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Aujourd’hui, 22 août, est la date d’anniversaire de Ray Bradbury, le célèbre auteur de science-fiction. A cette occasion, Neil Jomunsi a initié le concept de #RaysDay via les réseaux sociaux afin de célébrer le plaisir de la lecture.
Dans le cadre de cette initiative enthousiasmante, un grand nombre d’auteurs, de libraires et de lecteurs de tous horizons ont choisi de participer à cette grande fête, en lisant, partageant et offrant des textes. Sans aucun artifice commercial. Nous célébrons seulement le plaisir de lire.
C’est à cette occasion que parait aujourd’hui ma maigre contribution au mouvement : une minuscule nouvelle en forme d’allégorie de la rencontre amoureuse.
Bonne lecture et Joyeux Ray’s Day à vous !
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22 août 2014

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Paternité, pas d'utilisation commerciale, partage des conditions initiales à l'identique

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Français

Le 22 Août Au ourd’hui 22 août est la date d’anniversaire de Ra Bradbur le célèbre auteur de science-fiction. A cette occasion Neil Jomunsi a initié le conce t de #RaysDay via les réseaux sociaux afin de célébrer le plaisir de la lecture.Dans le cadre de cette initiative enthousiasmante un rand nombre d’auteurs de libraires et de lecteurs de tous horizons ont choisi de artici er à cette rande fête, en lisant, partageant et offrant des textes. Sans aucun artifice commercial. Nous célébrons seulement le plaisir de lire.C’est à cette occasion ue arait au ourd’hui ma mai re contribution au mouvement : une minuscule nouvelle en forme d’allégorie de la rencontre amoureuse.Bonne lecture et Joyeux Ray’s Day à vous !Alexandre Jarry
─┐TIROIRS┌─« Alors c’est toi le nouveau ? »Le Nouveau acquiesça timidement.« C’est pas trop tôt. Je ne te cache pas que le poste est resté vacant depuis – Ouuuh ! – un certain temps, déjà ! En même temps, j’ai cru comprendre que, dans ta branche, pour trouver du personnel qualifié, il fallait se lever tôt. Enfin bref. T’as une montagne de boulot qui t’attend et j’aime autant te dire que, ta place, je te la laisse bien volontiers ! Allez, suis-moi. »Le Coordonnateur, franc du collier et un rien pète-sec, enclencha la visite du site d’une démarche chaloupée et sanguine. Le petit chef était un nerveux, guère sympathique de prime abord et visiblement assez porté sur la discipline.« T’es ponctuel, lui assena-t-il ?— Oui, m’sieur.— Bien. Parce qu’il te faudra être sur le pied de guerre en toutes circonstances.— J’en ai conscience, m’sieur.— Je gage que tu n’es pas un mou du genou, hein, mon gars ?— Non m’sieur, je suis excessivement motivé !— Retire l’excès, alors. Ça peut te péter à la gueule à tout moment. Beaucoup ne sont pas fans de ce qui est excessif.— Bien chef ; j’ai pour moteurs une motivation et un amour de mon travail sans faille.— Il vaudra mieux pour toi ! Je te le dis d’entrée de jeu, tu n’as pas envie – mais alors, vraiment pas envie – de te mettre la Patronne à dos. »Une claque lancée à la vitesse d’un message neuronal vola entre les omoplates du Nouveau. Il comprit qu’il venait d’obtenir l’assentiment du Coordonnateur pour occuper ses nouvelles fonctions. Le geste ferme était imprégné d’une franche camaraderie et de la douleur cuisante qui l’accompagnait. Si le premier test semblait s’être déroulé sans anicroche pour lui, il restait néanmoins un dernier point à régler :« Nous y voilà, petit. Bon, dis-moi, as-tu déjà travaillé dans les Tiroirs ? »Ses qualifications n’étaient pas des plus formidables. En vérité, il avait les mêmes compétences que beaucoup d’autres et ne se démarquait guère de la concurrence. Elle l’avait pourtant choisi, lui. Elle lui avait donné sa chance. Et il ne voulait, pour rien au monde, la gâcher.Le Nouveau contempla les Tiroirs. Il leva le regard et crut bientôt devoir s’en rompre la nuque tant il lui fallait renverser la tête en arrière afin d’embrasser l’immensité du site.Oui, il avait déjà travaillé dans des Tiroirs. Mais dans des comme ceux-là, jamais !« Je suis toujours époustouflé par la majesté de ces lieux, lui glissa le Coordonnateur. Y’a pas à tortiller, des endroits pareils, tu n’en verras pas deux fois dans ta vie, gamin. »Et le petit chef au nez épaté n’avait pas totalement tort. Les colonnes interminables et biscornues de tiroirs finement sculptés dans la souplesse d’une courbe et dans l’harmonie des
arabesques semblaient toiser de leurs hauteurs fantastiques les deux minuscules individus. Les Tiroirs, dépareillés, colorés de mille teintes chatoyantes, occupant massivement l’espace tout en paraissant épouser les caprices virevoltants de l’air avaient bien quelque chose de majestueux, de puissant, de beau et fragile à la fois. Subjugué par ce seul panorama ondulant et rassurant, le Nouveau comprit qu’il venait de mettre les pieds et le cœur dans le dernier refuge pour son âme. Il allait se sentir bien ici. Et pour longtemps...Les Tiroirs gigantesques, sans cesse en mouvements, s’ouvraient gracieusement, laissant tantôt sortir un Messager pressé, tantôt une Traductrice chargée de convertir les informations circulant entre les différents Tiroirs. Il régnait dans cette effervescence sans commune mesure une atmosphère studieuse mais délicate. Rien ne semblait pouvoir troubler l’ambiance de cette ruche à peine plus bruyante que les murmures de la lune dans le lit d’une rivière. Rien, sauf peut-être l’arrivée du Nouveau…« Ecoutez bien tous, tonna le Coordonnateur, afin de capter l'attention des habitants. Comme vous le savez, la Patronne a volontairement décidé, il y a de cela quelques années, de verrouiller le Grand Tiroir Supérieur… »Une vague de chuchotements intrigués…« Mais comme vous vous en doutiez également, toutes les bonnes choses ont une fin et un Nouveau a reçu de la Patronne l’extrême privilège de devenir le détenteur de la Clef du Grand Tiroir Supérieur ! »Cette fois, une rumeur vaguement hostile bourdonna dans les oreilles du Nouveau. Sa venue inquiétait bien du monde. Tous les murs du royaume des Tiroirs en vibraient d’appréhension. Il n’en fut pas contrarié. Il pouvait comprendre. D’autres avant lui avaient déçu la Patronne et, de ce fait, avaient trahi la confiance de tout son peuple. S’il n’était pas le bienvenu, c’était uniquement parce qu’il lui restait à faire ses preuves. Et le Coordonnateur eut le bon goût et le tact de le préciser.« Mes amis, inutile de vous échauffer, je veux qu’un bon accueil lui soit fait, malgré vos réticences. Vous connaissez notre devise, n’est-ce pas ? »Les voix diverses, fortes et douces, souples et profondes s’élevèrent pour scander à l’unisson :Un seul corps, une seule âme, mille tiroirsUne seule voix, une seule vie, mille espoirs« Bien. Le Nouveau est donc des nôtres. »Le Coordonnateur se tourna vers celui-ci et lui expliqua le fonctionnement des Tiroirs. L’accès au Grand Tiroir Supérieur – qui, comme son nom l’indiquait, se trouvait au sommet – n’était pas des plus aisés. Il existait un chemin.« Pour nous rejoindre jusqu’ici, j’imagine que tu as déjà arpenté la région des Tiroirs Extérieurs.— Oui, m’sieur. J’ai d’abord gravit le Tiroir des Yeux. J’y ai trouvé un miroir fragile et fin mais je suis parvenu à y jeter un regard sans m’y voir…— Ce qui prouve donc que ton intention était de plaire à la Patronne sans pour autant te montrer égocentrique. Celui qui regarde ce miroir pour y voir son reflet n’est intéressé que par sa propre image, sa propre personne. Il se voit refuser l’entrée des Tiroirs suivants. La Patronne a besoin d’attention et cette attention doit demeurer parfaitement désintéressée. Un bon point pour toi, mon gars. Dis-moi, qu’as-tu vu ensuite ?
— Le Tiroir lectrique… Une étape bien délicate, je dois dire. Toucher la Patronne sans risquer d’être électrifié est un véritable challenge. Puis, j’ai compris que, pour vivre dans le cœur de la Patronne, la clef de la réussite était de ne pas craindre le contact. Bien au contraire ! Ne dit-on pas que toucher un être que l’on désire avec toute l’ardeur de son âme peut provoquer un coup de foudre ? Il n’y a donc pas à avoir peur d’une décharge électrique, si violente soit-elle. Elle est indispensable, elle fixe et immortalise l’intensité des sentiments ! Prendre sa main, effleurer sa joue du bout des lèvres a été une expérience unique dont je conserverai la sensation à jamais gravée en moi ! Je suis ressorti de ce Tiroir transformé et plus convaincu que jamais de devoir continuer à avancer. C’est ainsi qu’elle m’a ouvert les portes de votre royaume.— Celui des Tiroirs Intérieurs.— Voilà.— C’est un beau parcours que tu as là, mon garçon. Et je ne te cache pas que ton attitude et ta passion me laissent confiant pour la suite de ton périple. Notre peuple, sache-le, ne s’opposera pas à ta progression dans le Cœur de la Patronne. Néanmoins, n’oublie jamais qu’à la moindre fausse note de ta part, à la moindre blessure causée à notre mère à tous, tous les Tiroirs s’ouvriront sur toi et se déchaineront dans le seul but de te jeter à bas. Tu n’auras alors plus qu’à reprendre ton ascension. »Le Nouveau opina du chef. Il connaissait les épreuves qui l’attendaient, il savait les difficultés… Mais le sourire en bandoulière et l’amour à fleur de peau, il ne demandait pas mieux. Il voulait escalader ces mille tiroirs. Il voulait explorer et se faire aimer des mille facettes composant la magnifique personne qu’ils appelaient la Patronne dans ces contrées. En son for intérieur, il trouvait le mot ‘Patronne’ rugueux et désagréable et lui préférait celui d’âme sœur.Oui, il partait en conquête. Mais la conquête amoureuse est l’affaire de toute une vie. Il le savait… Et c’était précisément ce qui animait les petits rouages amoureux de son cœur fougueux.« Une dernière chose, fit le Coordonnateur avant de l’abandonner à son exercice d’escalade. Une fois là-haut, tout en haut, dans votre Grand Tiroir Supérieur, ne crois pas t'asseoir sur un trône… Tu ne seras qu’un chaînon – certes important, mais un chainon seulement – de notre peuple. Veille à ne pas l’oublier ; tu ne grimpes pas là-haut pour régner. »Il leva un doigt à l’adresse des Tiroirs titanesques afin de faire résonner une dernière fois aux oreilles du Nouveau, la devise de son peuple. De leur peuple.Un seul corps, une seule âme, mille tiroirsUne seule voix, une seule vie, mille espoirs« Va à présent, et conquiers le cœur de ta bien-aimée. »}*◊*{Fin
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