62
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Français
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2014
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LES PETITES GRAINES DU BONHEUR
Contes pour petits et grands
Françoise Seigneur
© Éditions Hélène Jacob, 2014. Collection Recueils . Tous droits réservés.
ISBN : 978-2-37011-236-1
« Nous devons écouter l’enfant que nous avons été un jour et qui existe encore en nous.
Cet enfant comprend les instants magiques. Nous pouvons étouffer ses pleurs, mais nous ne pouvons pas faire taire sa voix. »
Paulo Coelho
À mon fils David et à Cécilia
À mes petites-filles, Ornella et Celia
Et à ma petite sœur Cathy
1 – L’histoire d’amour du Chêne et de la Pâquerette
Ma petite histoire commence un jour de printemps, le jour de la fête des pâquerettes.
Il y avait des petites taches blanches au cœur jaune partout dans l’herbe tout près de la rivière.
Elles s’étaient toutes donné rendez-vous là, et elles étaient aussi jolies les unes que les autres.
Les cigales chantaient avec les oiseaux et le soleil faisait briller leurs robes blanches.
Au milieu d’elles vivait depuis bien longtemps un Chêne majestueux. Et derrière une de ses grosses racines, une Pâquerette était née ce matin-là. Elle était triste, car on ne la voyait pas beaucoup pour cette belle fête.
Pâquerette se contentait donc d’admirer ses sœurs… Quand subitement, au milieu de l’après-midi, elles virent venir une jeune fille. Elle était belle aussi !
Elle regarda ce tapis de fleurs et, une à une, se mit à les cueillir pour en faire un bouquet.
Le Chêne se mit à frémir et Pâquerette, cachée derrière lui, comprit qu’elle devait baisser la tête pour avoir l’air moins belle.
En un rien de temps, il n’y avait plus de fleurs et la jeune fille s’était éloignée en chantant.
Pâquerette se mit à pleurer. Toutes ses sœurs étaient parties en plein milieu de la fête.
En relevant la tête pour remercier le Chêne de lui avoir sauvé la vie, Pâquerette vit qu’il avait les larmes aux yeux.
Alors elle se blottit contre lui et ils pleurèrent ensemble.
Dès ce moment-là, le Chêne aima Pâquerette, et Pâquerette adora le grand Chêne.
Les jours passèrent et leur amour grandissait. Pâquerette était de plus en plus belle, et le Chêne s’inquiétait pour elle :
Si tu vois quelqu’un s’approcher de toi, baisse la tête, Pâquerette !
Et Pâquerette trouvait ce jeu très amusant.
Ils avaient surtout peur des dimanches, car beaucoup de monde se promenait au bord de la rivière, mais heureusement personne ne regardait Pâquerette.
Ils riaient comme des fous tous les deux quand ils étaient de nouveau seuls, heureux d’avoir pu échapper aux hommes. Mais Pâquerette se faisait du souci, elle pensait qu’un jour on la cueillerait quand même et qu’elle ne verrait plus son ami qu’elle aimait tant.
Dans ces moments, elle sentait que le Chêne devenait triste, alors elle se promit de ne plus y penser.
Pourtant un dimanche en fin d’après-midi, alors qu’ils pensaient que tout le monde était parti, ils virent approcher un jeune homme et une jeune fille se tenant par la main.
Lui sortit un canif et, sans hésiter, creusa un cœur dans l’arbre. Malgré sa grande douleur, le Chêne ne voulut pas inquiéter son amie et il ne dit rien, trop inquiet pour elle.
À ce même moment, la jeune fille vit Pâquerette qui, dans l’affolement, regardait toute droite et impuissante son Chêne souffrir. Une vive douleur lui fit prendre conscience qu’on venait de la cueillir.
Un vent froid glaça le Chêne et Pâquerette.
Puis, une à une, elle sentit qu’on lui arrachait ses beaux pétales blancs sur chacun de ces mots : « Je t’aime, un peu, beaucoup, passionnément, à la folie, pas du tout ! »
Et avec colère, son petit cœur fut jeté dans la rivière. Pauvre Pâquerette, elle eut juste le temps de faire un au revoir à son Chêne et elle disparut dans un tourbillon.
À partir de ce jour, le Chêne perdit ses feuilles de chagrin ; il semblait moins grand, moins beau.
Tout le monde le trouvait laid : « Un Chêne qui perd ses feuilles au printemps, c’est ridicule ! »
Un jour, des bûcherons qui passaient par là dirent même qu’il faudrait penser à le couper. Mais le Chêne s’en moquait. Puis l’hiver arriva, et il fut bien malade ; le vent pensa même qu’il allait mourir.
Et enfin le printemps revint.
Chêne n’avait pas produit de feuilles et c’était déjà la fête des pâquerettes. Ça lui rappelait trop de souvenirs, il préféra fermer les yeux.
Puis il entendit une petite voix qui l’appelait, tout près de sa racine :
Chêne, Chêne ! C’est moi, Pâquerette, je suis revenue !
Et Chêne, avec beaucoup de mal, regarda et reconnut Pâquerette.
Pendant plusieurs jours, elle le soigna avec tout son amour, et le beau feuillage du Chêne réapparut peu à peu. Il avait redressé la tête. Il était immense, il était heureux.
Ils passèrent un printemps et un été merveilleux.
On dit même qu’ils se marièrent la nuit de la Saint-Jean et qu’il y avait tous leurs amis.
Ils jurèrent de ne plus jamais se quitter.
Quand arriva l’automne, Pâquerette sentit qu’elle perdait ses forces et souffrait du froid. Le Chêne, pour la réchauffer, l’enveloppa de ses racines.
Une nuit, il y eut une tempête effroyable. Pâquerette lutta, lutta, mais malgré ses grosses racines, Chêne vit au matin qu’elle était morte.
Il pleura, pleura jusqu’à la nuit.
L’étoile qui est dans le ciel, et qui savait tout de leur amour, eut pitié de lui. Elle descendit le consoler et lui dit :
Chêne, si tu peux te courber pour ramasser Pâquerette, je te promets que plus jamais tu ne pleureras.
Chêne essaya plusieurs fois, mais un tronc de chêne n’est pas habitué à cet exercice !
Au risque de se briser, il parvint, à bout de force, à la saisir. Et, de bonheur, il la posa sur son cœur.
À cet instant, Pâquerette se transforma en une jolie sirène. Depuis, toutes les nuits, elle sort de la rivière pour dormir au pied du Chêne et le Chêne est tellement beau que plus aucun bûcheron ne veut le couper.
2 – La Girouette de Monsieur le Curé
L’histoire que je vais vous raconter s’est passée dans un petit village qui sentait bon le foin, le fumier et le lait.
Les habitants aimaient tous leur village et leur curé. Et Monsieur le Curé aimait le Bon Dieu, ses habitants, les spaghettis et les coqs.
Mais attention, pas comme les spaghettis ! Car il les aimait trop pour les manger.
Gare à celui qui touchera à une plume d’un de mes coqs ! disait-il à celui qui voulait bien l’entendre.
Il savait que l’on riait un peu de cette curieuse affection, mais comme il était bon, on l’en aimait encore plus.
Un soir qu’il dînait d’une belle assiette de spaghettis et que son plus jeune coquelet picorait les miettes pour lui tenir compagnie, un orage éclata d’un coup.
Voilà qui ne va pas arranger la toiture ! dit-il.
Le vent soufflait et hurlait.
Si cette tempête me casse la girouette, je fais un malheur !
Cette girouette, il faut bien l’avouer, était un peu la fierté de Monsieur le Curé. Des générations l’avaient vue tourner par tous les temps.
L’arrière-grand-père du curé en parlait déjà lorsqu’il était encore de ce monde.
C’était en somme un souvenir de famille pour tout le village. Seulement, depuis quelques mois, elle grinçait ou refusait de tourner.
Il va la casser… Il va la casser… Mon Dieu !
Il allait demander secours au ciel quand un énorme fracas fit sursauter Monsieur le Curé qui reçut petit coq dans ses bras avec une pluie de plumes grises.
Je crois que ça y est… Ce sacré vent est content de lui !
Furieux, le curé sortit sous la pluie, le coq dans les bras. Le vent se calma aussitôt. Le curé redoubla de colère.
C’est ce que tu voulais ! Tu voulais me casser la girouette ! Et maintenant tu arrêtes pour me narguer !
Le curé savait que le vent avait des moments de folie et lui pardonna.
Mais ça ne va pas réparer ma girouette ! dit-il en contemplant les morceaux éparpillés dans la cour.
De quoi va avoir l’air mon clocher, à présent ?
Bien triste, il rentra dans sa cuisine. Petit coq, toujours très effrayé, le suivait, caché sous sa soutane.
Allons, petit coq, tu es bien le plus poltron de la basse-cour.
Il la