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pages
Français
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2011
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Publié par
Date de parution
11 juillet 2011
Nombre de lectures
1
EAN13
9782760528680
Langue
Français
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Date de parution
11 juillet 2011
Nombre de lectures
1
EAN13
9782760528680
Langue
Français
Dans la même collection
Sous la direction de Henri Dorvil et Robert Mayer
Problèmes sociaux
• Tome 1 – Théories et méthodologies
Sous la direction de Henri Dorvil et Robert Mayer
2001, ISBN 2-7605-1126-X, 622 pages, D-1126
Problèmes sociaux
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La poétique et la politique de la rééducation sociale
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La rue attractive
Parcours et pratiques identitaires des jeunes de la rue
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2002, ISBN 2-7605-1158-8, 372 pages, D-1158
PRESSES DE L’UNIVERSITÉ DU QUÉBEC
Le Delta I, 2875, boulevard Laurier, bureau 450
Sainte-Foy (Québec) G1V 2M2
Téléphone : (418) 657-4399 • Télécopieur : (418) 657-2096
Courriel : puq@puq.uquebec.ca • Internet : www.puq.uquebec.ca
Données de catalogage avant publication (Canada)
Falardeau, Marlène
Huit clés pour la prévention du suicide chez les jeunes
(Collection Problèmes sociaux & interventions sociales ; 4)
Comprend des réf. bibliogr.
ISBN 2-7605-1177-4 ISBN EPUB 978-2-7605-2868-0
1. Jeunesse – Comportement suicidaire – Prévention. 3. Perception de soi chez l’adolescent. 3. Jeunes en difficulté – Psychologie. 4. Détresse chez les jeunes. 5. Suicide – Aspect psychologique. 6. Jeunes en difficulté – Attitudes. I. Titre. II. Collection.
HV6546. F342002 362.28'7'0835 C2002-940477-0
Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Programme d’aide au développement de l’industrie de l’édition (PADIÉ) pour nos activités d’édition.
Mise en pages : C ARACTÉRA PRODUCTION GRAPHIQUE INC .
Couverture : Conception graphique : R ICHARD H ODGSON
Illustration : V INCENT V AN G OGH (1853-1890).
L’enclos au soleil couchant, 1889. Huile sur toile, collection privée.
1 2 3 4 5 6 7 8 9 PUQ 2002 9 8 7 6 5 4 3 2 1
Tous droits de reproduction, de traduction et d’adaptation réservés
© 2002 Presses de l’Université du Québec
Dépôt légal – 2 e trimestre 2002
Bibliothèque nationale du Québec / Bibliothèque nationale du Canada
Si j’étais morte, je m’en serais voulu à mort.
Cette phrase prononcée par une adolescente
qui a essayé de s’enlever la vie illustre
ce que les penseurs du XVI e siècle
avaient tenté de suggérer : le suicide est tout sauf
une manifestation de la liberté humaine.
PRÉFACE
Cette monographie emprunte la méthode de la grounded theory pour aider àmieux comprendre l’expérience du geste suicidaire chez des jeunes adultes marginalisés. L’application de cette méthode fait ici large place à l’acteur des faits sociauxen vue de saisir les multiples sens du geste d’auto-destruction et de le recadrer dansle contexte d’une trajectoire biographique. Si nous connaissons bien les facteursassociés aux gestes suicidaires dans les écrits épidémiologiques, nous ignorons à peuprès tout de la façon dont ces moments de rupture dans la vie sont réintégrés dansun projet de vie et des conséquences qu’ils peuvent avoir sur la relation avec soi-même. Après une tentative de suicide se pose en effet le défi de devoir se réconcilieravec un soi qu’on a voulu faire disparaître. Comment se remettre d’une tellerupture ? Quel sens donner à ce geste ? Qu’est-ce qui peut nous faire revivre aprèsune période de désespoir profond ? Ce sont ces questions essentielles qui font l’objetde la présente recherche.
Marlène Falardeau est avant tout une éducatrice. Et je dois ici humblementavouer que deux ans m’ont été nécessaires avant de bien saisir le volet éducationde ce projet et de comprendre que les sciences de l’éducation ont un rôle importantà jouer en santé publique. Le but de l’auteure est justement de situer la contributionspécifique de cette discipline dans la stratégie préventive du suicide. Cette démarchefocalise moins sur les facteurs de risque à éradiquer que sur le sujet en devenir quiconstitue le point d’intersection de ces facteurs de risque. La matière brute, c’est lejeune en détresse, sans amarres sociales, qui a mal à son passé et dont l’horizonvers l’avenir ne dépasse souvent pas la fin de la semaine. Le défi de l’éducation estde savoir comment s’insérer dans cette dynamique de l’évolution du soi pour laréorienter.
Cette recherche constitue un véritable tour de force. Prendre contact avec desjeunes aliénés de la société, les approcher et les apprivoiser n’est pas une mince tâche,surtout si l’on est une adulte en provenance du milieu universitaire. Ensuite, faires’exprimer ces jeunes sur leurs souffrances, leur passé, leur sens de la vie, leursattitudes religieuses et philosophiques dans de longues entrevues où ils sentiront unespace de libre expression demande des dons particuliers. Enfin, motiver ces jeunespour participer à une deuxième rencontre sans « mortalité expérimentale », selonl’expression de notre langage codé, mérite une mention honorable.
Cette recherche ne visait pas de mettre au jour de nouveaux facteurs de risque ;les plus connus sont d’ailleurs tous au rendez-vous : adversités familiales, abandon,fugues, puis l’entrée précoce dans le monde de l’autonomie, tentation de la drogue,manque de contrôle sur sa destinée, passage parfois dans les services juridiques oupsychiatriques. Il s’agissait de voir comment l’expérience suicidaire marquait la viede ces jeunes et comment ils en ressortaient. Les jeunes adultes en présence desquelsnous sommes ici ne sont pas représentatifs de leur cohorte d’âge. Ce sont ceux quiont eu un parcours particulièrement difficile, et bien souvent traumatique. Ilspartagent par ailleurs beaucoup de traits biographiques communs tout en se différenciant sur des aspects importants. Aussi, cette recherche réussit à bien décrire destrajectoires diversifiées qui traduisent la multiplicité des expériences suicidaires.Certains jeunes s’en sortent transformés pour le mieux. La volonté de s’enlever lavie leur a peut-être fait découvrir qu’ils avaient une volonté, un désir de se prendreen main pour la première fois de leur vie. D’autres posent le geste suicidaire denouveau comme un rituel qui devient presque une habitude. Il ne transforme pasle concept de soi, car on dirait qu’il en fait désormais partie intégrante ; le désespoirdevient presque une expérience familière. Pour les derniers, la tentative de suicidetraduit une véritable absence d’issue et le lendemain s’annonce plus sombre encoreque la veille. Ici, le geste ronge le soi et il y a risque de désintégration par suite dela blessure narcissique auto-infligée. On ne s’aime pas et on se hait encore plusparce qu’on ne s’aime pas.
Ce qui retient l’attention, c’est l’inconfort de ces jeunes avec leur universintérieur, avec l’anarchie de leurs émotions qui reflète le chaos de leur histoire devie. Leur existence même a été remise en question dès les premières années de la vieparfois. Ces jeunes étaient de trop, ils dérangeaient. Les émotions vécues tout aucours de leur enfance étaient trop fortes, trop difficiles à endurer. Ils ont essayé tantbien que mal d’endiguer ces flots sauvages de douleur comme le soldat qui doitarrêter de regarder le sang et la mort qui l’entourent s’il veut survivre. Mais ladigue risque continuellement de céder et on n’arrive plus à colmater pour survivre.L’acte suicidaire devient souvent un moyen pour avoir enfin la paix, éteindre cefeu intérieur.
Les moments forts et surtout originaux de cette monographie sont ceux quiexplorent les dimensions corporelles et religieuses. Tout d’abord, en ce qui concernele corps, il est bon de rappeler que la tentative de suicide est un geste contre le corps. Beaucoup de ces jeunes traînent un corps fatigué, gelé, « au bout de son rouleau »pour employer leurs propres termes. Le texte met en relief le sentiment de déconnexiond’avec le corps qui produit un sentiment de vide. Et c’est à travers l’expériencecorporelle du geste suicidaire que certains jeunes réapprendront à prendre véritablement contact avec leur corps. On peut alors se demander si la voie thérapeutiquene gagnerait pas à s’app