La lutte contre l’insécurité alimentaire au Mali Réalités et faux semblants , livre ebook

icon

386

pages

icon

Français

icon

Ebooks

2011

Lire un extrait
Lire un extrait

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne En savoir plus

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
icon

386

pages

icon

Français

icon

Ebooks

2011

Lire un extrait
Lire un extrait

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne En savoir plus

Publié par

Date de parution

01 janvier 2011

Nombre de lectures

0

EAN13

9782811105792

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

3 Mo

Claude Arditi, Pierre Janin et Alain Marie (éd.)
La lutte contre l’insécurité alimentaire au Mali
Réalités et faux semblants
KARTHALA
LA LUTTE CONTRE LINSÉCURITÉ ALIMENTAIRE AU MALI
RÉALITÉS ET FAUX-SEMBLANTS
Cet ouvrage est publié avec le concours de lYInstitut dYétude du développement économique et social de lYUniversité Paris 1 Panthéon Sorbonne.
Visitez notre site KARTHALAsur Internet : http://www.karthala.com Paiement sécurisé
Couverture :
Banque de céréales de la région de Tacharane, dans le nord du Mali, près de Gao. Photo gracieusement prêtée par lYONG Terre et humanisme (www.terre-humanisme.org).
Éditions KARTHALA, 2011 ISBN : 978-2-8111-0579-2
Claude Arditi, Pierre Janin et Alain Marie (éd.)
La lutte contre linsécurité alimentaire au Mali
Réalités et faux-semblants
Éditions KARTHALA 22-24, bd Arago 75013 Paris
Avant-propos
Cet ouvrage constitue la version très largement remaniée et complétée (notamment par une importante introduction pour la mise en perspective épistémologique) d’un rapport de fin d’études remis à 1 l’Agence nationale de la recherche (ANR) en novembre 2008 . Le projet avait d’abord réuni des chercheurs de l’IRD (Institut de recherche pour le développement) avec Pierre Janin, géographe et 2 Charles-Édouard de Suremain , anthropologue (l’un et l’autre, mem-bres de l’UR 106 « Nutrition, alimentation, sociétés » jusqu’en 2007), du CIRAD (Centre international de la recherche agronomique pour le 3 Développement avec Sandrine Dury , agro-économiste, UR NOMADE) et de l’IEDES (Institut d’études du développement économique et social de l’Université de Paris I) avec Alain Marie, anthropologue (maître de conférences à l’IEDES et chercheur au Centre d’études africaines), auxquels étaient associés, lors du montage institutionnel du projet en 2004, Nicolas Bricas (CIRAD), Francis Delpeuch (IRD) et André Guichaoua (IEDES).À partir de 2006, l’équipe initiale a été com-plétée, selon des modalités variables, par Claude Arditi, anthropo-4 logue, chercheur au Centre d’études africaines, par Vincent Bertout et
1 Janin P. (coord.),La lutte contre l’insécurité alimentaire au Mali. Dispositifs, discours, repré-sentations et mises en scène,Rapport scientifique final de l’Action concertée incitative (ACI) « Acteurs stratégiques, cadres normatifs de l’action et régulations des politiques alimentaires au Sahel », CIRAD-IEDES-IRD, MENESR, UMR 201 « Développement et sociétés », novembre 2008, 283 p. 2 Actuellement à l’UMR 208 PALOC « Patrimoines locaux » (IRD-MNHN), Paris. 3 Actuellement à l’UMR MOISA « Marchés, organisations, institutions et stratégies d’acteurs », Montpellier. 4 Actuellement au Ministère des affaires étrangères et européennes, Paris.
6
LUTTE CONTRE LINSÉCURITÉ ALIMENTAIRE
5 Ivan Crouzel , politologues, par Ève Fouilleux, politologue au CIRAD 6 (UR Nomade) et, plus tardivement, par Élodie Razy, post-7 anthropologue . Plusieurs enquêtes de terrain ont été menées à Bamako entre juin 2005 et octobre 2007 et une autre, à Rome, auprès de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et du Pro-gramme alimentaire mondial (PAM) en décembre 2006. Notre prin-cipal regret est de n’avoir pu élargir notre étude hors de la capitale malienne. Cet ouvrage ne s’en appuie pas moins sur un riche corpus d’entretiens diversifiés (environ 70), souvent enregistrés et retranscrits ou, à défaut, pris en notes. Certains auteurs ont choisi d’en citer de larges extraits (V. Bertout, I. Crouzel, P. Janin, A. Marie, Ch.-É. de Suremain et É. Razy), d’autres s’en sont plutôt imprégnés (C. Arditi, S. Dury et È. Fouilleux). Une première grille d’entretiens semi-directifs a rapidement été abandonnée au profits d’entretiens non directifs, plus souples et plus intuitifs, y compris avec nos interlocuteurs « officiels » (porte-paroles d’institutions publiques, agents d’organisations de soli-darité internationale, représentants d’associations locales) et,a fortiori, dans le cadre du recueil des témoignages concrets des habitants des quartiers populaires (travailleurs intermittents, femmes isolées, imams de quartier, boutiquiers, commerçants) auxquels une place de toute première importance a été réservée contrairement à ce qui se passe généralement pour les études habituelles menées par les agents de l’État ou par les ONG de développement. La gestion politique de la crise alimentaire de 2005 a d’abord été le thème majeur abordé avant de céder à des réflexions moins mar-quées par la conjoncture, mais n’en donnant pas moins lieu à des controverses (analytiques ou politiques). Ainsi, de nombreux entre-tiens mettent en avant l’idée d’une complexification croissante des causes et des enjeux de la lutte contre l’insécurité alimentaire. Cette complexité s’explique notamment par l’élargissement du spectre des acteurs (de l’international aux arènes locales), par la difficile harmo-nisation entre ses dimensions politiques et ses dimensions techniques
5 Chercheur à l’Institut de recherche et débat sur la gouvernance (IRG), Paris. 6 Actuellement à l’UMR MOISA « Marchés, organisations, institutions et stratégies d’acteurs », Montpellier. 7 Actuellement assistant professor à l’Université de Liège (Belgique), Institut des sciences humaines et sociales et membre du Laboratoire d’anthropologie sociale et culturelle (LASC); membre associée du LAU/IIAC, UMR 8177 (CNRS/EHESS, France).
AVANT-PROPOSINUCTION
7
et méthodologiques, ainsi que par le jeu d’intérêts concurrents et parfois contradictoires. Ainsi il a fallu constater le décalage entre les discours experts de la technostructure et les réalités vécues par « le bas » ainsi que le hiatus entre la technicisation croissante de la lutte contre l’insécurité et le renforcement de son instrumentalisation poli-tique et médiatique. La réalisation de cet ouvrage n’aurait pas été possible sans le soutien financier de l’IRD (UR 106) et du Ministère français de la recherche pour les missions de recherche de terrain, ni sans celui de l’UMR 201 « Développement et sociétés » (http://recherche-iedes.univ-paris1.fr) associant l’IEDES (Université de Paris I) et l’IRD pour l’impression. Nous remercions également l’ONG Terre et humanisme (www.terre-humanisme.org) pour la photographie de couverture (ban-que de céréales, région de Tacharane, nord du Mali). Quant à la mise en page elle a été réalisée par P. Janin.
Avertissement
Cet ouvrage se propose de mettre en lumière la mise en scène bureaucratique, rhétorique et scientiste qui constitue l’envers des poli-tiques humanitaires contre l’insécurité alimentaire. Il analyse ce phéno-mène comme le sous-produit d’une accumulation d’institutions natio-nales et internationales enracinées dans la longue durée avec leurs en-jeux politiques et idéologiques, économiques et professionnels. Ce qui est mis en cause, ici, ce sont donc des logiques d’organisation et de fonc-tionnement qui font système, mais non les individus qui, par la force des choses, le représentent et le mettent en mouvement. Mais, aujourd’hui mieux que jamais, l’on sait que l’enfer est pavé de bonnes intentions, y compris quand elles se nourrissent de sentiments humanitaires... Il nous plaît toutefois de souligner que les analyses critiques au coeur de cet ouvrage doivent déjà beaucoup à l’accueil que nous ont réservé,à titre personnel, les agents des différentes institutions et organisations oeuvrant dans le champ humanitaire. Quant au revers de la médaille, nous en devons surtout le complet dévoilement et la meil-leure analyse à tous ces habitants des quartiers populaires, qui, bravant la honte qu’ils pouvaient en éprouver, nous ont fait sans réserve le récit de leurs difficultés à vivre et même à survivre. Sans eux, sans leur vérité, nous risquions de reproduire à notre insu le discours des bureaucraties occupant toute la scène officielle.
8
LUTTE CONTRE LINSÉCURITÉ ALIMENTAIRE
Envers les deux catégories d’interlocuteurs, il convenait donc de dire notre dette. Nous remercions toutefois plus particulièrement : Cheickna Hamala Bathily, commerçant et député, et Nango Dembele, respon-sable du projet PROMISAM pour les échanges répétés que nous avons eus avec eux car ils étaient riches d’informations éclairantes sur la situation alimentaire malienne ; Abdul Aziz Sidibé, journaliste, et Abdelkader Sidibé, maire et Président de l’association des municipa-lités du Mali, pour les entretiens très suggestifs avec l’un et l’autre ; Luc Barret, conseiller à l’Assemblée permanente des chambres d’agri-culture (APCAM), pour l’accès à son fonds documentaire ; Gilles Fédière, Représentant de l’IRD au Mali, pour son accueil et les facilités scientifiques qu’il nous a accordées; Françoise Bourdarias, anthropologue, pour nous avoir généreusement communiqué la liste de ses contacts à Bamako et Sitan Guindo, secrétaire de direction au Centre IRD de Bamako, pour son appui au dépouillement de certains entretiens ; Jean-Bakir Berté et son épouse pour leur chaleureuse hospitalité ; Ibrahima Sidibé (chauffeur à l’IRD) pour sa disponibilité et Jama Douba Landian dit « Jobé » qui fut un guide plein d’entregent et d’entrain pour ceux d’entre nous qui ont plus particulièrement arpenté avec lui les quartiers populaires et, grâce à lui, rencontré leurs habitants qui, malgré leur pauvreté, ont su nous apporter leur témoi-gnage avec une extrême dignité.
Courte présentation du Mali
Ancienne colonie française du Soudan français, le Mali est devenu indépendant le 22 septembre 1960, après l’éclatement de la Fédération du Mali regroupant le Sénégal et le Soudan français. La république du Mali a conservé les frontières héritées de la colo-nisation. Antérieurement, plusieurs royaumes et empires se sont suc-cédés, englobant une partie plus ou moins importante du Mali actuel et des pays limitrophes. Avec 14,5 millions d’habitants en 2009 (dont un tiers vit en ville), la population malienne est constituée de différentes ethnies, dont les principales sont les Bambaras (plus exactement Bamanan), les Bobos, les Bozos, les Dogons, les Khassonkés, les Malinkés, les Minianka, les Peuls, les Sénoufos, les Soninkés, les Sonrhaïs, les Touaregs, les Tou-couleurs. Le français est la langue officielle, mais la population parle
AVANT-PROPOSINUCTION
9
majoritairement les langues nationales, le bambara étant la plus utili-sée. Bamako (1,8 millions d’habitants en 2009), est la capitale du pays. Le Mali a 65 % de son territoire situé en région désertique ou semi-désertique. L’activité économique est surtout limitée autour de la région irriguée par le fleuve Niger. Environ 10 % de la population est nomade et environ 80 % travaille dans l’agriculture ou la pêche. L’ac-tivité industrielle est concentrée autour des activités agricoles. L’émi-gration à l’étranger (en France, notamment) fournit un apport décisif de revenus pour la population et pour le pays dans son ensemble. Le Mali dépend aussi de l’aide étrangère et il est très vulnérable aux fluctuations des prix mondiaux du coton. En 1997, se conformant aux injonctions du FMI, le gouvernement a mis en place un pro-gramme d’ajustement structurel afin de stimuler la croissance, la diver-sification des ressources et les investissements étrangers. Après la dévaluation du franc CFA en janvier 1994, ces réformes économiques ont soutenu une croissance moyenne de 4 %. Des entreprises multi-nationales ont développé les opérations de prospection de l’or en 1996-1998, et le gouvernement prévoit que le pays deviendra un exportateur majeur d’or dans la région subsaharienne. Il est d’ailleurs actuellement le troisième exportateur africain, derrière l’Afrique du Sud et le Ghana. L’or est devenu la première source d’exportation du pays, suivi du coton et du bétail. Parmi les principaux partenaires commerciaux, le premier pays importateur du Mali est le Sénégal avec 13,1 % en 2008 et le premier pays exportateur est la Chine avec 26,7 % en 2008. Les autres prin-cipaux partenaires commerciaux sont la France, la Côte d’Ivoire, la Belgique, le Luxembourg, la Grande-Bretagne et l’Allemagne. Depuis la chute du cours du coton sur le marché en 2005, les paysans maliens produisent aujourd’hui à perte et, en général, les marges des agriculteurs, de plus en plus étroites, les obligent à con-tracter des dettes. La CMDT (Compagnie malienne pour le déve-loppement des textiles) achète le kilo de coton 160 francs CFA alors que son coût de production s’élève à 190 francs CFA. Le Mali est victime de sécheresses répétitives depuis les années 1970 et de la baisse de ses productions de matières premières. Cepen-dant, la couverture des besoins alimentaires en céréales sèches est assurée en année de pluviométrie normale. Le Mali est également confronté au problème de la dette, d’autant plus que la dévaluation du franc CFA, censée favoriser les expor-
Voir icon more
Alternate Text