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Français
Presse
2019
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Publié par
Date de parution
30 octobre 2019
Langue
Français
Poids de l'ouvrage
11 Mo
Fraternité Matin n°16461 - Mercredi 30 octobre 2019
Publié par
Date de parution
30 octobre 2019
Langue
Français
Poids de l'ouvrage
11 Mo
Gare routière d’Adjamé
Zoom sur PP.2-3
une famille pas
comme les autres
Mercredi 30 octobre 2019 / N° 16 461 www.fratmat.info / FratMat Mobile #129# (Orange CI) Prix: 300 Fcfa • Cedeao : 450 Fcfa • France: 1,70 €
PREMIER QUOTIDIEN IVOIRIEN D’INFORMATIONS GÉNÉRALES
P.10Programme de l’électricité pour tous
Le gouvernement raccorde
400 mille
ménages
Retombées de la visite
du Premier ministre
dans le Tonkpi
Santé publique / RéhabilitationCes infrastructures
et construction
qui vont changer 63 milliards de F Cfa
le visage pour le Chu de Yopougon
P.4de la région
P.8et cinq hôpitaux
À l’intérieur, notre page Spécial Burkina Faso P.212 nquête Mercredi 30 octobre 2019E
Apprentis gbaka, balanceurs, coxers, syndicats, vagabonds, gnambros
Les mét ers de la gare rout ère d’Ad améi i j
On les trouve dans les gares. On les confond. Ils font souvent le même job, mais pas toujours.
des transporteurs. Mais ici, il viennent à la gare le matin,
n’y a rien de libre. Tout véhi- sans savoir ce qu’ils vont y
cule de transport doit payer faire. »
un ticket sinon, c’est la ma- En errant, ils sautent sur
chette. n’importe quelle opportunité.
Les syndicats se font beau- Ils offrent rapidement leur
coup d’argent. Á la gare de service pour vous montrer
Koumassi située au grand une gare ou aider à porter
carrefour, avant sa démoli- vos bagages.
tion il y a juste quelques
semaines, les syndicats Les po
gagnaient en moyenne Entendez les policiers. Eux
douze millions de Fcfa par aussi sont à la gare routière.
jour ! C’est devant eux que les
chauffeurs de gbaka violent
Les gnambros le feu ou stationnent sur la
Ils se disent propriétaires de chaussée. « Eux aussi
viengares. Ils n’ont jamais rien nent encaisser. Ils sont là
construit et ne sont proprié- pour leurs jetons ».
taires d’aucune terre. Mais, Dès fois, les chauffeurs se
ils ont la force et les armes. cotisent pour satisfaire les
Ils font payer des droits d’ex- policiers, y compris ceux qui
ploitation aux véhicules de « sont dans les bureaux ».
transport qui chargent sur
‘’leur site’’. Le djoulatigui
Les gnambros sont célèbres C’est le propriétaire du
véhipour leur propension à ré- cule. La plupart d’entre eux
gler leurs différends avec viennent récupérer leur
ardes machettes et des fois gent (appelé ici recette) à
même des kalachs. Adjamé. « Comme on ne
garde plus les véhicules
Les vagabonds chez le propriétaire, c’est à
Ils sont assez nombreux à la la gare qu’ils viennent pren-De quoi vivent tous ces jeunes sortis du système éducatif ? Le système D les a accueillis. (PHOTOS : SEBASTIEN KOUASSI)
gare routière d’Adjamé. Leur dre leur argent ».
fonction ? Aucune. Leur Certains djoulatigui sont des
vant de les rencontrer recrutent les chauffeurs. « En principe, ces tickets sontLes syndicats boulot ? anciens apprentis ou des
et de partager leur Certains clients, quand ils des cotisations volontaires àCe sont des vendeurs de Tout ce qui peut rapporter de chauffeurs à la retraite
quotidien, pour moi, sont fâchés, nous signalent un des nombreux syndicatstickets. Des tickets pour des l’argent. Y compris faire les
ils faisaient tous le chez le chauffeur, pensant qui pullulent dans le milieusyndicats de transporteurs. poches aux passants. « Ils BLEDSON MATHIEUA même boulot : ap- que ce sont nos patrons.
prenti gbaka. Certes, je Bien des fois, c’est le
connaissais un peu les contraire », nous ont explicité
coxers avec leur fâcheuse les apprentis avec qui nous
manie de tirer les voyageurs, avons échangé.
les syndicats et gnambros
avec leurs machettes. Une Le balanceur
journée à la gare d’Adjamé et Son nom, il le doit au fait qu’il
on en apprend. est constamment accroché
aux portières des gbaka, ba-Apprenti gbaka lançant au rythme des mou-Il est le plus connu et si on vements du véhicule. Pourétablissait un plan de car- les clients, il n’y a aucune dif-rière, il est au dernier échelon férence entre un apprentiavant d’atteindre la qualité de gbaka et un balanceur. Danschauffeur de gbaka, le grade le gbaka, les deux font lele plus élevé de leur corps de même travail. Cependant, lemétier. L’apprenti gbaka n’est balanceur est plus jeune, dé-pas réellement un apprenti. Il bute le métier et est employéest le capitaine du gbaka. Il par le chauffeur ou un ap-en est son caissier, son prenti. Il est payé à 2500 f parcomptable et son directeur fi- jour contre 5000 f pour l’ap-nancier. Quand le gbaka est prenti. en mouvement, l’apprenti est
aussi son directeur commer- Le coxercial, parce que c’est lui qui Son rôle dans le système,encaisse. Son appellation c’est de chercher des clients.vient de ce que ceux qui ap- Dans les gares, ce sont euxprennent un métier sur le tas qui appellent les clients, vontsont appelés apprentis. Mais les chercher des fois du côtédans un gbaka, c’est un mé- opposé de la voie, se faufilanttier à part entière. entre les voitures. Ils ont uneBeaucoup de transporteurs expertise pour faire traverserconfient leurs véhicules aux les voies. apprentis et ce sont eux qui Scotchés à une portière toute une journée…nquêteMercredi 30 octobre 2019 3E
Une fam lle parfa te…i i
chance d’y arriver. « C’est Un jour, Abou et Awa se
mamême vie là on mène. Chauf- rieront. Mais pas devant le
feur oh, apprenti oh, c’est maire. « Nous, quand on se
même vie. Y a pas l’argent marie, on ne va pas à la
maidedans. Á part enjaillement rie. On fait ça entre nous. On
que les chauffeurs font de achète un peu de riz, on
prétemps en temps ». Enjaille- pare et surtout on fait
enjailment ? « C’est quand un lement. »
chauffeur de gbaka fait farot Enjaillement ? Ce sont les
farot avec son véhicule dans cortèges que les chauffeurs
la ville. Surtout les jours de de gbaka font quand un des
mariage ou les soirs. » leurs se marie. « Ça, c’est
Abou dit aussi que son fils qui trop important pour nous. »
est cireur de chaussure sera Les véhicules se suivent, les
apprenti, puis chauffeur de uns aussi surchargés que les
gbaka ou taxi. « Mais, est-ce autres et essaient de faire le
qu’il y a d’autre travail ? Lui- maximum de fantaisies, la
même, il est au courant. Ce plupart du temps très
risn’est pas comme chez vous quées. « Nous, on n’a pas
où les enfants peuvent faire peur du risque. On vit
deautre boulot que celui de dans, on vit avec. »
leurs parents. Chez nous, ton Chaque jour de travail pour
papa roule gbaka, tu vas rou- le couple, et même pour le
ler. Ton papa est menuisier, fils, est un risque. Le père
mécanicien, tu vas faire est scotché à la portière du
même boulot. Il n’y a pas gbaka, sans la moindre
prod’autres solutions. » tection. « En cas de choc,
Chez les Abou, il n’y a pas de même simple accrochage, il
repas du soir. Tout le monde prend des coups. «
Balanmange dehors. Il n’y a ni table ceur n’a pas lock dans
accià manger, ni cuisine. Sauf dent ». En noutchi, cela
pendant les grandes fêtes, no- signifie, le balanceur n’a pas
tamment le Ramadan et la Ta- de chance en cas d’accident
baski. « Là, on se débrouille (lock vient du mot anglai
pour trouver quelque chose et luck, chance)
madame fait à manger. Elle
prépare dans la cour ». B. MATHIEU
… Ils mettent leur vie en danger pour survivre. (PHOTOS : SÉBASTIEN KOUASSI)
bou Touré est ap- magasins. Elle se faufile monde « se cherche. On tu es mort », rigole-t-il. ‘‘ C’est quel code de la
prenti gbaka. Il par- entre les véhicules, sur le grouille tous ». Abou est colocataire. Il vit
tage sa vie avec boulevard de Gaulle, côté Abou et les siens vivent à avec une autre famille. « On route chauffeur de gbakaAwa, vendeuse Renault, à Adjamé. En pleine Abobo Colombie. « C’est est deux dans la maison.A d’eau glacée, mou- gare routière. On a toujours entrer-coucher. Chez vous Mon bras droit a aussi une
choirs jetables, arachide ou peur pour ces vendeurs am- à Cocody, on appelle ça femme et un enfant ». ne connaît pas ’’ ?parapluie. « Ce qui sort là, bulants qui risquent d’être studio ». Six personnes dans cette
pec’est ça elle vend ». Enten- renversés par les automobi- « Entrer-coucher », l’appella- tite pièce d’à peine deux