison et Géraud Magrin
Des fleuves entre conflits et compromis
Essais d’hydropolitique africaine
ÉditionsKARTHALA 22-24, boulevard Arago 75013 Paris
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SOMMAIRE
Introduction ................................................................................. Jean-Pierre Raison
Laménagement de la vallée du Sénégal. Logiques nationales, crisesetcoopérationentrelesÉtatsrivera.i..n..s.......................31 Sidy Mohamed Seck, André LericollaeitsGéraud Magrin
Le Niger va-t-il devenir les « eaux de la discorde .»...?............ Jérôme Marie
De longs fleuves tranquilles ? Les mutations des plaines refugesdubassindulacTch.a..d.............................................. Géraud Magrin
Le bassin du Nil : des mythes à lhydropolitiq.u..e.................. Gérard Prunier
LOrange ou linégal partage des eaux austr.a..l.e..s................ David Blanchon
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Histoire des textes
AVERTISSEMENT
Cet ouvrage a connu une gestation longue et par moments aventu-reuse. Il y a dix ans que furent écrites ses premières pages à loccasion dun contrat entre lOEG (Observatoire Européen de Géopolitique), dirigé alors par Michel Foucher, et la Délégation aux Affaires Stratégiques (DAS) du ministère de la Défense. Prenons loccasion de dire lintérêt que nous avons trouvé à cette coopération, longtemps rare, entre chercheurs en sciences sociales et militaires. Il nous a paru intéres-sant de valoriser ce travail par une publication ; mais, au fil des ans, le corpus initial a subi mutations, avatars, dérives, retards abusifs de certains auteurs, fausses pistes dédition : on en ferait un roman daventures ! Ne sont issus du lot initial que les chapitres II (Sénégal) et V (Nil). Encore durent-ils être fortement (et plusieurs fois) actualisés, au gré de perspec-tives dédition changeantes. Louvrage évita de peu la fosse commune des inédits, le statut de « livre maudit ». Que notre hôte, Karthala, en soit remercié. Nous espérons lui avoir remis et vous proposer un ouvrage varié dans le ton, mais non disparate, un « couteau de Jeannot » peut-être, mais dont les pièces sajustent bien.
Mode d’emploi des cartes
Les cartes sont codées de la façon suivante : les chiffres romains renvoient au chapitre, les chiffres arabes à la position dans le chapitre. La lettre « c » indique que la carte est placée dans le cahier couleur en hors e texte. Par exemple, la carte n° III-4c désigne laca4rte du chapitre III ; elle est située dans le cahier couleur.
I
Introduction
Jean-PierreARISON
On ne trouvera pas dans ce livre une étude géopolitique exhaustive des grands fleuves africains. Deux dentre eux notamment manquent à lappel, et non des moindres : le Congo et le Zambèze. Par lampleur de 1 leursbassinsetdeleursdéb,itilsssontpourtantinfinimentplusimpor-tants que les modestes Sénégal, Logone et Chari. Ils ont été aussi préco-cement des enjeux majeurs des géopolitiques européennes en Afrique. 2 Plusquetousautres,ilssontdesfleuvesfrontiècrfe.sc(arten°I-2).Ils ont enfin fait, du moins ponctuellement, lobjet daménagements impor-tants qui ont encore renforcé leur importance géopolitique interne ou externe, notamment les barrages de Kariba et Cahora Bassa pour le Zambèze, dInga pour le Congo. Cette absence pourrait se justifier par un certain « déficit dactualité ». Conflits et crises qui se déroulent dans le centre de lAfrique ont peu à voir avec lhydraulique : la production dénergie importe peu aujourdhui dans des espaces hors des lois où les profits sont tirés de lextraction et du transport aérien de métaux rares et de pierres précieuses ; dans ces régions de bonne pluviométrie, les aménagements hydro-agricoles nont rien dune nécessité. Reste la fonc-tion de transport que permettent encore, à la débrouille, des fleuves sous-équipés, envahis de jacinthes deau. Dans ces conditions, notre choix a été de concentrer les études sur des fleuves soudano-sahéliens qui, en dépit de grandes différences de régime, de dimension, de position, de contexte politique et économique, présentent un certain nombre de traits
1. Le Congo est le second fleuve mondial pour les dimensions de son bassin, comme pour son débit. Le Zambèze est le treizième par la superficie. 2. Le Congo et son grand affluent, lOubangui, font frontière entre la RDC dune part, la RCA et la République du Congo (Brazzaville) dautre part. Le Zambèze est lunique frontière entre la Zambie et le Zimbabwe.
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DES FLEUVES ENTRE CONFLITS ET COMPROMIS
communs importants et tout dabord la raréfaction de la ressource, dans le temps (avec laugmentation des besoins) mais aussi dans lespace, damont en aval.
Des eaux curieusement peu « belligènes »
Quand la ressource va sépuisant...
Un point majeur, en effet, réunit tous les organismes fluviaux étudiés (cf. carte n° I-1c) : nés dans des régions de pluviométrie parfois impor-tante, toujours suffisante (plus dun mètre de pluies en moyenne annuelle), ils se dirigent vers des zones beaucoup moins arrosées, voire franchement arides : Sahel pastoral et Sahara au nord de léquateur, Namib dans lhémisphère austral. On nous objectera le cas du Niger qui, par une courbe à hauteur de Tombouctou, repart vers le sud-est jusquau golfe de Guinée. Certes, mais dun point de vue hydrologique, il nest pas loin dy avoir deux Nigers. Ils ont été, en 1985, un moment quasi séparés à proximité de Niamey. Létude de Jérôme Marie, sans négliger les inter-relations, plus sensibles quon ne le pense, entre les deux parties, sinté-resse essentiellement au « Niger damont ». Dans les pages qui suivent, il faut nous défaire de notre image mentale du fleuve, cours deau de plus en plus majestueux et ample vers laval. Ici, passé un certain point, ses débits saffaiblissent, son avenir est problématique. Le tracé des fleuves dans lhémisphère nord est particulièrement parlant : Sénégal et Niger néchappent à lendoréisme que par un brusque coude vers locéan ou des contrées plus arrosées ; barrages dunaires, tectonique, érosion régressive ont permis déviter la mort dans le désert qui est le lot des tributaires du lac Tchad. On voit combien, traversant le Sahara dans sa partie la plus aride, le Nil relève du miracle, et avec lui lÉgypte. Une offre deau limitée, se réduisant vers laval, une demande en augmentation par leffet de la croissance démographique, de lurbanisation, de lévolution économique et technique, une péjoration climatique qui semble se confirmer : voici réunis des éléments de conflits pour une ressource rare. Dautres facteurs sont susceptibles de les attiser. Le plus général, auquel seul échappe le bassin de lOrange, est un manque de corré-lation frappant entre niveau de précipitations et niveau de densité. Le cas le 3 pluspatentestévidemmentceluidelimmenseoasisquestlÉ;gympaties
3. Le pays ne dispose pas de 10 ares cultivables par habitant rural.
INTRODUCTION
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la zone sahélienne elle-même nest pas moins bien peuplée que la zone soudanienne, pourtant mieux arrosée. Situation ambivalente, pensera-t-on : une demande limitée en amont ne permet-elle pas de satisfaire les besoins daval ? mais il serait utopique dimaginer un tel équilibrage sans conflits, sans chantages et sans létablissement de rapports de force. Il y a plus grave sans doute : lAfrique noire rurale, sauf exceptions très locali-sées, a ignoré les techniques dirrigation ; elle utilise leau des fleuves, mais la fait jusquà présent de façon hasardeuse et dispendieuse, par adaptation (donc soumission) des techniques de production aux rythmes naturels, à la crue et à la décrue. Accoutumée à lincertitude « naturelle », aux variations inter-annuelles des crues, elle est peu préparée à combiner ces contraintes avec celles que provoque lapparition de nouvelles demandes (lénergie, lalimentation en eau des villes), donc, car les nouveaux besoins impliquent dautres modes de gestion, à infléchir sensi-blement ses pratiques agricoles, à composer avec dautres acteurs. Logique dadaptation et logique de transformation ne paraissent guère conciliables et on sattendrait à les voir saffronter avec vigueur. Sous une forme concrète, lhydropolitique (Waterbury J., 1979) exprime létat des problèmes de développement, les inégalités et les déséquilibres de celui-ci, tout autant que les relations des hommes et de lécologie. Or, pour lheure, les conflits redoutés ne se sont pas produits, ou plus précisément ils ne se sont pas exprimés dans le registre international : il ny a pas eu de guerre des fleuves. En revanche, au niveau de la géopoli-tique interne, les dissensions apparaissent à toutes les échelles : au niveau national entre États et populations sur le thème des « aménagements », au niveau régional et local sur les droits dusage de leau et dexploitation des milieux aquatiques et amphibies. Cet enfermement des conflits au niveau national, régional et local est-il toutefois une situation structu-relle ? Nest-il pas préoccupant, en ce quil exprime la lenteur de la modernisation, la crise des économies africaines ? Nest-il pas, à la limite, un leurre ? On peut en effet se demander si certains conflits internes sur lusage de leau ne sont pas des substituts à des conflits inter-nationaux, de même que, en dautres points du continent, les États (ou du moins ceux qui en accaparent les moyens) se font la guerre par « mouve-ments de libération » interposés.
Labsence de conflits internationaux : réalité, sursis ou illusion ?
Quand on sattend à trouver une relation entre croissance démogra-phique et économique dune part, tensions internationales sur lusage des eaux de lautre, on peut faire un constat paradoxal : la paix (relative) des eaux résulte des troubles sur terre, la guerre des eaux résulterait pour une
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DES FLEUVES ENTRE CONFLITS ET COMPROMIS
bonne part de la croissance démographique et économique, du développe-ment des inégalités entre États, de leur poids respectif dans le monde, mais aussi de leur position par rapport à la ressource : un faisceau de causes qui nest pas inéluctable. Il nest donc pas inutile de préciser les conditions déventuels conflits internationaux sur lutilisation des eaux fluviales et de mesurer, pour chaque cas étudié, le niveau de risque ; en quelque sorte les « potentiels belligènes ». Première évidence : ceux-ci sont à la mesure de la demande de certains États, et de leur capacité à la traduire en actions, donc du déséquilibre des forces. De ce point de vue, deux pays, dans notre champ détude, se distinguent par lampleur et la variété de leur demande en eau comme par leur puissance technique, politique et militaire : lÉgypte et lAfrique du Sud. Tous deux sont très mal pourvus en ressources propres (lÉgypte en est même pratiquement dépourvue), ils sont urbanisés et industrialisés, mais, en même temps, ils disposent dune agriculture active et, en quelque sorte, emblématique. Ils usent de lirriga-tion, soit par tradition et nécessité multi-millénaires (lÉgypte), soit (pour lAfrique du Sud) par une acquisition très volontariste de technologies modernes, dont lobjectif initial était de créer un nouveau Nil, ainsi que le souligne David Blanchon. Les deux États visent àleuandershiprégional, que justifie leur développement économique, mais aussi la nécessité daffirmer leur contrôle sur une ressource dont ils font un usage plus grand et plus varié que leurs voisins. Limage du Nil est tout à fait significative, évoquant puissance politique, savoir-faire, travail dans la longue durée 4 permis par les faveurs du ciel, mais aussi ris.que À lautre extrême, on peut situer le bassin du Tchad. Certes, le désé-quilibre de forces et dintérêts y est patent, entre le Nigeria et ses faibles voisins, mais il est, à la limite, trop marqué : pour le Nigeria, le lac Tchad est une périphérie lointaine, où il ne peut guère exploiter que son propre tribut, modeste, à lalimentation dune cuvette lacustre, sans que risque de sexprimer une demande de laval. Si problème international il y a, il nest, pour les autres pays du bassin tchadien, quun problème darbitrage technique entre utilisation en amont (les grandes vallées), ou en aval (la cuvette lacustre), léternel schéma nord-sud où, à la limite, seule la répu-blique du Tchad est vraiment concernée. Le degré et la nature de risque conflictuel dépendent en second lieu dune géométrie simple, de la relation entre peuplement, découpage territorial et dessin des bassins hydrographiques. Par réflexe, nous tendons toujours à considéreravecinquiétudelesfleuvesfrontaliecfr.sc(arten°I-2),commesi nous étions durablement marqués par la défense des « frontières naturelles » et la question de la rive gauche du Rhin. En réalité, et bien
4. Rien de tel pour lheure (et pour longtemps sans doute !) dans les bassins du Zambèze et du Congo, ce qui contribue à justifier nos choix.
INTRODUCTION
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Carte I-2. Les frontières « hydrauliques » de l’Afrique au Sud du Sahara
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