87
pages
Français
Ebooks
2018
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Publié par
Date de parution
03 avril 2018
Nombre de lectures
2
EAN13
9782760638921
Langue
Français
Poids de l'ouvrage
1 Mo
Publié par
Date de parution
03 avril 2018
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2
EAN13
9782760638921
Langue
Français
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Face aux multiples défis que la Cité contemporaine, de plus en plus sans remparts et sans frontières, lance à notre compréhension, la collection «Pluralismes» propose un espace de prise de parole multidimensionnelle et interdisciplinaire. Elle se veut un lieu de redécouverte et de mise en dialogue des conceptions et des pratiques aussi bien modernes que vernaculaires du mot «pluralisme» et de la réalité qu’il recouvre.
Sous la direction de Lomomba Emongo.
Les auteurs tiennent à remercier leurs collègues, les étudiants et le personnel du CEETUM de leur appui et leur collaboration au fil des années.
Mise en page : Véronique Giguère
Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada
L’immigration et l’ethnicité dans le Québec contemporain / sous la direction de Deirdre Meintel, Annick Germain, Danielle Juteau, Victor Piché, Jean Renaud.
(Pluralismes)
Comprend des références bibliographiques.
Publié en formats imprimé(s) et électronique(s).
ISBN 978-2-7606-3890-7
ISBN 978-2-7606-3891-4 (PDF)
ISBN 978-2-7606-3892-1 (EPUB)
1. Ethnicité. 2. Diversité culturelle. 3. Émigration et immigration. 4. Université de Montréal. Centre d’études ethniques des universités montréalaises - Histoire. I. Meintel, Deirdre, 1946-, éditeur intellectuel. II. Germain, Annick, 1948-, éditeur intellectuel. III. Juteau, Danielle, 1942-, éditeur intellectuel. IV. Piché, Victor, 1946-, éditeur intellectuel. V. Renaud, Jean, 1947-, éditeur intellectuel. VI. Collection : Pluralismes (Presses de l’Université de Montréal).
GN495.6.N68 2018 305.8 C2018-940120-6 C2018-940121-4
Dépôt légal : 2 e trimestre 2018
Bibliothèque et Archives nationales du Québec
© Les Presses de l’Université de Montréal, 2018
Les Presses de l’Université de Montréal remercient de leur soutien financier le Conseil des arts du Canada et la Société de développement des entreprises culturelles du Québec (SODEC).
Introduction
Deirdre Meintel
Le 25 e anniversaire du Centre d’études ethniques des universités montréalaises (CEETUM) en 2016 semblait l’occasion de proposer des réflexions sur l’apport du Centre au fil des années. Ce volume réunit les contributions de cinq auteurs 1 , tous reconnus dans leurs domaines respectifs, membres du CEETUM depuis longtemps, et dans le cas de Danielle Juteau, depuis sa création. Dans les chapitres qui suivent, les auteurs soulignent non seulement l’apport théorique des recherches du Centre dans les domaines de l’ethnicité et du pluralisme, mais aussi leur résonance dans les débats publics sur les enjeux qui ont marqué les dernières décennies. Plus qu’un acte commémoratif, ce livre s’avère un bilan rétrospectif des travaux des auteurs ainsi qu’une mise en perspective de la recherche à l’aune de la critique actuelle.
Le chapitre de Danielle Juteau présente les débuts du Centre dans un Québec où la question nationale primait celle de l’ethnicité et ce, en contraste avec le reste du Canada et les États-Unis. À l’origine, les recherches sur les relations interethniques portaient avant tout sur les relations entre Canadiens français et Canadiens anglais. C’est entre le premier référendum (1980) sur la souveraineté et le second en 1995 que les études ethniques ont véritablement pris leur envol au Québec. Créé en 1992, le Centre connut un essor considérable, et ses membres partagèrent leur engouement pour l’étude de l’ethnicité; il s’agit d’une période marquée par des échanges avec l’URMIS (Unité de recherche Migrations et société Paris), le SOLIIS (Centre de recherches sur la socialisation, l’interaction et les identités sociales, Nice) et le CERIEM (Centre d’étude et de recherche sur les relations interethniques et les minorités, Rennes), où nombre des chercheurs – dont Danielle Juteau, Victor Piché, Jean Renaud et moi-même – travaillèrent sur des questions touchant à l’ethnicité, à l’identité ethnique, à la transmission de l’ethnicité ou sur des questions connexes. Dans son chapitre, Juteau retrace l’évolution du paradigme de l’ethnicité et présente sa théorisation de l’ethnicité comme construit social et historique ancré dans les rapports sociaux. Les frontières des groupes ainsi constitués sont à la fois externes – c’est-à-dire construites dans le rapport inégalitaire constitutif du «Nous» et du «Eux» – et internes. Elles renvoient aux relations que le groupe nouvellement formé ou reconfiguré établit avec, entre autres, sa spécificité historique et culturelle, à laquelle peuvent s’ajouter des marqueurs empruntés à l’extérieur des frontières groupales.
Comme le constate Juteau, l’ethnicité est largement évacuée du discours des chercheurs et d’autres intervenants (des milieux de pratique, du gouvernement, etc.) en faveur de concepts tels que la citoyenneté, la laïcité, et plus récemment, la «diversité» ethnique et religieuse. La notion de diversité et ses variantes, comme la «diversité complexe» (Kraus, 2011) ou la «superdiversité», rendent compte de diverses caractéristiques qui s’entrechoquent et s’entrecroisent: ethnicité, genre, orientation sexuelle, religion, langue, statut légal, etc. En Europe, l’apparition de cette «diversité diversifiée» a été plus soudaine qu’en Amérique du Nord et a suscité de nombreuses critiques à l’égard du multiculturalisme, récupérées parfois à des fins idéologiques et, souvent, au nom des «valeurs». Au Canada, le terme «diversité» semble connoter plutôt un effort d’appréhender les questions portant sur le pluralisme religieux qui ont accompagné l’arrivée d’immigrants musulmans. Cependant, on constate la même association, au Canada et au Québec, entre le discours sur les «valeurs», l’anti- multiculturalisme déclaré et les idéologies islamophobes et anti-immigrants.
Un exemple qui illustre bien la pertinence actuelle de l’ethnicité est celui de la catégorie «Arabe», présentée dans le cinquième chapitre, qui continue de se construire aujourd’hui. Il s’agit d’une catégorie ethnicisée et essentialisée définie par une frontière externe; dans les faits, les personnes de langue arabe ont diverses origines ethniques et appartiennent à des religions différentes. Cependant, de jeunes Montréalais musulmans commencent à s’identifier comme «arabes» 2 , ce qui montre la pertinence du concept d’ethnicité pour bien comprendre la réalité sociale actuelle. Bref, la diversité (superdiversité, diversité complexe) ne remplace pas le concept d’ethnicité, ni ceux du multiculturalisme ou de l’assimilation. Comme le soutient Juteau, à l’instar de Kraus (2011), elle ne constitue pas un nouveau paradigme conceptuel. Si le concept d’ethnicité est temporairement éclipsé, conclut l’auteure, il faut espérer qu’il retrouvera sa place au cœur des analyses en sciences sociales.
Dans le chapitre 2, Victor Piché reprend un autre thème qui a été au centre de plusieurs recherches importantes du CEETUM, soit la migration, la situant dans son contexte actuel. L’auteur constate que, d’un côté, la migration internationale est l’objet de débats sociaux et de plus en plus médiatisée. Certains pays ont même voté des lois destinées à la freiner, surtout en Europe. Dès lors, les obstacles et les dangers qui parsèment le chemin des migrants se multiplient. D’un autre côté, les théories de la migration ont de moins en moins d’impact sur les débats, et les réalités actuelles de la migration échappent en grande partie aux paradigmes théoriques dominants. Selon Piché, ceci s’explique par le nationalisme méthodologique qui limite la portée des théories traitant la mondialisation comme un élément externe au phénomène de la migration et par le fait que ces théories n’intègrent pas les rapports de force globaux et régionaux régissant les mouvements migratoires. Une troisième lacune criante est l’absence d’une dimension éthique, tout comme l’intégration des droits fondamentaux dans les politiques migratoires. Malgré un contexte idéologique où les droits des migrants attirent l’attention, les gouvernements continuent à privilégier des politiques restrictives et des mesures de contrôle de plus en plus serrées au nom de la sécurité, les théories demeurant timides sur le plan politique. Le paradigme esquissé par Piché cherche à combler ces lacunes et se trouve «à la croisée de l’économie politique, du cosmopolitisme et des droits des migrants et des migrantes».
Le chapitre 3, rédigé par Victor Piché et Jean Renaud, traite d’importants travaux du CEETUM sur les discriminations à l’égard des immigrants. Les auteurs ont analysé l’insertion socioéconomique de groupes d’immigrants en fonction des origines nationales, en mesurant les inégalités sur le marché du travail, considéré comme un processus de différenciation sociale. Ce faisant, ils proposent une critique de la méthode d’analyse dominante fondée sur une comparaison des populations immigrantes avec les groupes «natifs». Les auteurs reprennent les principaux résultats de leurs recherches sur l’impact de l’origine nationale et revoient leurs résultats à la lumière des réactions qui en ont suivi la publication, par exemple, de la part de ceux qui veulent restreindre l’immigration et y trouvaient des justifications, de ceux qui blâment la culture des immigrants en invoquant leurs problèmes d’insertion économique, et des groupes qui défendent les intérêts des immigrants et s’opposent à l’idée que la discrimination ne soit que «passagère», interprétation que les auteurs contestent. Ils répondent à ces critiques tout en réexaminant la notion de discrimination et en proposant des voies pour l’éliminer. Il faut, selon eux, s’attaquer en priorité aux préjugés à la base de la discrimination indirecte et systémique qui passe par la dévaluation des diplômes et de l’expérience de travail.
Dans le quatrième chapitre, Annick Germain explique comment le CEETUM a su rapprocher deux domaines jusqu’alors séparés, soit l’urbanisme et les études