Violette Anthémis : Saint-Valentin

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Une nouvelle coquine de saison illustrée par l'équipe de Dead-Men, avec une vidéo (très) coquine de Miss Edith Oswald.
Pour le soir de la Saint-Valentin, Violette retrouve quelques uns de ses ex...
La galerie et la nouvelle sont disponibles à cette adresse : http://www.dead-men.fr/violette-anthemis/livre-saint-valentin.php
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Publié le

12 mai 2017

Nombre de lectures

209

EAN13

9791096419029

Licence :

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Paternité, pas d'utilisation commerciale, pas de modification

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

1 Mo

Dead-Men
Violette Anthémis Saint-Valentin Par Dead Men JM & Paul
Violette Anthémis Saint-Valentin
Visitezhttp://violetteanthemis.dead-men.fr/books.php#stvaldécouvrir le cadeau pour de Saint-Valentin de Violette ! Chaque mois, retrouvez les péripéties de Violette Anthémis sur http://violetteanthemis.dead-men.fr.
ISBN : 979-10-96419-25-8
1
Violette sortit de la douche, s’enroula dans une serviette et alluma une cigarette. Elle ignora son téléphone qui sonnait pour la huitième fois de la journée pour se concentrer sur sa préparation : appliquer un maquillage un peu sophistiqué et donner à ses cheveux un aspect négligé lui prit une bonne partie de la matinée. Après quoi elle enfila un petit haut, une jupe, des bas, un porte-jarretelles, puis elle passa son manteau et sortit profiter du Soleil. Le fond de l’air était frais, mais agréable pour la saison. Rarement un mois de février fut aussi clément. Samir accusait le réchauffement climatique, mais, de ce que comprenait Violette, la France se trouvait à la même latitude que le Canada ; et le phénomène en question menaçait le Gulf Stream qui tempérait le pays. Il devrait donc faire plus froid l’hiver. Dans l’ensemble, Violette se prononçait plutôt en faveur du réchauffement climatique, car elle adorait les sports d’hiver en général et le ski en particulier, et l’idée d’une neige abondante lui plaisait bien. Mis à part quelques amoureux qui avaient oublié quel jour on était, la ville était calme. Violette passa tout de même par les petites rues, plus jolies que les grands axes. Elle acheta des cigarettes à son tabac habituel et prit le temps d’en fumer quelques-unes en flânant avant de s’en retourner chez elle. En chemin, elle s’amusa de voir de solides gaillards encombrés de paquets cadeaux roses décorés de licornes blanches. Une boutique de babioles pour filles avait ouvert quelques mois auparavant ; on y trouvait tout ce qu’une demoiselle moderne pouvait désirer, de la statuette de fée à paillettes au t-shirt trop décolleté en passant par les canards vibrants, les godemichets folkloriques et de jolis chapeaux. William lui avait d’ailleurs offert des exemplaires de ces deux derniers articles et Violette les mettait souvent. Il s’était longtemps amusé à l’observer les essayer, jusqu’à ce que Violette se lasse de William pour lui préférer Samir. Ah ! Samir ! Une histoire courte — dans tous les sens du terme —, mais intense. Il était photographe et ils s’étaient rencontrés au cours d’une séance de photos de nus. En y repensant avec un peu de recul, Violette regrettait de l’avoir quitté pour Philippe. D’accord, Philippe avait de l’argent, mais il était pingre à la limite de la radinerie. Et surtout, il s’habillait extrêmement mal. Violette avait honte de se montrer en sa compagnie lorsqu’il portait un pull jacquard à col en V ! Et ça, c’était quand il ne parlait pas politique. Philippe était encore moins progressiste que son ex, François, qui pour la jeune femme représentait le maître étalon de ce que l’extrême droite pouvait produire de plus arriéré. C’était bien simple, François s'opposait à tout : l’immigration, la sécurité sociale, la sécurité de l’emploi, les trente-cinq heures, l’homosexualité, les nouvelles technologies, les juifs et les musulmans, le vote des femmes, le droit à l’IVG, l’égalité des sexes, tout ! En revanche, il aimait la sodomie. Oh ! Les fesses de Violette avaient connu quelques-uns de leurs pires moments entre les mains de François ! Et quand il parlait sodomie, il ne parlait pas d’une pratique délicate, mais d’un assaut direct et brutal. À peine prenait-il la peine de l’humidifier avec un peu de salive. Rien que d’y penser, Violette frissonna. Sans s’en apercevoir, elle approchait de son immeuble. Un peu fatiguée par sa promenade plus longue que prévue, elle remonta chez elle, tomba le manteau et la jupe pour s’accorder une petite sieste.
2
Fasciné, Samir regardait le godemichet emporté par son petit moteur se tortiller dans tous les sens. Il se fit la réflexion qu’une telle activité devait se montrer sans pitié pour les piles. Mais il était tellement amusant avec son bout presque flaccide qui venait titiller l’anus. Dans l’absolu, l’objet était joli : un lutin rigolo brandissant l’index. De prime abord, son utilisation ne sautait pas aux yeux. Spontanément, personne n’aurait l’idée de
s’enfoncer le chapeau et la tête d’un lutin à l’air idiot entre les jambes, encore moins lorsque le doigt dressé s’immisçait entre les fesses. « Il est très populaire auprès des jeunes femmes, lui assura le vendeur. — Ah ? fit simplement Samir en arquant un sourcil. Passé le côté gag, je ne vois pas trop l’intérêt. — Il faut l’avoir essayé pour comprendre. » Samir contempla encore un peu l’étrange objet sous l’œil attentif du vendeur. Qui jugea bon d’ajouter : « Croyez-moi sur parole. Et il n’est pas si cher que ça. — Je le prends, conclut Samir en se disant que, au pire, il ferait bien rire. Je peux avoir un paquet cadeau et des piles de rechange ? » Son présent sous le bras — ou plutôt dans un sac —, le jeune homme décida qu’il faisait soif. Il regagna la place et s’installa en terrasse. Malgré le petit vent, le Soleil était agréable et au moins il pourrait fumer autre chose que son horrible cigarette électronique. Il commanda un demi au serveur amusé de voir un paquet cadeau rose avec des licornes blanches de plus.
3
« C’est exactement ce qu’il faut à l’élue de votre cœur, Monsieur. Ce produit est très populaire auprès des jeunes femmes. » La journée était excellente pour le magasin. Ils avaient vendu jusqu’au dernier de ces godemichets idiots commandés pour la Saint-Patrick et dont personne ne voulait, et maintenant ils se débarrassaient des boules de geisha télécommandées. Le produit n’était pas mauvais en-soi, mais l’effet était si puissant qu’il en devenait débilitant. Le vendeur l'avait constaté en personne au restaurant, peu après la commercialisation des boules. La jeune femme s’était mise à geindre puis à hurler en public avant d’éjaculer à s’en dessécher les glandes de Skene. Et puis elle l’avait plaqué non sans l’avoir au préalable gratifié d’une sévère baffe qui lui cassa une dent. Pour la défense, les piles de la télécommande s’étaient malencontreusement vidées et les boules de geisha étaient restées bloquées sur l’intensité maximale. À sa grande honte, sa compagne dut les ôter en public. Ceci expliquant cela. « Et ça marche bien ? demanda William. — Si ça marche bien ? Il demande si ça marche bien. Mon ami, l’heureuse élue en aura les jambes coupées. Si elle se relève après les avoir utilisées, c’est bien simple, je vous les rembourse de ma poche. Soixante euros, une affaire ! — C’est vrai que ça a l’air tentant. — Ma relation avec ma compagne a pris une tout autre dimension depuis que nous les avons utilisées. — À ce point ? — Et encore, je ne vous dis pas tout. — Bon. Je les prends. Je peux avoir un paquet cadeau et des piles de rechange ? — Sage précaution. »
4
« Et vous dites que ça se met dans les fesses ? » François étudiait avec intérêt les boules thaïlandaises qui évoquaient la forme d’un hippocampe avec leur charmante poignée à l’extrémité et leurs sphères de plus en plus petites. « Tout à fait. À chaque boule qui entre ou sort de l’anus, les muscles s’ouvrent puis se referment. Et un petit moteur fait délicatement vibrer le tout. Des sensations uniques. — C’est génial ! » Génial, le vendeur l’ignorait. Lorsqu’il avait utilisé ce modèle, il s’était aperçu trop tard
que le plastique présentait de minuscules excroissances au niveau de la soudure. S’en étaient suivies des saignements humiliants. « Ce produit est très populaire auprès des jeunes femmes. J’ai personnellement eu des retours édifiants. — Je vous crois ! Une telle merveille d’ingéniosité ne peut qu’engendrer l’enthousiasme. Mais euh… pourquoi appeler ça des boules thaïlandaises ? Rassurez-moi, le produit a bien été fabriqué chez nous, n’est-ce pas ? — Comme tout ce que nous proposons, Monsieur. » D’où la plupart des défauts de fabrication. Jamais cela ne serait arrivé avec un produit chinois. « Quant au nom, c’est pour l’exotisme. Il ne s’agit ni plus ni moins que d’un chapelet. — Je vois. Vous savez qu’en Thaïlande, ils violent les enfants ? — Non. Je l’ignorais. — Je trouve que le terme chapelet est plus adapté. Moins connoté. — Ça répond très clairement à une tradition plus occidentale. — Exactement. Je vois que nous nous comprenons. Et bien, je les prends. Je peux avoir un paquet cadeau et des piles de rechange ? — Je vous prépare ça immédiatement. »
5
Philippe hésitait. Les deux produits que lui proposait le vendeur lui semblaient excessivement onéreux. « Et vous n’en avez pas d’occasion ? — Celles qui les ont essayés refusent de s’en défaire ! — À ce point ? — À ce point. — Fichtre ! — Absolument. — Mais quand même… trente euros… — Un investissement. Ce produit est très populaire auprès des jeunes femmes. — Et ils brillent la nuit ? — S’il y a des piles, oui. — Ingénieux. J’hésite entre le modèle féminin et le modèle masculin. — Je vous dirais que tout dépend de la personne. Mais entre nous... » Le vendeur de se pencher vers Philippe et de murmurer : « Entre nous, pourquoi choisir ? — Ben, parce que c’est cher. — Je vais vous dire. Parce que je vous aime bien, je vous fais un prix si vous prenez les deux. Dix euros de remise. Cinquante au lieu de soixante. » Philippe réfléchit en balançant les deux objets dans ses mains comme s’il les soupesait. L’offre le tentait, surtout qu’ils étaient complémentaires. « Allez, c’est entendu. Je peux avoir un paquet cadeau et des piles de rechange ? — Je vous les offre, ça me fait plaisir. » Son achat réglé et son paquet sous le bras, Philippe quitta la boutique, laissant le vendeur satisfait. « Décidément, se dit ce dernier, c’est la journée des cons. Qu’est-ce que les gens ne feraient pas dans l’espoir de tirer un coup ? — Dis, l’interpella son collègue et associé, il nous reste des statuettes de Marie et Joseph ? Celles qui brillent la nuit ? Madame les cherche. — C’est pas de bol. Je viens de vendre les dernières. »
6
Encore somnolente, Violette rêvassait aux multiples douceurs de la vie. Elle s’imaginait nue à la campagne sous un beau soleil d’août, savourant le contact des herbes hautes sur
ses mollets. Elle se vit se baigner dans un ruisseau d’eau vive et claire, la fraîcheur lui gagnant les cuisses pour monter lentement entre ses jambes. Là où sa main s’égara, justement. Elle constata avec surprise qu’elle était humide. Son majeur se glissa entre ses lèvres. Elle se caressa doucement, se permettant de temps en temps d’approfondir un peu plus le sujet. Un orgasme langoureux et paisible finit de la réveiller. Son téléphone indiquait quinze heures. Elle avait dormi plus de trois heures et se sentait en pleine forme. La jeune femme se rhabilla prestement avant de filer dans la cuisine pour la préparer en vue du dîner. Rien d’extravagant : salade gasconne au foie gras en entrée, cuisses de canard confites au gingembre sur un lit de pommes grenailles, sorbet à la mangue avec un coulis de cerises griottes à l’armagnac au dessert. Une recette de sa copine Géraldine qui emballait tellement avec ça qu’on aurait pu croire à une activité professionnelle. L’idée de se réconcilier avec ses ex venait d’elle, aussi. Car leurs séparations ne s’étaient jamais déroulées dans des conditions idéales. Ainsi, Samir avait très mal pris qu’elle le trompe avec Philippe. Et William avait eu quelques difficultés à comprendre les arguments de Violette lorsqu’il la surprit avec François dans les fesses. D’autant plus qu’à mordre l’oreiller de sa grand-mère, elle l’avait complètement déchiqueté. Le même François qui ne saisit pas, lorsqu’elle lui annonça qu’elle rompait, pourquoi Violette le quittait pour un Arabe qui prenait des photos d’elle à poil pour les vendre sur Internet. Violette trouvait ça d’autant plus absurde que les photos n’avaient rien à voir dans l’histoire. Aussi Géraldine lui avait conseillé de les réunir pour qu’ils apprennent à se connaître et qu’ils enterrent enfin la hache de guerre. Et Violette s’était dit que, hasard du calendrier, la Saint-Valentin serait le moment idéal. Un symbole fort de leur amitié plus grande que les petites rancœurs mesquines de chacun. Et quoi de mieux pour souder une belle amitié qu’un délicieux sorbet à la mangue avec un coulis de cerises griottes à l’armagnac, hein ?
7
Huit heures. La sonnette retentit dans tout l’appartement. Pour la énième fois, Violette prit une note mentale pour la changer. Une fois, elle avait eu tellement peur qu’elle s’était fait un peu pipi dessus. François arriva le premier. Violette l’accueillit à bras ouvert, poussant la bienséance jusqu’à protester lorsqu’il lui présenta son cadeau avec une « Joyeuse Saint-Valentin ! » retentissant. « Il ne fallait pas, insista Violette en déballant le paquet. — Mais si ! Rien n’est trop beau pour toi. » La jeune femme sortit les boules thaïlandaises et les contempla à bout de bras. « Qu’est-ce que c’est ? Un ustensile de cuisine ? — Je vais te montrer. » Il lui arracha le chapelet des mains et avant qu’elle puisse réagir, il lui souleva la jupe, écarta la ficelle de son string et lui enfonça trois boules dans les fesses. Violette sursauta avec un petit cri de surprise douloureuse. Elle se débattit, se dégagea et récupéra l’objet qui lui sortait du derrière. « C’est… original, concéda-t-elle, décidée à tout faire pour que la soirée se passe du mieux possible. Oui, c’est ça. Original. Et très décoratif. — Je savais que ça te plairait. » Elle posa le chapelet sur une étagère et réajusta son string. François s’excusa pour se retirer aux toilettes, et Samir apparut à la porte avant qu’elle ne puisse la refermer.
« Je ne suis pas en retard ? — Pile à l’heure ! — C’est pour toi ? — Samir, il ne fallait pas... » Elle déballa le lutin vibrant et, perplexe, demanda ce que c’était. Samir tenta de le lui fourrer entre les cuisses, mais Violette le retint, affirmant qu’elle avait compris. Le lutin rejoignit donc les boules thaïlandaises sur l’étagère à l’instant où François revenait des toilettes. « Qu’est-ce qu’il fait ici celui-là ? — Allons, le réprimanda Violette. Vous êtes tous les deux mes invités. Ce soir, je voulais... » L’arrivée de William l’interrompit. Pour la première fois, Samir et François trouvèrent un terrain d’entente dans l’opposition véhémente à la présence du jeune homme. « Allons ! protesta Violette. Un peu de tenue ! Nous sommes entre gens civilisés, non ? » William grogna quelque chose. Violette profita de ce qu’il aille poser son manteau dans la chambre pour lui parler en privé. « Ce soir, je veux que tout se passe bien. Alors je te demande de faire un effort. C’est d’accord ? — Je veux bien faire tous les efforts du monde, mais pas pour ces deux crétins. — Will… — Non. C’est non, un point c’est tout. — Will, s’il te plaît. Pour moi. » William réfléchit. Puisque la soirée ne se déroulait pas comme il l’avait espéré, il décida au moins d’en profiter un peu. « D’accord, mais à une condition. — Laquelle ? — Tu essayes mon cadeau devant moi. — Oh ! Tu m’as acheté quelque chose à me mettre ? C’est quoi ? Un chapeau ? »
8
François et Samir échangeaient des politesses un peu vertes lorsqu’un long cri venu de la pièce voisine couvrit leurs insultes. « Oooooh ! Will, arrête ça ! Arrête ça tout de suite ! — Je ne peux pas, la télécommande est cassée ! — Enlève-les ! Aaaaah ! Je t’en supplie, enlève-moi ça immédiatement ! — Merde ! Tu en as mis partout… — Ooooooh ! » S’en suivirent des gémissements, des plaintes et des hurlements déchirants, puis Violette revint dans le salon les joues rouges et avec une nouvelle jupe. William lui emboîta le pas et disparut dans la cuisine, prétextant qu’il devait se laver les mains. Gênée, Violette se perdit en excuses confuses, fort heureusement interrompues par l’arrivée du dernier convive. Philippe ignora royalement la présence des trois autres invités et tendit son cadeau à Violette qui le déballa aussitôt. « On dirait la Vierge Marie et Joseph. — Ce sont la Vierge Marie et Joseph. Ils brillent la nuit. — Tu ne vas pas essayer de me les mettre dans les fesses ? — Quoi ? — Non rien. Je vérifiais. » Les cinq compères s’installèrent autour de la table pour que Violette serve le champagne. « Je suis contente que nous soyons tous réunis ce soir. C’est important pour moi de
parvenir à ce que tout le monde s’entende bien. Et aussi, j’aimerais dissiper cette tension. Je veux que nous nous quittions bons amis. — Mhmm, grommela Samir. Ça va être coton. Pas si chacun y met un peu du sien. » Violette leva sa coupe. « À l’amitié ! » Les autres trinquèrent sans trop de conviction et en s’échangeant force regards suspicieux. « Ça veut dire qu’on ne va pas… — Non, Philippe. On ne va pas, comme tu dis. — Mais c’est la Saint-Valentin, protesta François. Je pensais que… — Non. J’ai choisi cette date parce que la Saint-Valentin est un symbole fort. — C’est peut-être un peu trop fort, comme symbole, remarqua William. Faut admettre que ça porte à confusion. » Les trois autres acquiescèrent vivement. Mais Violette ne se démonta pas et leur exposa par le long les raisons de sa démarche. « Maintenant, conclut-elle, je vous prie de m’excuser, mais je dois préparer le dîner. Je vous réserve une belle surprise. »
9
« La salope ! » William, François et Philippe approuvèrent comme un seul homme l’explosion de frustration de Samir. « Nous faire ça le jour de la Saint-Valentin ! pesta William. Franchement ? — Aucun respect, renchérit Philippe. C’est une honte. — Pour qui passons-nous ? — Je vais te dire, pour qui, s’agaça François. Pour une belle brochette de gros cons. Du genre à la botte de madame. Moi je pensais niquer, ce soir, moi. — Ben, moi aussi ! — Moi aussi, dit Samir. — Mais vous savez quoi ? » Toutes les têtes se tournèrent vers William. « On va lui jouer un tour à notre façon. — La droguer et faire notre affaire ? demanda François. — Non, rétorqua William après une courte réflexion. Je pensais éviter la prison dans la mesure du possible. — Ah… — Non. Pas question que nous repartions les mains vides. Écoutez mon plan. Qui sait jouer au poker ? Mais par-dessus tout, qui sait tricher ? » Trois mains se levèrent. « Je ne connais pas d’autre façon de jouer ! » précisa François.
10
« Vous êtes certains ? » Violette ne dissimulait pas son scepticisme. « Écoute, expliqua William. C’est un jeu de confiance. Quoi de mieux pour développer la confiance entre nous ? — C’est vrai, admit la jeune femme. Mais méfiez-vous, je suis redoutable. — L’enjeu n’est pas très important, renchérit Philippe. Ce qui compte, c’est la démarche. — Je comprends. J’avoue que je suis surprise que vous vous entendiez tous aussi bien aussi vite. — Nous nous sommes dit que tu avais raison, dit Samir en commençant à débarrasser la table. C’est bête de se faire la tête comme ça. — Je suis bien contente. En revanche, personne n’a mangé de la glace…
— J’ai plus faim. — Je ne suis pas trop fan de la mangue, admit François. — Moi, dit William tu sais, les cerises griotte… — J’aime pas trop l’armagnac, expliqua Philippe. Bon, on s’y met ? » Quarante minutes plus tard, Violette avait déjà perdu cinq mille euros. « Virtuels ! » précisa François bien que l’argent se trouvât sur la table avec quelques reconnaissances de dettes. « Nous pourrions t’acheter des vêtements, proposa Samir. Pour éponger un peu tes dettes. — Virtuels, eux aussi ? — Ah non ! Sinon il n’y a plus d’enjeu. — C’est que je n’ai pas très envie de me retrouver toute nue… — La chance va tourner, c’est sûr, la rassura Philippe. — Obligé, ajouta William. — Bon. Ben alors d’accord. » Après une heure et demie de jeu, Violette se retrouva en string, et encore elle devait s’en séparer pour pouvoir continuer à jouer. Elle aurait voulu arrêter, mais voir ses ex aussi bien s’entendre la rendait tellement heureuse qu’elle accepta de retirer son dernier vêtement. En plus, elle tenait une main excellente : un carré d’as. « Quinte flush royale ! s’exclama William victorieux en abattant ses cartes. — Encore ! La troisième de la soirée ! — Je sais. C’est dingue, non ? — Mais je n’ai plus rien à ôter… — Et bien, tu pourrais… jouer un peu avec toi, proposa Samir. Pour nous. — C’est vrai, approuva Philippe. Après tout, nous avons tous été en couple avec toi. — Certains avaient même des projets à long terme avec toi, rajouta William. — Mais c’est vachement humiliant, protesta Violette. — Rien que nous n’ayons déjà vu. Tu pourrais jouer avec tes seins pour commencer. Et puis après, ben tu pourrais te caresser un peu. Non ? »
11
Julien était le voisin de Violette depuis quelques années déjà. Avec le temps, il s’était habitué aux frasques de la jeune femme et ne s’étonnait plus de rien. Souvent, il avait l’impression de vivre à proximité d’un film pour adulte. Elle cultivait le don pour se fourrer dans des situations improbables. D’un autre côté, elle ne payait potentiellement pas beaucoup de factures. D’ailleurs, son appartement devait avoir la plomberie la plus minable du quartier à en juger par les visites mensuelles du plombier. Ce qui était étrange, parce que lui-même n’avait fait appel aux services d’un artisan qu’une seule fois en dix ans. Mais là, tandis qu’il l’avait la vaisselle en attendant de rejoindre sa femme dans le salon, c’était le summum. « Ben ça ! » lâcha-t-il. Violette était accroupie sur un homme, un deuxième la pénétrait par-derrière, et elle en prenait un troisième dans la bouche tout en masturbant un quatrième de sa main libre. « Qu’est-ce qu’il y a ? demanda Lise depuis le canapé devant la télévision. — Rien, c’est encore la voisine qui fait n’importe quoi. » Julien se racla la gorge. Un tel spectacle lui filait une érection du tonnerre. Aussi, il n’en manquait pas une goutte. Comment aurait-il pu ? Rien que de voir les seins de sa Violette s’entrechoquer en rythme lui donnait envie de se branler dans la vaisselle. « Chérie ? lança-t-il. Puisque les enfants ne sont pas là, ça te dirait de, tu sais, fêter la Saint-Valentin comme avant ? En amoureux ? — Pas aujourd’hui, Juju. Je suis fatigué. — Bon. Tant pis. »
Tant pis pour la vaisselle, oui !
12
« J’arrive pas à croire qu’elle nous a séchés tous les quatre, s’étonna Samir encore à bout de souffle. Je veux dire, je sais pour l’avoir pratiquée qu’elle est vigoureuse, mais quatre personnes ? — Et en même temps, souligna William. — Sauf quand François était occupé à mettre Philippe. — Oui, ben faut pas critiquer ! protesta François. Philippe, je te ramène ? Je suis en voiture. — Avec plaisir. » Le tout nouveau couple s’éclipsa, laissant William et Samir les mains dans les poches au pied de l’immeuble de Violette. « Alors là, dit Samir. J’aurais tout vu. — Moi j’en reviens toujours pas. Rien que la coordination nécessaire… — Y penser me file mal à la tête. Bon. On fait quoi ? Tu veux boire un verre ? — Entre nous ? Je tirerais bien un dernier coup. Ça faisait longtemps. Et c’était bien, hein ! Juste… ben, ça faisait vraiment longtemps. T’en connais d’autres, toi, des filles faciles comme ça ? » Samir toussa dans son poing et haussa les épaules. « Ça coûte rien de demander. » Il pressa le bouton de l’interphone de Violette et attendit. « Oui ? fit la voix de la jeune femme après un moment. — Violette ? C’est Samir. Je suis avec William et, ben, on se disait que… on se disait qu’on remettrait bien ça. Si ça te dérange pas trop. — Mais il est tard ! — Oui, admit William. Mais on a vraiment très envie ! — Tous les deux ? — Sans vouloir nous imposer. — Et François et Philippe ? — Je pense qu’ils sont partis faire la même chose chez François. — Bon, céda Violette. D’accord. » L’interphone émit un bruit étrange et la porte fut déverrouillée. « Après toi ! » dit Samir en invitant William à le précéder.
© Dead-Men, 2015 http://www.dead-men.fr
© Violette Anthémis, 2015 http://violetteanthemis.dead-men.fr
Violette Anthémis est incarnée par Miss Edith Oswald.
Photographie de couverture : Dead-Men & Miss Edith Oswald
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