Soumission et dévotion féminines dans le catholicisme moderne , livre ebook

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Chercher Dieu jusqu'au bout. Jusqu'à se perdre, jusqu'à humilier, frapper ou mutiler son corps pour prendre congé du monde et libérer son âme, jusqu'à attendre la mort avec impatience et couper toute relation inutile avec ses semblables, y compris sa famille, jusqu'à se plier aux règles les plus strictes et les plus arbitraires pour s'interdire toute liberté et toute marge d'interprétation. Certaines expériences religieuses présentes ou passées conduisent à ces comportements de rupture excessifs et peut-être compulsifs. C'est à retracer l'une des plus spectaculaires d'entre elles - celle des mystiques et des saintes sans Église du XVIIe siècle - et à en montrer les prolongements contemporains dans un monde partiellement déchristianisé que s'attache ce livre.
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Date de parution

04 février 2021

Nombre de lectures

1

EAN13

9782304240337

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

1 Mo

Olivier Christin et Marion Richard
Soumission et dévotion féminines
dans le catholicisme moderne
Collection Addictions : Plaisir, Passion, Possession
Éditions Le Manuscrit
Paris


Dans la même collection
Nicolas Pitsos, Les sirènes de la Belle Époque.Histoire des passions toxicomanes en France, au début du xx e siècle , 2012


© Éditions Le Manuscrit, 2012
Couverture : Elisabeth Sirani, Sainte Madeleine pénitente , XVII e siècle, musée des Beaux-Arts, Besançon
© Besançon, musée des Beaux-Arts et d’Archéologie /
Cliché : Charles Choffet
Illustration page 41 : École flamande, Sainte Madeleine pénitente en extase , xvii e siècle, musée des Beaux-Arts, Bruxelles
© Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, Bruxelles / Photographe : Grafisch Buro Lefevre
Infographie maquette : Martine Andréoli
EAN : 9782304040326 (livre imprimé)
EAN : 9782304240337 (Epub)


« Addictions. Plaisir, Passion, Possession »
Abus d’alcool, troubles du comportement alimentaire, dilapidations de fortunes au jeu, sports à risque ou encore usage immodéré d’Internet, la dépendance se caractérise toujours par une pratique compulsive, la nécessité d’augmenter graduellement les doses, l’apparition d’un ensemble de troubles et de symptômes à l’arrêt de la consommation ou à la cessation de l’activité, la perte de contrôle de soi.
C’est ce moment du basculement, de l’agir à l’être agi, de la quête de sensations et d’expériences hors du commun d’un sujet libre à la résignation à la dépendance d’un malade réifié que nous voudrions saisir ici.
En faisant découvrir ou redécouvrir des textes variés, écrits à des périodes différentes, par des auteurs tout autres qui n’étaient pas dépendants aux mêmes substances, l’objectif est également de montrer que si l’addiction est le propre de l’homme, en revanche, les formes qu’elle prend, le regard qu’on porte sur elle et sur ses usagers varie dans le temps comme dans l’espace et, de fait, nous renseigne en creux sur les normes d’une société, ses peurs, ses espérances et ses désenchantements.
Dans le droit romain, l’ addictus était un débiteur, obligé de payer avec son corps la dette qu’il était incapable de rembourser. Au Moyen âge, le terme désignait la servitude dans laquelle tombe un vassal incapable d’honorer ses dettes envers son suzerain… On pourrait multiplier à l’envi les exemples pour prouver qu’à chaque époque l’addiction s’apparente à l’ordalie et se traduit par une prise de risques conduisant celui qui rêvait de « monter à l’assaut du ciel » à la déchéance et l’esclavage.
Mais la frontière entre témérité et conduite à risque est poreuse, et l’addiction est aussi un pharmacon . Considérée comme un remède quand elle atténue les souffrances physiques ou psychiques et élève l’âme, elle devient un poison dès qu’elle précipite la chute, se transforme en réponse inappropriée au « culte de la performance », et, de fait, en question de santé publique. Ainsi l’addiction vise-t-elle à réconcilier les contraires, à éprouver le paradoxe de se sentir vivre par l’assujettissement à la mort et c’est ce comportement funambule que nous voudrions examiner.
Tournée vers une question de société, pluridisciplinaire par ses contributions et le souci d’associer aux sciences humaines l’apport de la médecine, cette collection fait le pari d’un sérieux sans académisme.
Myriam Tsikounas
Directrice de collection : Myriam Tsikounas
Comité scientifique : Alain Corbin, Julia Csergo, Didier Nourrisson, Pascal Ory


Olivier Christin est historien, spécialiste de l’histoire religieuse de l’époque moderne. Il enseigne à l’EPHE et à l’Université de Neuchâtel.
Marion Richard est historienne de l’art et danseuse professionnelle. Elle est collaboratrice scientifique au sein de l’Université de Neuchâtel.


Remerciements
Les auteurs souhaitent remercier tous ceux qui les ont accompagnés dans cette aventure et notamment Christine Arnault, Véronique Castagnet, Isabelle Creusot, Marion Deschamp, Fabrice Flückiger, Naïma Ghermani, Philippe Martin et Selena Marchetti. Ils espèrent ne pas avoir tout à fait trahi leurs conseils et leurs attentes.


« Ô ma fille, que tu m’agrées dans ta dépendance »
Jésus-Christ à Madeleine Vigneron


Religion et addiction : un couple infernal ?
Faire figurer la religion – et plus précisément quelques-unes des plus ambitieuses et des plus célèbres des expériences religieuses, celles de mystiques du XVII e siècle – dans une collection consacrée aux addictions pourrait paraître abusif ou inutilement provocateur. Il n’est, en effet, pas question ici des sectes, des associations ou des congrégations ambivalentes qui mêlent sotériologies confuses, développement personnel et calculs financiers et que les pouvoirs publics surveillent plus ou moins, les considérant parfois purement et simplement comme dangereuses, notamment sur le critère de l’abolition de la liberté de ceux qui les rejoignent. Les pages qui suivent ne cherchent pas à séparer, précisément en fonction du degré d’addiction ou de dépendance dans lequel elles plongent leurs adhérents, les sectes des Églises. Elles ne traitent pas davantage de ces affaires retentissantes qui font épisodiquement la une des journaux et qui émeuvent l’opinion publique, en mettant sous les yeux de tous des pratiques d’embrigadement forcé, de destruction systématique de la personnalité, de harcèlement psychologique ou sexuel, de dérives affairistes, qui aboutissement parfois à de véritables drames 1 . Ces affaires sont assez connues et surtout assez étudiées par de nombreux experts.
Les textes que l’on trouvera rassemblés et commentés dans cet ouvrage viennent, au contraire, d’un univers institutionnel que nul ne songe sérieusement à qualifier de secte, à soupçonner de manipulation mentale, à accuser de complot, à l’exception de films hollywoodiens et de romans à clé dont la vraisemblance n’est pas l’atout majeur : l’Église catholique, et plus précisément l’Église post-tridentine 2 au temps de sa splendeur. Il nous a, justement, paru pertinent de vouloir examiner dans ce moment d’apogée de l’Église romaine, d’absolue confiance dans ses objectifs et dans les moyens qu’elle mettait en œuvre, s’il n’y avait pas, dans certains lieux (par exemple les monastères) ou dans certains procédés de fabrication de la passion religieuse (par exemple dans le durcissement des formes d’ascèse, l’alourdissement des obligations de pénitence, ou la réception très fréquente de certains sacrements) des mécanismes qui pouvaient relever de l’addiction, de la dépendance psychologique, du désir compulsif et, partant, de l’aliénation de la personne. On songe à ces pratiques de privation de sommeil ou de nourriture, de mortification ou d’humiliation publique, de confession forcée, par le croyant, de ses fautes devant la communauté, ou de rupture imposée avec l’entourage familial que l’on rencontre dans des formes de vie consacrée qui connaissent alors un immense succès, au point de finir par inquiéter l’institution ecclésiale elle-même et que nous décrirons en détail.
Ce livre n’a pourtant nulle intention d’instruire un procès à charge contre l’Église romaine, ou contre les mystiques ou encore contre la vie consacrée. Il repose, au contraire, sur la conviction qu’il y a là un terrain ou un laboratoire d’observation à la fois central, solidement documenté et relativement peu encombré de procès d’intention et de préjugés bien qu’il ouvre sur des questions contemporaines évidentes. La distance chronologique et idéologique, l’étrangeté des situations rencontrées et de la langue dans laquelle les acteurs les relatent, en un mot l’écart qui sépare ce catholicisme triomphant de notre société contemporaine ne nous ont donc pas semblé être des obstacles mais des atouts. Car ils nous ont permis de saisir plus nettement et sans avoir à porter de jugement, des pratiques et des stratégies très particulières, dont nous pourrions donner aujourd’hui des équivalents, et qui ont pour effet et pour fonction de séparer ceux qui les mette

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